Fonds de tiroirs


Séisme bouleversant le paysage politique genevois : la section cantonale du Parti bourgeois démocratique s'appellera désormais Parti citoyen démocratique. Vu que traduire le « Bürger » alémanique par le « bourgeois » français, ça associe le parti « à une orientation politique » qui n'est pas la sienne à Genève. Ben dis donc, on savait même pas qu'il en avait une, d'orientation politique...

La semaine commence bien : environ 7700 signatures ont été déposées lundi à Genève en faveur de l'initiative cantonale «23 francs, c'est un minimum!». Le but: un salaire minimum d'un peu plus de 4000 frs par mois. L'initiative a donc largement abouti. En revanche, le MCG n'est pas parvenu. malgré le soutien de l'UDC, à obtenir suffisamment de signatures pour son initiative «Frontaliers: stop!». Environ 5000 paraphes ont été récoltés, alors qu'il en aurait fallu au moins 5500. Gnerk, gnerk, gnerk.

On se souvient que le socialiste (vaudois) Pierre-Yves Maillard et le Vert (vaudois) Daniel Rosselat étaient de fervents soutiens des JO d'hiver 2026 en Valais et, par ailleurs, un peu dans le canton de Vaud (qui prévoyait un petit million de soutien aux épreuves sportives qui se seraient déroulées sur son sol si les Valaisans n'avaient pas renvoyé le projet à ses auteurs). Mais le PS vaudois et les Verts vaudois, eux, étaient nettement plus circonspects que leurs notables. Et eurent donc raison contre eux. Et c'est réjouissant. Parce que c'est pas si souvent que le PS vaudois ose prendre une position différente de celle de Maillard. On s'émancipe, quoi...

On retrouve dans nos archives l'annonce par les partis politiques genevois de leurs budgets de campagne pour les élections cantonales de ce printemps. Neuf partis avaient déposé des listes. Au total, leurs budgets annoncés atteignaient 3,350 millions de francs : 800'000 pour le MCG, 500'000 pour le PLR et « Genève en Marche », 400'000 pour le PDC, 350'000 pour le PS, 320'000 pour l'UDC, 250'000 pour les Verts, 200'000 pour « Ensemble à Gauche » et 30'000 pour la « Liste pour Genève». On exprimera de gros doutes sur la véracité de certaines déclarations, en particulier (mais pas seulement) celle de « Genève en Marche », dont on estime les dépenses de campagne réelles à plus du double de celles qu'il annonçait. On se souviendras qu'il y a cinq ans, tous les partis avaient finalement dépensé plus que ce que leurs budgets avaient prévu (200'000 francs de plus pour le MCG, 130'000 francs de plus pour l'UDC. On constatera surtout que les dépenses de campagne ne préjugent en rien du résultat : Le MCG est le parti qui aura annoncé le plus gros budget, pour finalement perdre la moitié de ses sièges et de ses électeurs. « Genève en Marche » est sans doute le parti qui aura dépensé le plus (au moins deux fois plus qu'annoncé), pour finalement n'obtenir aucun siège. L'UDC a annoncé un budget supérieur à celui des Verts, mais a perdu des sièges quand les Verts en gagnaient... C'est pas le fric qui fait les élections (les votations non plus, d'ailleurs, comme l'on indiqué à Genève la lourde défaite des milieux immobiliers sur le PAV et en Valais celle des partisans des JO) ? Ben c'est une bonne nouvelle, ça...

Le 10 juin, à Genève, à la fin d'un match de quatrième ligue entre le FC Versoix et le FC Kosova, deux joueurs versoisiens ont été blessés dans une bagarre générale après qu'un joueur versoisien ait balancé un coup de boule zidanesque à un Kosovar qui l'avait insulté. L'un des deux blessés a été littéralement lynché par des supporters du club adverse et a perdu connaissance sur le terrain, l'autre a cinq côtes cassées et le poumon perforé. Les lyncheurs étant kosovars, l'incident à déchaîné les commentaires xénophobes sur les réseaux sociaux. Le président du club kosovar soupire n'avoir jamais védu une situation aussi « difficile » et le président de l'Association cantonale genevoise de football avoir « rarement connu un tel degré de violence ». Tout est dans le « rarement ».  Qu'est-ce qu'on disait, déjà ? Ah ouais : le sport, c'est l'école du respect et du vivre ensemble.

