Fonds de tiroir


Donc, le Conseiller national PLR Benoît Genecand appelle Pierre Maudet à démissionner du Conseil d'Etat. « Benoît Genecand sort du bois« », commente la « Tribune de Genève » d'hier. Mais qu'est-ce qu'il foutait dans un bois, le Conseiller national PLR ? Il cherchait des champignons ? Bon, bref, il est sorti du bois. Avec cet amer constat : le PLR « se retrouve détenteur du douteux privilège d'avoir le premier magistrat de l'histoire genevoise à rester en fonction alors qu'il est mis en prévention ». Ce qui reste d'ailleurs à prouver (peut-être qu'un historien pourrait nous renseigner...). Même si c'était vrai, y'a pas mort du parti : le PS genevois s'est bien retrouvé détenteur du privilège (pas douteux) d'avoir (sauf erreur) le premier magistrat de l'histoire genevoise à être élu au Conseil d'Etat, puis même à sa présidence, en sortant de prison : Léon Nicole.

Le PLR ne sait plus comment se sortir de l'« affaire Maudet » : le mardi, sa direction se convainc que le parti explosera s'il continue à soutenir Maudet; le vendredi, qu'il implosera s'il cesse de le soutenir. 140 membres demandent la convocation d'une Assemblée générale pour en décider, la direction accepte, fixe d'abord l'AG à la fin novembre, puis la repousse à janvier mais décide que cette assemblée ne décidera rien du tout, avec cette argumentation béton : « une assemblée générale n'est pas faite pour trancher des décisions politiques ». Elle est faite pour quoi, alors ? Oui, bon, d'accord, c'est une question de socialo, ça. Le même jour, la présidente du PLR suisse, Petra Gössi déclare que si elle était dans la situation de Maudet, elle démissionnerait (comprennent rien au folklore politique genevois, les Schwytzoises). Le week-end passe et le lundi, la direction du PLR suisse convoque Maudet et le président du PLR genevois, de Senarclens, pour «les entendre et s'expliquer avec eux», mais le mardi, Maudet an-nonce qu'il ne se rendra pas à Berne. C'est pourtant plus près de Genève que Canossa. Ou Abu Dhabi. Or mercredi, Pierre Maudet se rend finalementz à Berne, mais ne bouge pas d'un poil de son refus de démissionner, quand bien même la direction du PLR suisse, "unanime", le lui demande. Cette constance est admirable.

Le feuilleton Maudet, c'est devenu un calendrier de l'Avent : tous les jours les media nous offrent une chtite fenêtre avec une zoulie image. Hier, c'est le Petit Jesus à Berne où avant-hier il avait assuré qu'il n'irait pas. Les jours précédents, on avait eu à satiété les boeufs, les ânes, les rois mages, et même le retour de la momie (Jacques-Simon) asurant que si elle était à la place de Maudet, elle démissionnerait. Sauf qu'elle n'y est pas et qu'on ne démissionne pas d'un sarcophage.

Nouvelles de la prospérité et de la modestie dans la riche Genève : En 2015, le revenu annuel total des contribuables genevois imposés au barème ordinaire a atteint 24,5 milliards de francs, dont 14,7 milliards sont des revenus salariaux, 5,3 milliards des revenus de transferts, 2,9 milliards des revenus de la propriété et 1,3 milliard des revenus d'exploitation de l'activité indépen-dante. Le revenu annuel brut médian des couples mariés atteint 127 617 francs. Pour 10 % des contribuables, ce revenu est supérieur à 316 262 francs,  pour 10 autres %, il est inférieur à 56 521 francs. Pour les célibataires, le revenu annuel brut médian s'élève à 51 576 francs. Les 10% des célibataires avec le revenu le plus élevé touchent plus de 125 350 francs, 6,5 % ne déclarent aucun revenu. Pour l'Office cantonal de la statistique, la surreprésentation des célibataires parmi les jeunes et les personnes âgées, deux catégories dont le revenu médian est bas, explique l'écart entre couples mariés et célibataires, puisque même si on multiplie par deux le revenu de ceux-ci, on n'atteint pas celui des couples. Si on examine la fortune des contribuables, on constate des écarts encore plus importants : la fortune nette (fortune brute moins les dettes) médiane des couples mariés atteint 109 196 francs. Les 10 % les plus riches disposent d'une fortune nette de plus de 1 412 185 francs et 22,9 % des couples ont une fortune nette égale ou inférieure à zéro. Pour 1,9 % des couples, la fortune nette correspond à une dette nette supérieure à 50 000 francs. Et des différences marquées existent entre les communes. A Vandoeuvres, la fortune nette média-ne des couples mariés avoisine un million de francs (953 432 francs), alors qu'à Vernier elle est de 18 666 francs. Bref, on a beau ne pas habiter à Vernier, on s'autoproclame repré-sentatif de la Genève d'en Bas. De tout en bas, même. Normal, on habite au premier étage.

Il avait lancé son initiative populaire fédérale « pour les vaches à cornes »  tout seul, Armin Capaul. Il n'a pas gagné, mais avec 45,3 % des suffrages et six cantons (dont Genève) qui l'ont soutenue, il n'est pas perdant non plus. Il a fait bien mieux que l'UDC, premier parti de Suisse, qui s'est plantée dans tous les cantons et n'a obtenu qu'un tiers des suffrages avec son brûlot contre les «juges étrangers». Il regrette certes un peu que les cantons les plus paysans (Fribourg, Appenzell, le Jura) aient rejeté sa proposition de subventionner les éleveurs qui ne décornent pas leurs vaches, mais ils se console en se disant que si les citoyens des campagnes ont voté avec le porte-monnaie, ceux des villes ont voté avec leur coeur (A Genève, son texte a obtenu plus de soutien que celui de l'UDC : On n'aime amputer ni les vaches, ni les juges, à Piogre, Jornot peut être rassuré). Et si on tient compte de ceux qui n'ont voté contre le texte d'Armin Capaul que parce qu'ils estimaient qu'il n'avait pas sa place dans la constitution, il aurait pu être majoritaire. Il l'aurait mérité.

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