Fonds de tiroir


Bon, ben en v'la un autre qui aurait confondu ses cartes de crédit et ses dépenses personnelles avec ses frais professionnels de magistrat : c'est Lulu Barthassat. Radio Lac a annoncé avoir été informée que Barthassat aurait payé avec sa carte de crédit de l'Etat une révision de sa moto, des notes de restaurant et un week-end pour deux à Berlin. Et aurait tout remboursé. Guillaume Barazzone doit se sentir moins seul.

Le Conseiller d'Etat PLR Mark Muller, convaincu d'avoir menti à propos d'une affaire de bagarre à la sortie d'un dancing, n'avait mis que quelques jours pour en tirer les conséquences, et avait démissionné. Pour être remplacé, dans une élection partielle, par Pierre Maudet, qui s'accroche à son poste. Géraldine Savary, convaincue d'avoir, pour sa réélection au  Conseil des Etats, reçu un soutien financier d'un mil-liardaire russe, a renoncé à se porter à nouveau candidate, alors même qu'elle ne fait l'objet d'aucune enquête. Contrairement à Maudet. Qui du coup, ressemble de plus en plus à François Fillon. On fait pas de la morale mais de la mémoire. C'est utile la mémoire. Bon, d'accord, l'amnésie aussi.

La journaliste de radio Laetitia Guinand enquêtait pour la Radiotélé romande (RTS) sur le voyage de Pierre Maudet à Abu Dhabi. Elle n'a plus rien diffusé depuis le 18 septembre, et est en arrêt maladie. On soupçonne fortement qu'elle ait fait l'objet de pressions pour ne pas aller plus loin dans son enquête. Des pressions de qui ? Un membre du comité régional de la RTS, Eric Benjamin, est en tout cas directement intervenu auprès du directeur de la RTS pour se plaindre des informations sur l'« affaire Maudet ». La RTS a également fait l'objet de pressions de Pierre Maudet, de ses proches et de l'Aéroport de Genève. Et la secrétaire du Syndicat suisse des mass media (SSM) observe que la journaliste ne s'est pas sentit protégée par sa hiérarchie. Qui affirme au contraire l'avoir soutenue. Et nie bloquer des sujets traités par elle. Ouala. C'était notre rubrique : l'indépendance des media et la transparence de l'information, c'est à géométrie variable. Très variable. Et pas toujours euclidienne.

Alors comme ça, Barazzone aurait organisé à Abu Dhabi une rencontre entre l'ambassadrice de Suisse et le patron (Diego Aponte) d'une multinationale du transport maritime (MSC) installée à Genève. Il aurait mieux fait d'organiser à Genève une rencontre entre Aponte et l'ambasseur des Emirats, mais il affirme avoir rencontré Aponte par hasard à Abu Dhabi. Ouais, le monde est petit, quoi, on est conseiller administratif genevois, on va pour son plaisir aux Emirats, on croise par hasard un patron genevois, on le présente à l'ambassadrice. Rien que de la «courtoisie», explique le vice-président du PDC de la Ville de Genève... De la « courtoisie » à la Cour d'Abu Dhabi. Barazzone, c'est un vrai troubadour...

Faut pas dire top de mal de nos ébats d'hier et d'avant-hier au Conseil Municipal sur les notes de frais des membres du Conseil Administratif de la capitale mon-diale du monde mondial.. Bon, ils n'ont accouché que d'une souris arthritique, mais ils ont tout de même été marqués par une una-nimité, feinte ou de façade, pour saluer le travail de la Cour des Comptes. On se souvient, sans nostalgie aucune, de la négation du travail qu'elle avait fait en auditant la part municipale du processus de naturalisation : on avait alors entendu, en commission du règle-ment et même en plénière, des dénégation de la compétences de la cour des comptes et de ses magistrats. A revenir sur ces manifestations d'aigreur, son rapport aura été utile...

Il est de plus en plus populaire, Pierre Maudet, jusque dans ses propres troupes (on parle de la police) : réunis en Assemblée générale extraordinaire, les inspecteurs de la police judiciaire ont, à l'unanimité des 101 présents (sur 280 inspecteurs), voté une motion de défiance à l'égard du Conseiller d'Etat, et exprimé ainsi la « rupture irréversible du lien de confiance » à son égard. Ce qui a indigné les présidents du PLR et du PDC. Qui ont rompu leur lien de confiance avec les policiers ? Ce serait pas prudent, en ce moment.

Bon, c'est entendu, les membres du Conseil Administratif de Genève sont de gros privilégiés. Et ceux du Conseil municipal d'humbles militants. On ne risque donc rien à commencer à lister les humbles aumônes que nous recevons (à moins que nous les refusions) en tant que conseillères et conseillers municipaux, et dont nul ne s'autorisera à douter que nous les utilisons intégralement pour couvrir les dépenses liées à notre activité, parce que sinon, on les confondrait avec nos dépenses privées et que c'est pas beau. Non, c'est pas beau. Donc, nous recevons (liste non exhaustive) :
- des jetons de présence (121 francs par séance de caucus, 143 francs par séance plénière du Conseil Municipal, 110 francs par heure de séance de commission, tout cela avec des suppléments possibles). Une partie de ces jetons (la moitié pour les socialistes) reviennent au parti, le reste revient à l'élu-e. Il va de soi qu'il ou elle ne l'utilise que pour se rembourser des frais liés à son mandat, et jamais pour couvrir une autre dépense.
- un forfait pour repas (44 francs par repas, même si on ne prend pas de repas...), si on ne mange pas gratuitement à la cafeteria de l'OMM. Il va de soi qu'on ne mangerait pas si on n'avait pas de séances municipales.
- la prise en charge de nos connexions internet. Il va de soi qu'on les utilise uniquement pour notre travail de conseillères et conseillers municipaux, et jamais pour un usage privé ou récréatif. D'ailleurs, il va aussi de soi que si nous n'étions pas conseillères et conseillers municipaux, on n'aurait pas de connexion internet.
- la fourniture gratuite des cartouches d'impression de nos imprimantes (prêtées par la Ville, comme nos ordinateurs portables). Il va de soi qu'avec, on imprime uniquement des documents liés à notre fonction de conseillères et conseillers municipaux, jamais des documents privés ou récréatifs. Vous nous prenez pour qui ?
- les abonnements TPG. Il va de soi qu'on ne les utilise que pour des trajets liés à notre activité de conseillères et conseillers municipaux.
- des (bonnes) places gratuites pour les représentations au Grand Théâtre et les concerts au Victoria Hall.
Mais on insiste (lourdement) : tout ça, on y a droit. C'est pas des privilèges, c'est un dû. Une juste récompense de notre travail harassant. Une légitime reconnaissance de notre haute fonction. Parce que comme dirait Méluche nous sommes la Commune et notre personne est sacrée. Et nos sous aussi. Non mais...

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