Donc, le nouveau Conseil d'Etat genevois a entamé son mandat par une série de changement d'étiquettes : six départements changent de nom en même temps que de titulaires, ou changent de nom même quand leurs titulaires ne changent pas. On ne sait vraiment ce qu'un changement d'étiquette change au contenu du bocal, mais on inventorie : le Département de l'Environnement, des Transports et de l'Agriculture devient le Département du Territoire en faisant passer l'agriculture et l'environnement de Barthassat à Hodgers, Les transports passant de Barthassat à Dal Busco, ils se retrouvent dans un Département des Infrastructures. Les Finances changent de titulaire mais pas de nom, l'Instruction Publique change de nom mais pas de titulaire : elle devient le Département de la Formation et de la Jeunesse, en perdant la culture et le sport qui se retrouvent dans un nouveau département, présidé par Thierry Apothéloz, celui de la Cohésion sociale, qui pique l'action sociale et l'Hospice général à Mauro Poggia. Et y'a plus de département de l'Economie. Ouala. Reste plus qu'à changer les papiers à lettre, les enveloppes,. les cartes de visite, les tampons, les logos et les plaques sur les immeubles. Et ça va coûter un peu plus d'un million. Faudra s'en souvenir quand le Conseil d'Etat proposera de faire des « économies ». Mais bon, elles ne frapperont au moins pas l'Instruction Pubique, vu qu'il n'y en a plus...

Nous l'avons couvée, nourrie, formée et déformée. Nous lui avons instillé goutte à goutte notre sens incomparable de la cohérence -le terreau était favorable. Et puis voilà, aujourd'hui nous voyons avec émotion, nostalgie et fierté le fragile oisillon que recueillîmes il y a huit ans, toute fraiche sortie du nid de la Jeunesse Socialiste, prendre son envol. Ou larguer les amarres. Et comme s'interrogeait le poète américain Richard Brautigan :
« Qu'y a-t-il de plus beau
que l'étrave d'un bateau
abordant un monde nouveau ? »
Et pour où embarque-t-elle, Olga Baranova? Pour Lausanne : elle devient la nouvelle secrétaire générale du Parti Socialiste Vaudois. Ainsi, le Parti socialiste de la Ville de Genève fait don au Parti socialiste vaudois d'une nouvelle secrétaire générale. Ne sommes-nous pas de fervents défenseurs de la coopération au développement ? Et puis, il n'y avait aucune raison que Pierre Maudet soit le seul à profiter de la toute récente mise en service de l'USPSG :  Unité socialiste de production de secrétaire généraux. Production bio, élevage au sol et en plein air.
Et voilà donc Olga nantie de la mission d'amener chez nos camarades vaudois un peu du sens inné chez tout militant et élu genevois, de quelque parti qu'il soit, du dérapage politique contrôlé, du débat à prolongements nocturnes et du désordre créatif.
Le Conseil Municipal, « ce n'est peut-être pas le Conseil national. Ni même le Grand Conseil », dit-elle, après y avoir passé sept ans. Elle a raison : ce Conseil municipal n'est pas le Conseil national, ni même le Grand Conseil. C'est beaucoup plus. C'est, avec des tas de majuscules partout, le Conseil Municipal de la Ville de Genève.  Le parlement de la capitale mondiale du monde mondial. Pas moins. Mais sans Olga, ce sera tout de même un beaucoup plus un peu raboté, un peu amputé. Il va bien falloir qu'on s'y habitue, qu'on s'en fasse une raison, qu'on s'en console. Ou qu'on fasse semblant. De toute façon, on ne voit pas comment on pourrait lui interdire de faire ce qu'elle décidé de faire : Comme disait le  camarade Spinoza, « Ce qu'on ne peut interdire, il faut nécessairement le permettre, malgré le dommage qui en résulte souvent ».

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