La loi genevoise sur la laïcité sera soumise au peuple : Quel débat possible ?



Les référendums contre la loi cantonale genevoise sur la laïcité ont abouti, et largement : lancés par quatre comités distincts, soutenus par les syndicats, la Jeunesse socialiste et les Verts (mais pas par le PS, opposé à la loi mais divisé sur l'opportunité des référendums) ils ont recueilli (au total) plus de 8300 signatures alors qu'il leur en fallait 3000 de moins. On votera donc, probablement en 2019, contre une loi si médiocre, bureaucratique et péremptoire qu'on se permettra de douter qu'elle méritait l'honneur d'être soumise au peuple -les recours annoncés par les Verts et les évangéliques suffisaient, mais ils ne seront pas traités avant la votation, qui portera donc sur une loi dont on ne saura même pas au moment de voter si son contenu ne sera pas partiellement invalidé.  Pour le comité référendaire de gauche, qui défend une laïcité démocratique dans laquelle l’État s’interdit d’intervenir dans les affaires religieuses, c’est la liberté la plus étendue d’opinion, d’expression, d’association, de manifestation, soit les libertés publiques et droits « ordinaires » qui sont à appliquer dans ce domaine, comme dans les autres". Certes. Mais que restera-t-il de ces protestations de principe dans le débat d'avant votation ? "un débat est possible autour de la laïcité", assure Pierre Vanek. Sans doute, mais quel genre de débat ? Le genre de débat pourri où la laïcité est transformée en croisade contre l'islam  et les libertés religieuse à de la complaisance envers l'islamisme ?



Un texte ne méritant, au mieux, que d'être tenu en une souveraine indifférence



Les référendaires contre la loi genevoise sur la laïcité nous annoncent "le combat de la législature". On espère pouvoir en mener d'autres, contre des propositions méritant qu'on les combatte, plutôt qu'un texte ne méritant, au mieux, que d'être tenu en une souveraine indifférence, tant il contient de dispositions inapplicables, contradictoires entre elles, ou absurdes, ou exprimant une conception caporaliste de l'Etat
Quelle "laïcité" peut promouvoir une loi qui permet à l'Etat de "reconnaître" des "communautés religieuses" et pas d'autres ? Qui l'autorise à percevoir les dîmes pour les églises "reconnues" ? qui prétend interdire à une bibliothécaire de se couvrir les cheveux ou à un mécanicien des TPG de porter une croix huguenote visible ? qui répute les membres des parlements municipaux et cantonal "agents de l'Etat" à qui il serait convenant d'interdire de faire part de leurs convictions religieuses, ou de les rendre visibles par un "signe" ?  A quand l'interdiction faite aux députés et aux Conseillers municipaux d'exprimer des convictions politiques ? Tant d'inculture politique navre, tant d'amnésie historique atterre. et le moins que l'on puisse soupirer est bien que la laïcité mérite mieux que le pensum pondu par le Grand Conseil sortant, juste avant de sortir. La laïcité est inscrite dans la Constitution comme un principe fondamental. Et cela suffit. Le reste, la loi, ne fait que parasiter ce principe, et nuire à son respect.

A propos, c'était qui, le type tout en blanc accueilli jeudi à l'aéroport par une tripotée de magistrats et politiciens communaux, cantonaux, fédéraux, dont un président du Conseil d'Etat et un président du Grand Conseil réputés tout deux fort laïcards, l'un étant le promoteur et l'autre le défenseur de la loi cantonale qui sera soumise au vote ? Il arborait bien en sautoir un "signe religieux ostentatoire" sur un espace public, le type tout en blanc. Il était même en lui-même un signe religieux tout ce qu'il y avait d'ostentatoire, le type tout en blanc.

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