Fonds de tiroir


Le 14 juin 2019, la Grève des Femmes portera notamment sur le thème de la violence qui leur est faite, quotidiennement, dans la rue ou à leur domicile, de la part d'inconnus ou de proche. Cinq femmes ont été violemment agressées à coups de pieds, de point et de béquille, sans aucune autre raison perceptible que l'envie de se défouler, par une bande de jeunes connards violents, le 8 août, à cinq heures du matin, à la sortie d'un night-club de la vieille-ville. Une première femme a été agressée par un jeune homme qui la suivait, les quatre autres femmes se sont portées à son secours et ont elles-mêmes été agressées par les acolytes du premier agresseur. Elles ont toutes dû être hospitalisées, deux d'entre elles dans un état grave, l'une restant plusieurs jours dans le coma. Mis en fuite par trois hommes (des Kosovars...), les agresseurs se sont évaporés en bagnole (immatriculée en France) avant l'arrivée de la police. On les recherche maintenant en France. Le lendemain de l'agression, 200 personnes se sont rassemblées sur les lieux pour dénoncer les violences faites aux femmes. Et se poser à elles-mêmes, et entre elles, la question que l'une se posait dans la « Tribune de Genève » : « si j'avais été témoin de l'agression, qu'est-ce que j'aurais fait? Est-ce que j'aurais agi, voyant ce qui est arrivé à celles qui ont tenté de secourir la (première personne agressée) ? » : ces femmes arrivant au secours de l'agressée ont elles-mêmes été tabassées : les connards, ça ose tout.

Parce qu'il avait, comme de nombreux politiciens et de nombreuses politiciennes, dénoncé l'agression de femmes à Genève, le Conseiller national Carlo Sommaruga, socialiste et genevois, s'est pris des tweets rageurs du très réac président du PDC suisse, le Zougois Gerhard Pfister, qui l'a accusé d'hypocrisie, d'antisémitisme (parce qu'il soutient le boycott de l'Etat d'Israël, Pfister confondant l'Etat et le peuple), d'être le « digne successeur du clown politique Jean Ziegler » et de « vénérer les dictateurs et les machos de gauche ». Personne, même au sein du PDC (dont plusieurs élus fédéraux considèrent que la crise de nerf de leur président le discrédite, certains exigeant qu'il présente ses excuses) ne sait quelle mouche a piqué le démo-chrétien pour péter ainsi publiquement un plomb contre Carlo Sommaruga. Personne, pas même Pfister. On était à la mi-août, la chaleur avait du faire fondre son self contrôle. Ou alors, il se faisait chier en vacances, et il s'est un peu égayé tout seul. Ou alors il trouvait qu'on ne parlait pas assez de lui, et il a voulu donner l'occasion qu'on en parle.  Finalement, Pfister a présenté ses excuses à Sommaruga, qui, bon prince, les a acceptées. Une manière de tirer la chaîne, quoi.

« Affaire Maudet » : on a un Conseiller d'Etat franco-suisse, un cheikh d'Abu Dhabi, un entrepreneur libanais, un homme d'affaire libano-genevois et un autre homme d'affaire libano-libanais, des concessions de service au sol d'un aéroport international... Y'a pas à dire  : on est bien la capitale mondiale du monde mondial...

Déçus, déçus, déçus, on est : y'aura pas de session spéciale du Grand Conseil genevois sur l'« affaire Maudet ». On se réjouissait, le PLR qui la demandait (sans aucune arrière pensée, bien sûr) avait obtenu les signatures nécessaires, mais faute de rapport de la commission législative sur la demande de levée de l'immunité de Maudet, il faudra se contenter d'en entendre causer à la session ordinaire du 20 septembre. Nos zélus, c'est rien que des vélléitaires, voilà.

Après avoir viré le rédac'chef de la «Tribune de Genève», coupable de ne pas être aux ordres, Tamedia chante ses louanges (dans la «Tribune» du 30 août), et le président du Conseil d'admini-castration de Tamedia, Pietro Supino, assure, dans le genre éloge funèbre faux-derche : « mes collègues et moi tenons à rendre hommage au travail de Pierre Ruetschi ». On est priés de ne pas rire. Même jaune.

