Ouverture des magasins genevois le dimanche, sans convention collective ? Décidément, c'est NON


En novembre 2016, les Genevois et voises ont accepté (en vote populaire) l'ouverture des magasins trois dimanches par année à condition que le personnel soit protégé par une convention collective de travail. La droite du Grand Conseil a décidé d'ignorer cette condition et de faire passer un projet de loi autorisant l'ouverture dominicale alors même qu'il n'y plus de convention collective du commerce de détail genevois depuis juillet 2017. En septembre de l'année dernière, les associations patronales du secteur en ont bien signé une, mais bidon, en contournant les deux syndicats représentatifs des travailleuses et travailleurs du secteur genevois, Unia et le SIT et en signant avec la seule Société suisse des Employés de commerce (même pas sa section genevoise mais la faîtière suisse), qui ne pèse pas grand chose à Genève (et a d'ailleurs été exclue de la Communauté genevoise d'action syndicale). On est donc dans un vide conventionnel. Or sans convention collective, les employé-e-s sont bien moins protégés. La loi imposée par la droite devrait être soumise au vote populaire. Et on lui dira NON. Parce qu'elle ne mérite rien d'autre.


Des centres commerciaux ouverts le dimanche. Ouverts, mais vides.

Outre le projet de loi PLR, adopté par le Grand Conseil pour l'ouverture des commerces genevois trois dimanches par an, on aura à faire à un projet de loi déposé par l'UDC et qui autoriserait les commerces genevois à ouvrir jusqu'à 20 heures du lundi au samedi (la "nocturne" du jeudi serait abandonnée puisque rendue inutile), et même un soir jusqu'à 22 heures entre le 10 décembre et le 3 janvier. Or Les difficultés des commerces genevois ne viennent pas en premier lieu des horaires d'ouvertures mais de l'essor du commerce en ligne et des prix plus bas de l'autre côté de la frontière; les distributeurs suisses empochent en effet une marge bien plus élevée que les distributeurs européens.

Les consommateurs suisses ont dépensé dix milliards de francs à l'étranger depuis 2016. A cause d'horaires d'ouverture trop restrictifs ? Bien sûr que non : parce que ça leur coûte moins cher. Une ou deux heures, un ou deux dimanches, d'ouverture supplémentaire n'y changera rien. Sauf à favoriser encore les grandes surfaces au détriment des petits commerces, qui, s'ils décident d'ouvrir plus tard, verront leurs coûts d'exploitation augmenter plus vite que leur chiffre d'affaire. Une situation qu'ils ne sont pas en état d'assumer longtemps, contrairement aux grandes surfaces -lesquelles ont d'ailleurs aussi à faire face à trois concurrences cumulatives : celle qu'elles se font entre elles, celle que leur font leurs homologues françaises, et celle du commerce en ligne. Ce qui, incidemment, rend passablement absurde, économiquement parlant, le projet des propriétaires du "Plaza" de démolir la plus belle salle de cinéma genevois pour en faire un centre commercial de plus, dans un quartier qui en compte déjà trois, et un parking souterrain dans un quartier qui en compte déjà une demie-douzaine...
Centre commercial et parking qui, si la loi votée par la droite parlementaire sur injonction du patronat du commerce, seront ouverts trois dimanches par an. Ouverts, mais vides.

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