Fonds de tiroir


« Grosse pagaille à l'extrême-gauche», titrait « Le Courrier » du 6 décembre. Et « Guerre interne à l'extrême-gauche » six jours plus tard. Dans les pages genevoises, comme d'hab' ? Ben non, dans les pages vaudoises. ça nous change. Donc, parce qu'il n'avait pas été consulté sur le lancement d'une candidature (celle de Jean-Michel Dolivo, de solidaritéS) au Conseil d'Etat au nom d'« Ensemble à Gauche » pour l'élection complé-mentaire provoquée par la démission  de Pierre-Yves Maillard devenu président de l'Union Syndicale Suisse, et d'avoir appris cette candidature en même temps que la presse, le Parti Ouvrier et Populaire (le Parti du Travail, quoi, pour causer genevois) a décidé de présenter sa propre candidate, sa vice-présidente, Anaïs Timofte, qui veut porter « la voix des gens qui ont rarement l'occasion de se faire entendre ». Le candidat de solidaritéS répond en reprochant au Parti du Travail de ne plus participer aux réunions « unitaires » d'« Ensemble à Gauche », et réaffirme que EàG ne se réduit pas à solidaritéS mais comprend éga-lement deux autres composantes, «Décroissance-Alternative» (un groupe de la Riviera lémanique) et « Solidarité et Ecologie » (un groupe d'Yverdon). Des mouvements de masse, donc. Qui font bien d'«Ensemble à Gauche» une coalition. Dont Dolivo se proclame l'« incarnation ». Il y aura donc trois candidatures de gauche pour la succession de Maillard : celle de la socialiste Rebecca Ruiz. soutenue par les Verts, celle de Jean-Michel Dolivo pour les trois composantes d'« Ensemble à Gauche » (dont le POP ne fait plus partie depuis le 1er novembre), et celle d'Anaïs Timofte, pour le POP, qui fera aussi cavalier seul pour les élections fédérales de l'automne, quitte à s'apparenter ou se sous-apparenter avec les autres listes de gauche. La Grande Genève est de plus en plus grande, dis-donc, elle a bouffé le canton de Vaud...

Après le Conseil administratif de la Ville, le Conseil d'Etat... le gou-vernement cantonal genevois a choisi de ne pas attendre que la Cour des Comptes se penche sur les frais professionnels de ses membres et de la Chancelière et les a lui-même dévoilés fin novembre, pour les années 2017 et 2018. Des frais qui en 2017 s'élevaient à 141'312 francs au total. Et cette année là, les plus dépensiers ont été Pierre Maudet, pour plus de 52'000 francs (dont près de 34'000 pour se faire rembourser trois voyages aux USA et en Chine) et Luc Barthassat pour plus de 25'000 francs, dont plus de 12'000 de frais de représentation. Suit la Chancelière Anya Wyden Guelpa avec plus de 23'000 francs, dont près de 12'000 de voyages en train ou en avion. Chaque Conseiller-e d'Etat touche un salaire annuel de 265'000 francs, plus 34'500 d'indemnité forfaitaire (le triple de celle des magistrats de la Ville, dont le Conseil municipal a décidé de les priver), et 15'916 de rab' pour le président du gouvernement. Bon, en conclut quoi, de ces chiffres ? On en conclut rien, c'est juste histoire d'informer. Et de donner envie ? Même pas. D'ailleurs, c'est pas beau, d'être envieux.

Des nouvelles de Tariq Ramadan ? Il a donc été remis en liberté provisoire. Mais auparavant, il avait admis avoir eu des rapports sexuels (qu'il niait depuis un an) avec l'une de celles qui ont porté plainte contre lui pour viol. Elle avait 18 ans, il était trentenaire, elle était son élève à Saussure. Il nie toujours les viols, mais a été contraint d'avouer une relation extraconjugale qu'il a dit consentie par la plaignante, après qu'aient été dévoilés près de 400 courriels échangés en trois mois et demi, dans lesquels Frère Tariq détaillait par avance ses fantasmes sexuels domi-nateurs et empreints de violence. On dit que la vérité sort du puits. On devrait préciser qu'elle en sort petit à petit. Et qu'elle prend son temps. Et que le puits est profond.

Allez, l'Esprit de Noël souffle encore: on va adresser nos félicitations à un Emmanuel. ça s'impose, même si c'est Macron. Ben ouais, c'est ça, l'esprit de Noël. Même après l'Epiphanie. Donc, le 28 novembre 2017, à Ouagadougou, l'encore frais et sémillant président de la Ré-publique française annonçait le retour dans leurs pays d'origine des biens culturels rafflés par la colonisation française, surtout entre 1865 et 1960. Il y en a 90'000 dans les institutions françaises, dont 70'000 au Musée du Quai Branly, qui les a hérités du Musée de l'Homme. Macron a ensuite confié mission de proposer la mise en oeuvre de son intention de restitution à l'histo-rienne de l'art Bénédicte Savoy, professeur au Collège de France, et à l'écrivain sénégalais Felwine Sarr. Qui ont rendu rapport au président : tous les objets qui ont quitté l'Afrique sans preuve de vente ou de don, soit 46'000 pièces (les deux tiers du département « Afrique » du Quai Branly) doivent  être considérés comme accaparés. Et doivent donc être rendus dès 2019, qu'ils soient le produit de pillage, de butin militaire, de collecte scientifique ou de récu-pération par des congrégations reli-gieuse.  On ne sait pas encore ce que Macron va faire de ces recomman-dations, mais on espère qu'il va les suivre. Même s'il faut pour cela changer la loi qui exclut tout aliénation d'éléments de collections nationales). Et on ne lui en voudra même pas s'il fait empaqueter les objets restitués dans des gilets jaunes.

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