Fonds de tiroir


L'organisateur de la manif (une centaine de personnes) devant la salle de séance du Conseil Municipal, le 13 novembre dernier (il s'agissait de protester contre les notes de frais de certains conseillers administratifs) s'est pris une bûche de 400 balles pour ne pas avoir respecté les conditions fixées par les zaotorités (la manif ne devait pas avoir lieu à l'entrée de la salle, mais un peu à côté, or elle a eu lieu devant...). L'amendé (par ailleurs président des Verts libéraux) a fait recours contre l'amende. Avec de bonnes chances de gagner : la justice acquitte généralement les mani-festants ou organisateurs de manif amendés. Et puis, ça lui a fait un peu de pub, au président pas très connu d'un parti pas très connu non plus. Au pire, si l'amende est confirmée, le Conseil municipal ou le Conseil administratif pourraient décider de la prendre en charge : 400 balles, c'est pas le lac à boire, après tout. Surtout si on compare avec certaines notes de frais (de téléphone ou de taxi, par exemple).

Dans le « Matin Dimanche » du 23 décembre, on faisait le portrait de l'ancien chef de cabinet de Pierre Maudet (que nous croisâmes lorsqu'il fut, brièvement, comme « vient-ensuite », conseiller municipal socialiste) : « il disait de lui qu'il était le huitième conseiller d'Etat » (on croyait que c'était la Chancelière qui jouait ce rôle), « il prenait un pouvoir qu'il n'aurait pas dû avoir parce que Pierre Maudet lui donnait trop de latitud », « il donnait des ordres à la police, qu'il n'avait pas le droit de formuler, et négociait des lois pour le Conseiller d'Etat »...  Bon, il avait la tête qui avait enflé, quoi, ça arrive à des tas de gens qui n'en pas une très pleine (le vide s'étale...). Après avoir perdu son poste et avoir été inculpé en même temps que Maudet, il a créé une société de conseil en « stratégie d'entreprise » et de « gestion de crise». Ben ouais, il a une expérience en la matière, maintenant, Il va pouvoir conseiller le PLR.  Mais non, on tourne pas en rond, mais non, on fait de la « gestion de crise ».

Un groupuscule intégriste pro-testant, l'« Union démocratique fédérale », a annoncé, se fondant «sur la Bible et la parole de Dieu», le lancement d'un référendum contre l'extension de la norme pénale antiraciste à l'homophobie. Quel-ques udécistes soutiennent le réfé-rendum, comme Yves Nidegger. En clair, comme le résume le Conseiller national valaisan et socialiste Mathias Reynard, à l'initiative de cette extension de l'antiracisme à l'homophobie, il ne s'agit que d'une tentative de « maintenir le droit d'insulter des homosexuels » parce qu'ils sont homosexuels et « il faut avoir un problème avec les homosexuels pour mener un tel référendum ». Un problème avec les homosexuels ou avec sa propre sexualité ?  Le référendum comme thérapie, c'est assez nouveau. Mais biblique, on sait pas.

Il y a bien eu dans le canton de Vaud une « affaire Broulis » et une « affaire Savary », en Valais une « affaire Buttet », à Neuchâtel une « affaire Hainard », mais, éditorialise la «Tribune de Genève » du 18 janvier, tenant avec l'affaire Maudet « sa superGenferei, Genève reste bien sûr en première ligne ». « Well done, old chap »...
Edito de la « Tribune de Genève » du 18 janvier : « L'affaire Maudet n'a jamais fait vraiment rire la Suisse alémanique ». Ah bon ? Pourtant, rire c'est bon pour la santé, non ?

Titre de la « une » de la « Tribune de Genève » du 18 janvier : « Affaire Maudet : Berne s'inquiète pour Genève ». C'est gentil, mais ça fait 400 ans que Genève n'a plus besoin que Berne s'inquiète pour elle.. Surtout qu'elle la faisait payer (en pognon), son inquiétude. Titre de l'édito de la même « Tribune de Genève » du même jour: « Maudet fait du tort à la Suisse romande ». La Suisse romande, seulement ? Il va être vexé, Pierre le Grand... Et dans l'édito, on estime que l'affaire Maudet « n'a jamais fait vraiment rire la Suisse alémanique ». Pourtant, rire c'est bon pour la santé, non ? Bref, la « Julie » du 18 janvier tire à boulets rouge contre Pierre le Grand, toute désolée qu'elle est que « notre super Pinocchio ait obtenu le soutien d'une majorité du PLR genevois ». On croirait entendre Gepetto se lamenter de ce que sa créature lui ait échappé : il ne nous avait pas échappé à nous que la « Julie » n'avait pas mégoté sur les yeux doux à faire à Maudet au temps de sa splendeur... Mais maintenant, elle fait les comptes : son ancien rédac'chef, Pierre Ruetschi, accuse Maudet d'« induire des coûts injustifiés singulièrement plus élevés pour le contribuable que la note de frais annuelle aussi choquante qu'extravagante du plus dépensier des conseillers administratifs en Ville de Genève ». Et comment il ferait pour coûter aussi cher, Maudet ? Simple : en étant payé comme Conseiller d'Etat à plein temps pour ne plus assurer « même plus la moitié de sa tâche ». Et alors ? Il est contre la réduction du temps de travail, Ruetschi ?

 Un rapport d'analyse des abus à l'école publique genevoise depuis trente ans a été rendu au Conseil d'Etat. Consacré en grande partie au cas de Tariq Ramadan, enseignant pendant vingt ans (« un prédateur qui s'est servi de son poste d'enseignant pour assouvir ses propres besoins sans aucune considération » pour les élèves, sans inquiéter sa hiérarchie, résume le président du Conseil d'Etat Antonio Hodgers), le rapport, rédigé par deux experts indépendants, conclut que le Département de l'Instruction Publique n'a pas dysfonctionné, mais a « parfois failli dans l'objectif de protection globale des élèves », que les enseignants ont manqué de directive et qu'une « sorte d'omertà » a régné : les experts n'ont trouvé dans les archives du DIP aucune trace des agissements de Frère Tariq -mais des traces d'une trentaine d'affaires (dont une dizaine à l'école primaire) concernant des atteintes à l'intégrité sexuelles d'élèves de la part d'enseignants et d'enseignantes. Les experts font neuf recommandations pour libérer la parole des élèves et dépasser le corporatisme des enseignants, à qui ils rappellent qu'ils ont l'obligation de dénoncer toute relation sexuelles entre un-e enseignant-e et un-e élève. Voilà : on est loin de Gabrielle Russier, là, et du poème d'Eluard cité par Georges Pompidou pour témoigner de sa propre compassion avec l'enseignan-te poussée au suicide... sauf que nous, ici et maintenant, « notre remord », c'est plutôt le silence de celles et ceux qui avaient le devoir de parler et se sont tus...

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