Restructuration de la radio-télé publique suisse : "Idée Suisse" et idées à la con ?


La Société suisse de radiodiffusion envisage de supprimer 200 postes de travail d'ici 2022, dont 41 en Suisse romande. Outre les "mouvements naturels" (départs à la retraite, réductions du temps de travail), des licenciements sont envisagés. But de l'opération : "faire des économies" de 5 millions de francs sur 13 millions à économiser (la redevance radio-TV a baissé, les revenus publicitaires reculent). Et la SSR choisit donc la méthode la plus simple -et la plus stupide : tailler dans la masse salariale. Et donc les postes de travail. En 2016 déjà, la SSR avait supprimé 250 postes de travail. Et en Romandie, elle envisage de transférer 200 salariés de Genève à Ecublens, sur le site de l'Ecole Polytechnique. Le studio radio de Berne (avec ses 170 collaborateurs) devrait quant à lui être déménagé à Zurich. Dans la dénomination officielle de la SSR, il y avait les mots "Idée Suisse". Faut-il les remplacer par "Idées à la con" ?

Bientôt, le retour de Radio Genève et de Radio Lausanne...


Les protestations se sont abattues sur la SSR après l'annonce du transfert de sa rédaction bernoise à Zurich, et du projet de transférer une partie de la télévision de Genève à Lausanne. La Conférence des gouvernements de Suisse occidentale, les cantons et les villes de Berne et de Genève, les journalistes, dénoncent une centralisation excessive, une restructuration mécaniste, et, dans le cas de Genève, où la SSR a investi plus de 50 millions pour rénover la tour de la TV, absurde. Les présidents de l'UDC, du PS, du PDC, du PBD et des Verts ont déposé cinq initiatives parlementaires pour bloquer les projets de la SSR et lui rappeler que jusqu'en 2010, dans sa dénomination officielle, "Idée Suisse" suggérait non la centralisation mais son contraire et que la SSR, service public, n'a pas a se comporter comme les éditeurs privés qui en Suisse alémanique se concentrent à Zurich et en Romandie à Lausanne.

On ne sait ce que ces oppositions auront comme effet sur la SSR, si elles en ont un. Mais on observe que dans le même temps où elle se rétracte, se réduit, se concentre, elle laisse des espaces médiatiques qui ne demandent qu'à être occupés. Ainsi, à Genève, dans le quartier de la Praille, un nouveau "pôle médiatique" naît : "le Cube", installé par le groupe PointProd Actua, et où 120 personnes travaillent pour une société de production audiovisuelle (PointProd), une société de tournage, de postproduction et de transmission (Actua), une agence digitale (Ideative), une société de communication numérique (A2P) et une chaîne de télé locale (Léman Bleu). En même temps, la radio locale "Radio Lac" se renforce avec l'ambition de devenir la "première radio talk de Suisse", concurrente dans la région genevoise (avec neuf heures d'infos par jour) de "La Première" de la radio romande. Et tout cela sonne comme une sorte de réponse au repli à Ecublens du secteur de l'information de la télé romande proposé par la RTS, s'ajoutant à la concentration à Lausanne d'un pôle rédactionnel siphonnant la rédaction de la "Tribune de Genève", elle-même succédant au départ du "Temps" à Lausanne. Et nous laisse présager d'un grand moment de nostalgie : une résurrection de la dualité "Radio Genève" et "Radio Lausanne".
Mais dommage : l'émetteur de Sottens a été bazardé, sinon, pour saluer la capacité de la SSR a trouver des solutions imaginative et innovantes à ses difficultés financières, on aurait ressorti nos postes à galène...

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