Fonds de tiroir


Tremblement de terre dans la gauche genevoise : le Parti du Travail triple le nombre de ses sièges au Conseil Municipal de la Ville, où, du même coup, SolidaritéS perd les deux tiers des siens : quatre élus de SolidaritéS, dénonçant le refus de leur mouvement de tirer réellement les conséquences du conflit dont la Conseillère municipale Maria Pérez, par ailleurs secrétaire du mouvement, a été victime, dénonçant également leur « mise au ban » de SolidaritéS (qui répond qu'ils se sont exclus eux-mêmes...) après leur dénon-ciation des atteintes à la personnalité de Maria, des atermoiements de la «coordination» (la direction, quoi...) de SolidaritéS  et du sexisme régnant en son secrétariat, sont passés au Parti du Travail. Il ne reste donc plus que deux élus de SolidaritéS au sein du groupe d'«Ensemble à Gauche» au Conseil Muni-cipal (mais à SolidaritéS on se dit «soulagés» du départ de ses quatre élus), et le Parti du Travail se retrouve avec six élus, ce qui ne lui était plus arrivé depuis un quart de siècle. Quand on vous dit et qu'on vous écrit que la gauche est en reconstruction, faut nous croire... Bon, on en voit qui ricanent, au fond à gauche. Mais ce dont ils ne devraient pas ricaner, mais plutôt s'indigner, c'est du refus du syndicat dont Maria Perez est membre, le SIT, de la défendre, avec comme argu-ment que prendre cette défense aurait mis le syndicat « dans une situation im-possible » dans ses relations avec un «partenaire politique»... faut relire la Charte d'Amiens, camarades, qui posait comme principe l'indépendance du syndicat à l'égard des partis politiques. Et se souvenir aussi que l'une des raisons qui ont poussé à la création du SIT, à partir des syndicats chrétiens genevois, était la trop grande proximité de ces syndicats avec le PDC. Un peu de mémoire ne nuit quand même pas à la cohérence.

Donc, y'a pas que Pierre Maudet qui est allé se promener à Abu Dhabi : Guillaume Barazzone aussi. Le Conseiller administratif de Genève et Conseilleer national (PDC) l'a annoncé la semaine dernière au Conseil Municipal. : il s'est rendu à Abu Dhabi, tous frais payés par un ami, pour un séjour privé. Quant au président du Conseil Municipal de la Ville de Genève, Eric Bertinat, il va encore plus loin, mais pas pour un séjour privé, lui :  il a informé qu'il avait été invité en Chine par le vice-maire et le vice-gouverneur de Hangzhou, mais en remplacement d'un ou d'une Conseiller- d'Etat : nos ministres se sont toutes et tous déclaré indisponible pour aller en Chine. Même via Abu Dhabi. Et Bertinat de préciser : « renseignements pris auprès du service du protocole ainsi que du Service cantonal de surveillance des communes, rien ne m’empêche de répondre favorablement à cette invitation ». La prudence règne. On se demande à quoi c'est dû. En plus de la prudence, la transparence règne: on avoue ses voyages passés, et on annonce ses voyages futurs. Donc, on avoue : en 1982, on a été invité, avec d'autres, à un voyage à Bagdad. Au prétexte d'une conférence bidon de solidarité avec la Palestine. Et notre voyage et notre séjour ont été payé par le gouvernement irakien, celui du parti Baas, celui de Saddam. A part se farcir une palanquée de discours en pure langue de bois (on ne se souvient que de celui, lyrique et enflammé, de Yasser Arafat), on a surtout fait du tourisme. Et dragué sans succès une belle déléguée yougoslave (on s'est pris un râteau). Et on a reçu un petit cadeau : un moche attaché-case en simili cuir, avec dedans une horloge électrique décorée du portrait de Saddam et 250 dinars irakiens. On s'est débarrassé de l'attaché-case et de l'horloge et on a gardé les 250 dinars. Ouala. On a fait nos aveux. Et on promet qu'on n'ira jamais à Abu Dhabi. C'est bon, on est dans les clous, là ?

Il fut un temps où Genève fut comme une sorte de « capitale européenne du sqat », avec 160 lieux occupés, dont nombre furent non seulement des lieux de logement, mais aussi de socialisation et de création : des bars, des théâtres, des salles de concert, des ateliers, des espaces d'exposition et de débat... une vaste ouverture de lieux sociaux et culturels alternatifs, parallèlement aux lieux institutionnels ou institutionnalisés (dont quelques-uns d'ailleurs étaient issus de milieux et de mouvements non-institutionnels). Le Goulet, Artamis, le Garage, Rhino et les autres ont élargi l'espace de la création, de la représentation, enrichi la culture, renouvelé le paysage culturel genevois. Qui a beaucoup perdu à leur disparition. Dans un papier au « Courrier » (du 24 septembre), Victor Santos Rodriguez, de l'association « Jet d'Encre », pose la question : « Souhaitons-nous promouvoir un modèle de ville où l'agencement de l'espace est ouvert et inclusif, ou déciderons-nous de vivre sous l'empire du tout privatisé et sécuritaire »... on se pose la même question à propos du cinéma « Le Plaza » -et on la pose à Antonio Hodgers...

Neuchâtel connaît un salaire minimum -approuvé, sur le principe, en votation populaire, et fixé pour 2019, à 20,02 francs de l'heure. Il concerne 2700 personnes, principalement des femmes, mais les employeurs invoquent des difficultés à le respecter, et l'Etat ne prévoit d'ailleurs pas de sanction en cas d'irrespect de la loi : on invoque ainsi la difficulté des petits établissements à payer un salaire de 20 francs de l'heure pour une semaine de travail légale de 43 heures et les sociétés de taxis considèrent que 20 francs de l'heure représentent un salaire mensuel excessif dans un secteur où la semaine de travail standard est de 53 heures, et demandent de pouvoir payer ce salaire sur la base de 43 heures par semaine tout en faisant travailler leurs chauffeurs 53 heures. Dans la viticulture et l'horticulture, le salaire minimum légal a par ailleurs été fixé à seulement 17 francs de l'heure... Vingt francs de l'heure, un salaire excessif ? Faites le calcul vous-même pour un plein temps de 43 heures hebdomadaires, et mesurez le caractère « excessif» du salaire obtenu, dans un pays où les salaires moyens et médians mensuels dépassent les 6000 francs...

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