Brèves de comptoir


Communiqué d'« Ensemble à Gauche », le 5 septembre, sur l'«Affaire Maudet» (dont au passage, incidemment, inocemment même, on se demande toujours si elle passionne autant les genevois que le gros milliers de batraciens -dont. modestement, nous sommes- qui batifolent dans le marigot politique, sauf à les convaincre que ces batraciens se valent tous...) : «Ensemble à Gauche, conscient que Pierre Maudet s’accrochera coûte que coûte à son poste, appelle le PLR, principal responsable de cette crise, à demander formellement à son magistrat de démissionner ». La gauche de la gauche est mignonne, en quémandeuse de sanctions auprès de la droite...

Selon un sondage, l'initiative populaire sur les « vaches à cornes », qui propose de priver de subventions les éleveurs coupant les cornes de leurs vaches, serait acceptée par le peuple, en novembre prochain. Le sondage donne 53 % de « oui » et 39% de « non », avec un soutien plus prononcé chez les électeurs de plus de 65 ans, chez ceux des Verts, du PS et de l'UDC. Les vaches pourront donc, si tout va bien, garder leurs cornes. Beautés de la démocratie (semi)directe et du prononcement du peuple sur des enjeux fondamen-taux. Un seul mot de conclusion s'impose, de toute évidence (on aurait d'ailleurs bien voulu pouvoir le donner comme réponse à la question posée, mais on votera «oui» quand même) : Meuh !

Retenez cette date : le dimanche 10 février 2019. C'est la date de trois votations cantonales genevoises sur:
    l'initiative populaire 160 «Pour le remboursement des soins dentaires»; (on dit OUI)
    l'initiative populaire 165 «Pour une caisse d'assurance maladie et accidents genevoise publique à but social»; (on dit OUI)
    la loi sur la laïcité de l'Etat (LLE) (11764), du 26 avril 2018 (on vote BLANC ou NUL)
Au menu, on a encore la votation fédérale sur l'initiative populaire du 21 octobre 2016 «Stopper le mitage – pour un développement durable du milieu bâti (initiative contre le mitage)». Et on dit NON.
Cela dit, vous votez ce que vous voulez...

Mardi et mercredi, les maçon faisaient grève et manif, à l'appui de leurs revendications. Et les patrons du secteur étaient furax : les syndicats «sont dans une stratégie de lutte incessante», geint le président de la Société genevoise de la Société suisse des entrepreneurs... Ben oui, coco, c'est ça, le syndicalisme ouvrier. Rien de tel qu'une bonne démonstration de ter-rain pour l'alphabétisation des élites patronales. Pour qui, la mobilisation des travailleurs de la construction n'est que « des gesticulations inutiles, déloyales, choquantes, une violation crasse de la paix du travail ». Dont on sait qu'elle n'est légitime que lorsqu'elle est utile au seul patronat. Celui de la construction met en avant les « bonnes conditions salariales et sociales » du secteur local. Avec notamment un salaire minimum de 5633 francs par mois. Ils gagnent combien par mois les patrons des patrons de la construction genevoise, pour trouver que 5633 francs par mois pour bosser sur un chantier, c'est pas loin d'être paradisiaque ?

Chirac, naguère, soupirait : « les em-merdements, ça vole en escadrille». Maudet doit partager ce soupir : non seulement il a ramené d'Abu Dhabi une belle collections de casseroles qui tintinnabulent depuis des semaines, mais il va probablement voir revenir à son poste l'ancien numéro de la police, Christian Cudré-Mauroux, ex-chef des opérations à qui Maudet (et la cheffe de la police) avaient tenté de faire porter le chapeau des débordements d'une manif en 2015, qu'ils avaient sanctionné et dégradé, mais qui a été réhabilité par la justice et dont la Chambre administrative demande aujourd' hui la réintégration dans son poste de chef des opérations. Y'a des années comme ça où même Maudet doit se dire qu'il aurait mieux fait de rester au lit.

On a beau avoir fait de (brillantes) études en science politique, et donc avoir suivi des cours de sociologie, et avoir mené un séminaire de sociologie politique, on l'avoue : on ne sait pas ce que c'est que la « classe moyenne », dont presque tous les politiciens de ce pays et des pays circonvoisins se posent en défenseurs. La seule chose qu'on sait de la « classe moyenne », c'est qu'elle est formée de gens qui ne sont ni pauvres, ni riches. Mais que ce n'est pas une classe, parce que les gens qui la composent sont dans des situations profondément différentes. Heureu-sement, la « Tribune (encore) de Genève » est venue à notre secours, le 14 mai dernier : elle nous dit que la classe moyenne se compose des mé-nages dont le revenu se situe entre 70% et 150 % du revenu médian. Et donc, en gros, des ménages dont le revenu (brut) se situe entre 5000 et et 10'000 francs par mois. Ouf, on est en dessous de ce magma, où, toujours selon la « Julie", s'agglutine 60 % de la population suisse (les 40 % restant se répartissant entre 18,5 % de « riches » et 21,5 % de « pauvres »). On a toujours cultivé notre posture de minoritaire. On est bien content de le rester à l'égard de la «classe moyenne». Même si on n'en a rien à cirer, de la «classe moyenne» elle-même.

Lire, c'est subversif. Et une librairie (surtout une librairie de gauche, et surtout si elle consacre une vitrine aux publications antifascistes), c'est donc un lieu de subversion. La Librairie du Boulevard, à Genève, a subi les conséquences de ce raisonnement : sa vitrine a été brisée par une bouche d’égout (au moins le choix de l'arme est-il cohérent du niveau de ses auteurs) et taguée. « Chef, c'est plein de livres dans la vitrine ! » « Ben pète moi cette vitrine ! ». N'empêche : un livre, ça sera toujours plus fort qu'une bouche d'égoût balancée par des crétins analphabètes

Les images de Jean-Luc Mélenchon invectivant les policiers perqui-sitionnant son domicile et celui de son parti sont passées en boucle la semaine dernière. On y voit et entend Méluche huler : « La République, c'est moi ! Ma personne est sacrée ! ».  Comme celle du Roi. On l'a connu républicain, Méluche, et le voila qui se prend pour Louis XIV (« L'Etat, c'est moi ! ») ou le Bonaparte d'après le 18 Brumaire. Il fatigue, quoi. Et commence aussi à nous fatiguer.

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