Fonds de tiroir


Petit rappel, histoire de compléter l'inventaire commencé l'année dernière des prébendes, privilèges et cadeaux divers offerts à leurs huiles par les communes, les cantons, la Confédération et les entreprises publiques : l'armée s'y met aussi. Un rapport d'audit sur les dépenses du personnel militaire de «haut ni-veau» (genre colonels...) a révélé que les 21 et 22 juin 2017, les épouses d'officiers généraux ont été trans-bahutées par hélicoptère depuis leur région de domicile pour être amenées en Valais participer à une petite sauterie organisée tous les deux ans, avec, en tout cas en 2017, cours de golf payé. Une heure de vol en hélico militaire (Super Puma) coûte 10'900 balles, et plusieurs heures de vol ont été nécessaires pour amener les zépouses sur les lieux du raout de leurs maris (très arrosé, le raout, le médecin-chef de l'armée, qui a été mis à pied pour avoir organisé un repas de noël à 15'000 balles pour 32 personnes, évoquait même une « orgie à l'Appenzeller Alpenbitter » -au moins, on se biture suisse...). Ajoutez-y les repas, les cigares, l'hébergement, la visite d'un lac souterrain, tout ça pris en charge par la Confédération, vous aurez pulvérisé les notes de téléphone de Guillaume Barazzone qui ont fait tant de bruit. Mais Barazzone, lui, il a renoncé à se représenter à ses mandats de Con-seiller administratif et de Conseiller national. Ils ont renoncé à quoi, les glorieux chefs de notre glorieuse armée ? à leur grade ? A la biture de cette année ? A faire transporter leurs meufs en hélico pour leur faire prendre le car postal ?

L'extrême-droite de toute l'Europe est contente : faute de pavillon (Panama lui avait retiré le sien en septembre), le navire de sauvetage de migrants en détresse en Méditerranée « Aquarius » ne naviguera plus. Il avait sauvé près de 30'000 migrants, il n'en sauvera plus. Zont qu'à se noyer, les métèques, c'est toujours autant de moins qui mettront leurs pieds sales sur nos sols sacrés. En Suisse, 25'000 personnes, des dizaines d'élus politiques de tout bords et dans tous les parlements (et dans des gouvernements cantonaux et dans des Municipalités), trois conseillers nationaux (PS, PLR, PDC), une ancienne présidente de la Confédération, une ancienne pro-cureure générale de la Confé-dération, des communes (dont la Ville de Genève) avaient demandé au Conseil fédéral d'accorder au navire le pavillon suisse. Le Conseil fédéral a refusé. «On exigeait un choix éthique de notre gou-vernement, il préfère une politique mortifère», résume Ada Marra. C'est précisément ce que l'extrême-droite suisse (et européenne) attendait de lui. Elle est donc contente. Et se dit qu'elle a bien fait d'élire Igniazio Cassis au Conseil fédéral.

L'ancien député MCG, et promoteur immobilier, Ronald Zacharias, est passé à l'UDC, après être passé à «Genève en Marche». Une errance à la droite de la droite qui n'a pas beaucoup de sens : défenseur acharné de la propriété foncière et de la spéculation immobilière, ennemi tout aussi acharné de l'Asloca et de la gauche, sa place naturelle était au PLR. Surtout que dans l'état où il est à Genève, le PLR, surtout le PL face au PR, d'ailleurs, comme il a été vérifié à propos de Maudet soutenu par les R contre les L, un peu d'apport extérieur lui serait bienvenu. Même celui-là ? même...

En 2017, 257 personnes âgées de 60 ans et plus étaient incarcérées en moyenne en Suisse, dont un tiers en exécution de peine, et deux tiers de Suisses, nous annonce l'Office fédéral de la statistique. 257 détenus au moins sexagénaires ? c'est peu... ça ne repré-sente qu'environ 5% de l’effectif moyen total des personnes en prison. Mais restons optimistes : la proportion augmente, et les prisons vont bien finir par devenir représentatives de la population : en 2007, il n'y avait que 103 vieux détenus, soit 3 % de l'effectif moyen. On progresse. Surtout que les vioques en tôle, ils sont très majo-ritairement suisses.  Et les zonzons manquent pas seulement de vieux, mais aussi de femmes : elles aussi y sont sous-représentées. Bon, y'a du boulot pour rendre la population carcérale représentative de la population tout court. On fait ce qu'on peut, hein...

« 20 Minutes » titrait, le 8 janvier : «un chat fan de foot va chaque jour au stade» à Zoug, pour suivre les entraînements et les rencontres du club local depuis le banc de touche. C'est pas possible. ça peut pas être un chat. Un chien déguisé en chat, peut-être, mais pas un vrai chat. Voir des humains adultes jouer à la baballe, y'a qu'un chien pour trouver ça intéressant. Ou peut-être un hamster.

La droite de la droite de la droite va devoir s'adapter : depuis des lustres, elle dénonce les « faux réfugiés », elle va devoir dénoncer les « faux frontaliers ». Avec un chti problème: non seulement ces « faux frontaliers» sont suisses, mais en plus ils sont fonctionnaires fédéraux, et pour couronner le tout, le genre de fonctionnaires fédéraux dont elle réclame à corps et à cris l'augmentation des effectifs : des garde-frontières. Parce que l'administration fédérale des douanes a décidé de vendre la plupart des 840 appartements de fonction qu'elle possède et qui sont occupés par des garde-frontières, ceux-ci vont devoir se loger sur le «marché». Problème, notamment à Genève : le « marché » local du logement est, pour user d'un euphémisme, « tendu ». Et donc, les garde-frontières vont devoir franchir la frontière pour pouvoir se loger. En France. Comme déjà 92 d'entre eux (en novembre). On imagine les garde-frontières suisses habitant en France être contrôlés à la frontière par des douaniers français. En revanche, on imagine encore mal ce que les antifrontaliers primaires (genre MCG) pourront en dire. On attend. Impatiemment.

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