Un médecin généraliste et homéopathe, le Dr Jean-Yves Henry, a expliqué sur son site internet que des remèdes homéopathiques existaient pour agir sur l'homosexualité, ce qui fait d'elle au moins un « symptôme » (mais de quoi ?), voire carrément une maladie (il la définit en tout cas comme un « trouble sexuel »). Des remèdes homéopathiques (ni d'ailleurs allopathiques) n'existant pas contre la connerie, la Fédération pour les médecines complémentaires a dû se résoudre à suspendre le Dr Henry. Le suspendre à quoi, on sait pas. Et même, on veut pas savoir.

Donc, on résume : le Conseil d'Etat a pris trois décisions (enfin, des «décisions», faut le dire vite ) On cite texto son communiqué) :
« 1. Les prérogatives de la présidence du Conseil d'Etat en matière de représentation extérieure du collège, de représentation à l'égard du Grand Conseil, de préparation et de présidence des séances du collège gouvernemental sont provisoirement confiées à la vice-présidence du Conseil d'Etat. Les autres activités du département présidentiel (surveillance des communes, Genève internationale, affaires extérieures et affaires économiques) continueront à être assumées par le titulaire.
2. Toutes les relations institutionnelles entre le pouvoir judiciaire et le département de la sécurité sont assurées par Monsieur le conseiller d'Etat Mauro Poggia, en sa qualité de suppléant du chef du département de la sécurité.
3. L'exercice des responsabilités hiérarchiques du chef du département de la sécurité en tant que supérieur de la cheffe de la police pour ce qui touche à ses responsabilités administratives sur l'IGS sont assurées par Monsieur le conseiller d'Etat Mauro Poggia, en sa qualité de suppléant du chef du département de la sécurité.
Monsieur le conseiller d'Etat Pierre Maudet conserve, par conséquent, la direction du département présidentiel et du département de la sécurité et assume toutes les autres tâches y relatives »
Ouala. Comme dit dans son édito de vendredi l'encore nouveau Redac'chef de la « Julie », Frédéric Julliard, « en laissant l'essentiel du pouvoir à celui qui les menés en bateau pendantr des mois (...), (ses six collègues) ont pris le risque d'affaiblir, par ricochet, leur propre autorité ». Et alors ? ils ont bien le droit de faire du bateau, les collègues de Maudet, non ?

Le Ministère public valaisan a condamné l'ex-Conseiller national et vice-président du PDC Yannick Buttet à 30 jours d'amende (de 220 balles par jour) avec sursis pendant deux ans, pour contrainte et ap--propriation illégitime, après qu'une femme ait porté plainte pour avoir reçu une avalanche de messages du dragueur fou, qui avait conservé le clef du domicile de la plaignante alors qu'elle lui avait demandé de la lui rendre. Buttet avait été interpellé par la police en pleine nuit dans le jardin de cette femme avec qui il avait entre-tenu une « relation extra-conjugale » (c'est pas beau, pour un défenseur de la famille traditionnelle). Dans les semaines suivantes, pas moins de huit conseillères nationales avaient dénon-cé les tripotages du Buttet -qui a fini par démissionner, après une longue polémique, de son mandat fédéral. L'armée lui avait même returé son arme de service et l'avait suspendu de ses fonctions de lieutenant-colonel (ouais, en plus d'être catholique, conservateur et valaisan et PDC, il était aussi lieutenant-colonel). Mais il pourrait les retrouver, ses fonctions : le priapisme, c'est pas une menace pour la sécurité nationale.  Pourquoi on vous raconte ça, nous ? Ben, pour vous changer de l'Affaire Maudet. Au moins, dans l'Affaire Buttet, y'avait du vaudeville. Crapoteux, certes, mais du vaudeville quand même. Et ça manque, dans l'Affaire Maudet, du vaudeville.

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