Fonds de tiroir


L'Asloca et la gauche avaient lancé et fait aboutir une initiative populaire en faveur de la construction de logements coopé-ratifs et de logements bon marché . L'initiative demandait que 8% des logements à construire en zone de développement soient locatifs, et que la moitié de ces logements locatifs soient réalisés par des acteurs sans but lucratif, comme des coopératives. Le Tribunal fédéral, à la grande satisfaction des milieux immobiliers, a annulé l'initiative, au prétexte qu'elle portait trop atteinte au droit de propriété. A bas les juges étrangers, merde !

Le PS a déposé jeudiau Grand Conseil un projet de loi déclarant le maintien de la salle de cinéma Le Plaza « d'utilité publique », et a demandé, vu les menaces de démolition pesant sur cette salle, le vote immédiat (« sur le siège », sans renvoi en commission) de ce projet. Le Sautier du Grand Conseil (une sorte de Chancelier du parlement, quoi) a prétendu que ce projet de loi contrevenait à la prétention du Conseil d'Etat d'être le seul à pouvoir déposer un texte déclarant l'utilité publique d'un objet tel que le Plaza.  C'est la même argumentation que celle utilisée  pour l'invalidation de l'initiative : seul le Conseil d'Etat peut déposer un projet de loi déclarant l'utilité publique. Autrement dit, une négation de la capacité législative du Grand Conseil et des citoyens. C'est ce sur quoi un recours à  été déposé contre l'invalidation de l'initiative auprès de la Chambre constitutionnelle de la Cour de Justice. La capacité de déposer un projet de loi est, à Genève, accordée aux députés eux-mêmes par la constitution, et le Conseil d'Etat ne peut donc se la réserver... Surtout dans l'état où il est. N'empêche, le débat (si débat il y a) va être intéressant : les députés genevois, même ceux de droite, vont-ils renoncer à ce qui fait d'eux des législateurs au plein sens du terme, c'est-à-dire leur capacité de déposer des projets de loi ? C'est une genevoiserie, sans doute, mais celle-là mérite d'être défendue. Comme le Plaza. Mais peut-être que le PS aurait dû déposer un projet de loi déclarant d'utilité publique le maintien de Pierre Maudet et son classement au patrimoine, et faire une proposition de rachat par la cagnotte du Cercle Fazy-Favon...

Le PLR a désigné ses candidates et can-didats aux élections fédérales de l'année prochaine. Et on s'y était bien préparé, au sein du PLR. Des courriels confi-dentiels lancés par l'association du PLR Arve et Lac appelaient à désigner des candidates et candidats issus de l'ancien parti libéral (Christian Lüscher, Benoît Genecand, Simone de Montmollin, Sophie Dubuis, Cyril Aellen, Alexandre de Senarclens) au détriment de candi-dates et candidats issus de l'ancien parti radical (Murat Alder, Rolin Wavre, Pierre Conne, Frédéric Luyet). Résultat: Alexandre de Senarclens, pré-sident du parti pour lequel les libéraux étaient appelés à voter, est resté sur le carreau. Mais pas Cyril Aellen, ancien président libéral. Ni Murat Alder, ancien président radical. En revanche, les radicaux Pierre Conne et Rolin Wavre ont été écartés, comme le libéral de Senarclens. C'est ce qu'on appelle des tirs croisés. Avec des victimes dans les deux camps. Comment ça, « dans les deux camps » ? Il y aurait deux camps au PLR ? Sans blague ? Seulement deux ?

Pour tenter de faire passer son initiative contre la primauté du droit international, l'UDC fait flèche de tout bois, gros mensonge compris : outre la confusion soigneusement entretenue entre le droit international issu par exemple du Conseil de l'Europe (la Convention européenne des droits de l'homme), qui concerne la Suisse, et celui issu de l'Union Européenne, qui ne s'applique qu'à ses membres (dont la Suisse n'est pas), on a par exemple le Conseiller national Yves Nydegger qui affirme un peu partout qu'«aucun Etat au monde ne place les traités qu'il signe au-dessus de sa propre Constitution». C'est un gros mensonge :  tous les Etats ayant (comme la Suisse) signé et ratifié la Convention de Vienne sur le droit des traités sont convenus du contraire : qu'aucune disposition de leur Consti-tution ne pouvait être invoquée contre un traité qu'ils ont signé et ratifié. Nydegger le sait parfaitement. Ceux à qui il s'adresse, non. C'est comme ça que l'UDC peut gagner des votations : en disant n'importe quoi. Et en comptant sur la répétition d'un mensonge pour le transformer en vérité révélée. On saura dimanche si ça fonctionne toujours.

La Ville de Genève, épinglée par la Cour des Comptes pour les notes de frais de ses magistrats, particuliè-rement les factures de téléphone de Guillaume Barazzone, a rendu publi-ques les négociations menées avec Swisscom pour obtenir des abonne-ments collectifs répondant aux besoins sans coûter les yeux de la tête. Et c'est un vrai feuilleton. Un tantinet répétitif. Mais sans sexe ni violence. On peut pas tout avoir. Donc, les négociations se sont d'abord tenues dans le cadre de la Conférence suisse sur l'informatique, qui négocie avec les opérateurs des conditions-cadre pour toutes les collectivités publiques, communes comprises. En automne 2015, Swisscom introduit des abonnements illimités pour les collectivités. Genève disposait alors d'abonnements à forfait, peu coûteux (7,19 francs) mais basés sur la téléphonie et ne comprenant que 500 Mo de données internet (1200 collaborateurs de la Ville ne disposent toujours que de cet abonnement). En janvier 2016, Swisscom propose un forfait à 26 francs par mois, illimité, mais en Suisse seulement. Pour l'étranger (Abu Dhabi, par exemple), il faut y ajouter le roaming. Et le coût total augmente de 106'000 francs. La Ville trouve que c'est trop cher, et garde son vieux système. En mars 2017, nouvelle proposition de Swisscom : un abonnement illimité pour la Suisse, à 22 francs par mois (roaming non compris). Le surcoût pour la Ville n'est plus que de 36'000 francs. Le contrat est signé pour une migration vers le nouvel abonne-ment en octobre, mais il ne couvre pas tous les objets connectés et ne comp-rend pas l'option, indispensable aux pompiers et policiers municipaux, d'appels prioritaires en cas de surcharge du réseau. Finalement, la migration se fait en juillet dernier, avec l'abonnement à 22 francs pour 234 collaborateurs, un abonnement à 99 francs (illimité en Suisse et en Europe) pour les magistrats et les plus hauts cadres. Finalement, le télégraphe de Chiappe et les pigeons voyageurs, ça avait du bon.

Magdalena Martullo-Blocher s'alarme : si l'initiative de l'UDC échoue dimanche, « la démocratie directe se meurt ». Et une semaine avant, son père prédisait : « Si nous échouons, nous nous ferons dicter nos taux d'imposition, nous ne pourrons plus expulser des criminels étrangers, nous devrons accepter que des ressortissants européens votent et élisent en Suisse, qu'on construise des minarets, tripler la TVA, tolérer l'arrivée en masse de migrants du monde entier ». Ouais. Et les plaies d'Egypte passeront la Méditerranée et s’abattront sur la Suisse. Et le soleil ne reviendra pas.

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