Fonds de tiroir


Lors du débat budgétaire, le Conseil municipal de la Ville de Genève a accepté, à une majorité formée de la gauche et du PDC, d'accorder une subvention de 200'000 francs au festival « Les Créatives », et refusé d'en accorder une de 3000 francs à une association  genevoise de sous-officiers dont la faîtière suisse est présidée par un lieutant colonel qui faisait de l'« humour » (c'est lui-même qui le dit) sur un réseau social en comparant les joueurs de foot français d'origine africaine à des singes, et avait pour cela été désavoué par sa propre hiérarchie militaire, mais pas par son association. Mais il avait des copains au MCG, le lieutant colonel, puisque c'est le MCG qui avait proposé et fait accepter cette subvention en commission. L'UDC a eu beau expliquer qu'en fait, l'association des sous-off' n'était qu'une amicale proposant à ses membre des activités sportives (le tir aux migrants ? la chasse aux Africains ?), la subvention a finalement été refusée, le PDC ayant renoncé à la soutenir après avoir appris à qui elle était accordée. On notera que le débat budgétaire s'est ouvert dans la joie et la bonne humeur sur un épisode comique : un conseiller municipal qui avait été viré du MCG pour avoir posté des messages racistes sur un réseau social s'étant pointé dans la salle de séance  bourré et revêtu d'un gilet jaune a dû être expulsé de la salle par la police municipale, sur ordre du président UDC du Conseil Municipal... Si ce Conseil Municipal n'existait pas, qui aurait l'idée baroque de l'inventer ? Le Grand Conseil, peut-être... qui, sans doute inspiré par le vote du Conseil municipal, la semaine précédente, acceptant coup sur coup deux amendements contradictoires sur l'indexation des salaires du personnel, a adopté (grâce aux Verts) deux projets de loi tout aussi contradictoires sur la caisse de retraite de l'Etat, les deux projets ne pouvant être ni promulgués ensemble, ni promulgués séparément, ni soumis au référendum ensemble, ni séparément. En tant que Conseiller municipal, on est quand même fier d'être au nombre des inspirateurs du Grand Conseil. Et de renforcer la vertueuse concurrence des deux parlements genevois dans la course à la Genferei de l'année.

On sait que les caisses-maladies ont leurs représentants au parlement fédéral  -et des représentants directs, même, des parlementaires, rému-nérés (sous d'autres prétextes, genre participation à des séminaires) pour défendre les intérêts des caisses dans les commissions et lors des débats et des votes en séances plénières. « Le Courrier » d'hier complète : y'a pas que les assureurs, y'a aussi les «gestionnaires indépendants» (ges-tionnaires de quoi ? indépendants de qui ? on vous laisse deviner...), dont le groupement suisse paie 27'000 francs par an le Conseiller national UDC genevois Yves Nidegger notamment pour « accompagner » le groupement dans les changements législatifs à Berne concernant la surveillance des activités financières. Ce que le groupement reconnaît sans fard comme étant un « effort de lobbing à Berne». Au moins, c'est franc. Et ça nous change de Maudet.

On sait que le PLR suisse n'en peut plus de l'« affaire Maudet » et pousse le PLR cantonal genevois à lui-même pousser Maudet à démis-sionner. On sait aussi que le PLR suisse ne peut rien faire d'autre que pousser. Mais que si le PLR gene-vois ne veut pas céder à la poussée, il pourrait collectivement être exclu du PLR suisse. Comme le PS en 1939 par le PS suisse après que les Genevois aient suivi leur leader, Léon Nicole, dans son soutien au pacte germano-soviétique ? Après tout, Maudet, il a bien conclu un pacte piogro-abudhabique, non ?

La « Tribune de Genève » a épluché les statuts du PLR suisse pour savoir ce qu'il pouvait faire pour se débarrasser de Maudet. Résultat de l'épluchage : rien. Le parti suisse ne peut pas forcer Maudet à dé-missionner. Il ne peut pas non plus l'exclure (seul le parti cantonal peut le faire). Il ne peut même pas exclure toute la section genevoise, sauf à faire modifier ses statuts par une Assemblée des délégués. Et il ne peut évidemment pas démettre Maudet de ses fonctions. Alors, on a une idée: que le PLR pousse Cassis à démissionner du Conseil fédéral (où il ne sert que de supplétif à l'UDC), présente Maudet pour lui succéder et le fasse élire. Et donc le sorte du Conseil d'Etat genevois. Elle est pas géniale, notre idée ?

On apprend avec intérêt qu'on peut « aspirer » le CO2 en excès dans l'environnement grâce aux betteraves sucrières, aux algues, aux tourbières et aux forêts, toutes «capteuses» de CO2. Bon, OK, dès qu'on a fini notre choucroute et avant de commencer notre cassoulet à la bonne graisse d'oie, on ira (à pied ou à vélo mécanique -de toute façon on n'a pas de bagnole) croquer une betterave aux algues entre un marais et une forêt. Le pied qu'on va se prendre, dis donc.

L'Association pour la sauvegarde du Léman a fait faire une étude sur la pollution du lac par des déchets plastiques. Diagnostic : 50 tonnes de plastique finissent dans le Léman chaque année. Et ce qu'on n'arrive pas à en retirer ou n'est pas évacué par le Rhône s'accumule dans le lac. Et met longtemps à se désagréger. Et quand ça se désagrège, ça ne disparaît pas mais se transforme en déchets encore plus petits, quasiment poudreux, voire microscopiques, nuisibles à la faune. 50 tonnes de déchets plastique, c'est quand même beaucoup (une partie se retrouve dans les sédiments : un cadeau aux archéologues du futur...). La moitié de cette merde provient de l'usure des pneus et finit dans le lac par le ruissellement des eaux. 10 tonnes par année viennent des détritus jetés dans la nature. Le reste est formé des déchets de construction, de rejets textiles, de cosmétiques et de peintures. Bon, si on continue à balancer chaque année des dizaines de tonnes de plastoc dans le lac, on n'aura plus besoin de le faire traverser par un pont, on pourra y aller à pied sec ou en roue libre. Mais c'est pas une raison pour renoncer à limiter cette pollution, par exemple en exigeant des grands magasins et des chaînes de bouffe rapide, mais aussi des consommateurs, de substituer des contenant réutilisables aux contenants à usage unique. Boire dans un verre et pas dans un gobelet plastique, c'est quand même pas hors de portée, non ?

Bon, c'est noël, le sapin, les guirlandes, les cadeaux, tout ça. Un gros machin consumériste au prétexte de fête de famille. Dans « Le Courrier » d'hier, Catherine Morand rappelle judicieusement que tout ce bric à brac festif nous est amené de Chine dans des porte-conteurs maousses qui font des milliers de miles marins en se goinfrant de millions de tonnes de carburant détaxé mais des milliers de fois plus polluant que le diesel. C'est quand même marrant, ce paradoxe : c'est quand l'hiver commence qu'on donne un gros coup de pouce au réchauffement climatique. Et en toute bonne conscience. Ce qui est quand même essentiel. Parce qu'on est sûr qu'un trouvera bien un Trump quelconque pour nous expliquer que c'est la mauvaise conscience, les écolos et les décroissants qui relâchent du CO2 dans l’atmosphère...

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