Brèves de comptoir


Dans sa campagne en faveur de sa propre initiative pour l'«autodétermination» (dite « contre les juges étrangers »), l'UDC a tenté de débaucher l'ancienne présidente socialiste de la Confédération, Micheline Calmy-Rey, en produi-sant dans un « tous-ménages » cette citation d'elle, sans évidemment préciser qu'elle concernait un autre sujet que celui soumis au vote (on est dans la « fake news »...) : « Si la Suisse reprenait les conditions de travail et de salaire de l'UE par le biais d'un accord-cadre, ce serait dangereux pour la protection de nos salariés. Le droit suisse protège mieux que le droit européen. Je suis absolument opposée à ce que le droit européen règle toutes les relations entre la Suisse et l'UE ». Il devrait être inutile de préciser que la question de l'« accord-cadre » négocié entre la Suisse et l'UE est toute autre que celle posée par l'initiative udéciste, et qui se résume à ceci : voulez-vous abandonner la protection qu'accorde aux Suisses le droit international ? Mais bon, des fois, ce qu'on espère être inutile se révèle indispensable -faut bien répondre à la plus crasse des mauvaises fois...

L'« affaire » des indemnités et des frais remboursés des Conseillers admi-nistratifs a ses petits côtés comiques : tel le pèlerinage de six députés socialistes à la rédaction de la «Tribune de Genève» pour y exhaler des états d'âmes que nul ne semblait avoir besoin d'entendre, mais que eux semblaient mus par un besoin pres-sant de transmettre, avec leur crainte que les « dégâts sur l'image des politiques (soient) énormes ». Comme si ce qui était en cause était « l'image des politiques » et pas leurs actes... A la prochaine alerte, nos députés consternés prendront le chemin de GHI, vêtus de bure, un cierge à la main et la tête couverte de cendres ?

L'éditeur de Tamedia, Pietro Supino, par ailleurs président de l'Association d'éditeurs « Schweizer Medien », s'est offert le 9 septembre une page entière dans « Le Matin Dimanche », dont il est l'éditeur (on n'est jamais si bien servi que par soi même). Titre de la page : « Plaidoyer pour une presse libre ». Il est orfèvre en la matière, l'éditeur de Tamedia : Supino plaidant pour une « presse libre », c'est un peu Salvini plaidant pour la libre circulation des personnes ou Trump pour la protection de l'environnement. Mais il a raison, Supino : Y'a-t-il plus libre dans la presse suisse que « Le Matin » ?  C'est vrai :  quoi de plus libre qu'un mort ?

Il a fait feu de tous bois, Trump, pour ne pas perdre les élections législatives de « mi-mandat » : délires sur les migrants, promesses de baisses d'im-pôts, projet d'abolir le «droit du sol»... Résultat : les Démocrates ont retrouvé une majorité à la Chambre des Représentants et pourront donc blo-quer les projets de réforme de Trump. Qui a assuré avoir remporté une «grande victoire». On lui en souhaite encore beaucoup comme celle-là...

Deux Amérindiennes ont été élues mardi au Congrès (le parlement) des USA -en l'occurrence, à la Chambre des Représentants). C'est la première fois de l'histoire des Etats-Unis que de vrais Américains, comme dirait Trump -de vraies Américaines, en fait- pourront faire les lois américaines. Faut laisser du temps au temps, paraît. 250 ans, en gros...

Selon un recensement effectué grâce à un logiciel testé par la Confédération et les cantons, en six mois (avril à septembre) de cette année, un match de foot sur trois a été accompagné ou suivi de heurts, entre joueurs, entre joueurs et arbitres, entre supporters, entre supporters et joueurs, entre supporters et arbitres... Dans 18 % de ces cas de heurts, des infractions graves ont été commises. Dans le hockey, le risque de heurts est trois fois moins grand (un match sur dix). Pour la pétanque, on n'a pas les chiffres. Mais ça nous empêche pas de beugler « vive le sport ». On a l'esprit mal tourné, faut dire...

Ce qu'il y a de bien à Genève, c'est (entre autres spécialités locales) une sorte de permanence, ou plutôt de résurgences. En 1966-1967, la Ville s'agita autour des frais remboursés à ses Conseillers administratifs. Cette «affaire des indemnités», provoquée par une tentative de l'Exécutif d'augmenter de 25 % le traitement de ses membres, et attisée par l'extrême-droite et l'extrême-gauche, avait abouti à une enquête du Conseil d'Etat révélant notamment que la caisse municipale avait pris en charge des factures de téléphone privé (Barazzone n'était même pas encore né...)... aux élections suivantes, des cinq membres de l'Exécutif, seul le socialiste Claude Ketterer sera réélu (les autres ne s'étant, prudemment, pas représentés). Pourquoi on vous raconte ça ? On sait pas. Une sorte d'inspiration inexplicable...

Bonne nouvelle : le référendum lancé par les syndicats et la gauche politique contre la loi imposée dans la précipitation par la droite, autorisant, sans respecter la condition pourtant votée par le peuple d'une convention collective de travail, l'ouverture des magasins trois dimanches de fin d'année, a abouti avec 7800 signatures (2500 de plus que requis). Son aboutissement suspend dont l'application de la loi jusqu'à la date du vote (peut-être en mai 2019) -et on espère bien que ce vote renverra la loi dans les poubelles de l'histoire locale. Les fêtes de fin d'année 2018 ne verront donc pas le personnel de la vente trimer trois dimanches. Y'a des limites, quand même, qu'il faut rappeler : le référendum vient de le faire, reste au peuple à le confirmer. On a bon espoir.

La polémique (plus que le débat) sur les frais professionnels des membres de l'exécutif municipal genevois faisant rage, on  ne boudera pas notre plaisir de constater que tout le petit monde politique genevois réclame désormais la transparence du financement des activités politiques. Même la droite ? même. On ne doute donc pas qu'elle soutiendra l'initiative populaire pour « plus de transparence dans la vie politique« », que le Conseil fédéral rejette totalement... Comment ça, on rêve ? Meuh non, on s'abstient seulement de douter de la cohérence des élus de droite.

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