Fonds de tiroir


Vous avez déjà entendu parler de Claas Relotius, vous ? Parce que nous, avant l'Avent, non, on n'en avait jamais entendu parler, on savait pas qui diable ça pouvait être. Faut dire qu'on ne lit pas la presse allemande -or Claas Relotius était un journaliste vedette du « Spiegel ». Et il est lourdement tombé de son piédestal quand on a appris que 14 articles qu'il avait rédigé étaient de pures falsifications. Explication de son redac'chef : « Claas Relotius avait le sentiment d'être à la hauteur de nos attentes seulement quand il écrivait d'excellentes histoires ». En v'la un qui devrait se lancer dans la politique genevoise. .

Faut pas se moquer de ceux qui dénoncent une invasion migratoire de masse à Genève. C'est pas qu'ils aient raison (de toute façon, Genève a toujours été une ville d'immigration). C'est qu'ils ont de la mémoire. Genève a en effet connu une migration de masse. En 58 avant Jésus-Christ. Une horde barbare, chassée par une horde tout aussi barbare mais plus dangereuse, déferle sur le plateau suisse. Elle se pointe à Genève par la route du lac, et veut traverser le Rhône pour descendre dans le sud de la Gaule. Genève est une petite ville allobroge, sous tutelle romaine. Et les Romains, qui occupent la Gaule, ne veulent pas de cette horde barbare en Gaule. Ils se pointent donc, avec à leur tête Jules César, coupent le pont, massacrent ceux qui tentent tout de même de traverser, construisent un mur (du trumpisme avant la lettre...) et les repoussent d'où ils venaient. En Helvétie, donc. Ah ouais, on a oublié de vous dire : la horde barbare invasive, c'étaient les Helvètes. Pourquoi on vous raconte cette histoire ? Parce qu'en face, y'a des trous de mémoire chez ceux qui veulent défendre la Confédération  Helvétique contre les hordes barbares qui sont supposés vouloir l'envahir. Mais bon, c'est vrai que les Helvètes, ils voulaient quitter l'Helvétie pour envahir la Gaule, pas passer par la Gaule pour envahir l'Helvétie. N'empêche : c'est pas forcément inutile de rappeler que ce pays, comme tous les autres, il a été construit par des immigrants et des émigrants refoulés.

Donc, Genève est de toutes les dix principales villes de Suisse la plus mal préparée à être une « smart city» libérale : c'est ce qu'affirme, sur la base d'une « étude » du «think tank » libéral « Avenir suisse » : lourde augmentation des coûts admi-nistratifs, salariés de la Ville plus souvent en congé-maladie que les autres, faiblesse de la politique municipale d'intégration... seulement y'a comme un problème : l'«étude» du machin libéral ne prend pas en compte la répartition très « jacobine » des tâches entre la Ville et le canton, qui explique la faible implication (voire son absence) de la première dans les domaines réservés du second, pas plus qu'elle ne prend en compte le fait que la politique d'intégration de la Municipalité est en grande partie menée par des institutions publiques et des associations subventionnées par la Ville. Bref, le machin libéral con-fond toutes les villes dans un même modèle d'autonomie communale, alors qu'à Genève elle est la plus réduite de toute la Suisse... Y'a des cours d'alphabétisation qui se per-dent: peut-être que la Ville pourrait en dispenser, au titre de l'intégration à la réalité, à «Avenir Suisse» ?

« L'Affaire Maudet ne remplit en réalité pas tout l'espace médiatique, loin de là », écrit le journaliste Eric Budry dans la «Tribune de Genève» du 5 décembre. C'est vrai, quoi, faut laisser un peu de place pour les pubs, les crises politiques majeures chez les étrangers du dehors, les guerres, les massacres, les accidents, les ca-tastrophes naturelles... Résultat : «dans une édition-type de la Tribune de Genève, ce dossier (celui de Maudet) occupera au maximum deux pages sur vingt-huit». C'est Maudet qui va être déçu... mais il peut se consoler : il a quand même 7 % de la « Julie » pour lui tout seul... ou presque : ses copains promoteurs et son chef de cabinet, ont aussi droit à un peu de place. Faut partager, quoi. Mais un peu.

GHI se demande sur une presque page (le 1er novembre) pourquoi « la manif mensuelle des cyclistes » (la «critical mass»), tous les derniers vendredi du mois, se déroule sans avoir obtenu d'autorisation, ce qui fait fulminer un incertain Jacky Morard, président d'une incertaine association « GenèveRoute » (« dé-fendant les intérêts des automo-bilistes », assure GHI) : « nous ne voulons plus voir des vélos envahir massivement les rues du centre-ville et le pont du Mont-Blanc un vendre-di par mois en plein embouteillage»: seules des bagnoles peuvent « en-vahir massivement » ces rues et ce pont, qu'on se le dise. Donc, la «critical mass» se déroule sans avoir obtenu d'autorisation, et sans être empêchée par la police. Le rempla-çant de Pierre Maudet, Mauro Poggia, se justifie (tout en disant, en bon politicien -car c'est un bon politicien- qu'il trouve les doléances du bagnolard de service «légitimes»): si on ne peut pas délivrer d'auto-risation à la « critical mass »,  c'est parce que nous n'avons pu en iden-tifier aucun organisateur officiel. Et donc, la « manif mensuelle des cy-clistes » se déroule « toujours sans autorisation ». Comme d'ailleurs la manif quotidienne des automobi-listes. Dite plus couramment « embouteillage ».

Y'a pas à dire, le Conseil municipal de la Ville de Genève est de plus en plus représentatif de la population : les conseillers municipaux y siégeant comme « indépendants » après avoir quitté leur groupe sont de plus en plus nombreux, et le seraient même assez pour pouvoir former un groupe spécifique (mais politi-quement un brin contradictoire, voire incohérent). Les premiers furent deux conseillers municipaux élus sur la liste d'« Ensemble à Gau-che » mais rompant avec la coalition (en claquant la porte). Ont suivi un conseiller municipal du MCG, rompant avec son parti parce qu'il le voyait « virer à gauche » (on s'en était pas aperçu) et créant un nouveau parti, le Parti populaire genevois (à l'image du Parti populaire français de Jacques Doriot?), un conseiller municipal du PLR quittant le PLR parce qu'il le trouvait trop R et pas assez L, un conseiller municipal «vient ensuite» sur la liste du PS mais exclu du PS (avant d'être appelé à siéger du fait de plusieurs démissions de conseillères et conseillers munici-paux élus au Grand Conseil) pour avoir injurié sa section, ses élus au Conseil municipal et au Conseil administratif, et enfin, cerise déconfite sur la gâteau rassis, un deuxième conseiller municipal MCG, viré du MCG pour racisme et homophobie... Total, six « indépen-dants ». Bah, dans une commune où la majorité des électeurs et électrices s'abstiennent aux élections et une majorité écrasante n'est membre d'aucun parti politique, les « in-dépendants » sont plus représentatifs de la population que les militants, non ? Sauf qu'on peut très bien être dans un parti et y garder son indépendance. Mais ça, ça va être difficile à expliquer à l'électeur moyen, en ce moment...

Rubrique le sport, c'est l'école du respect et de la civilité : le 28 octobre, à la faveur d'un  match à Saint-Gall entre l'équipe locale et le FC Zurich, des sup-porters ont attaqué la police à coups de pierres, de barres de fer et de fumigènes. Trois policiers ont été blessés, la ligne de train St-Gall-Gossau a été fermée durant une heure et demie, un train spécial au départ de Zurich a été endommagé et a dû être remplacé et de nombreux autres dégâts matériels ont été commis.

Commentaires

Articles les plus consultés