Fonds de tiroir


La conseillère municipale verte (de Meyrin) Sabine Tiguemounine com-bat le projet de loi sur la laïcité soumis au vote à Genève le 10 février. Elle le combat notamment parce que la loi lui interdirait de siéger en plénière avec le voile (un châle en fait) « islamique » qu'elle porte. Bon, cette interdiction est évi-demment une ânerie, puisque la Conseillère municipale en question a été élue pour ce qu'elle était (musulmane) et portait (le châle), en toute connaissance de cause et de convictions par ses électeurs et trices. Mais si son châle compte plus pour elle que son siège en plénière, elle peut garder son foulard et laisser son siège. Des fois, faut savoir choisir. Oui, on sait, c'est dur. Mais nul-le n'est indispensable. Et on peut vivre sans voile ou sans siège. Si, si...

Sabine Tiguemounine a en outre trouvé moyen, en une phrase, de rendre son combat inaudible, en s'aventurant sur un terrain qui n'a rien à voir : « je ne suis pas favorable au mariage entre deux personnes de même sexe, car pour moi le mariage est lié à l'engendrement afin de pérenniser l'espèce humaine ». Y'a des cours d'éducation sexuelle qui se sont perdus quelque part, là. Du coup, le président des Verts, a réagi dans un communiqué, en relevant que de telles déclarations, qui expriment «une conception archaïque et étriquée du mariage » (en plus d'être une ânerie, donc) « sont aux antipodes des valeurs fondamentales » de son parti. Et la Conseillère municipale homophobe de pleurnicher : « je me suis sentie piégée et j'ai commis une grosse erreur ». En effet, mais laquelle ? d'avoir dit une connerie à laquelle elle croit sincèrement ?

Mercredi, des syndicalistes du SIT présents sur un piquet de grève devant la banque UBP (Union Bancaire Privée) ont été agressés, molestés et l'un d'eux séquestré par des agents de sécurité (puis libéré... par la police), des cadres de la banque et de la société de nettoyage Orgapropre, dont 37 employées ont été licenciées après que la banque ait résilié le mandat qu'elle avait donné pour nettoyer ses locaux. Le partenariat social, à Genève, c'est pas un vain mot. Juste un gros mot pour les gros bras de certains partenaires dudit dialogue.

Fallait pas laisser le PLR seul à barboter dans la mouise, « Ensemble à Gauche » s'y met aussi. C'est touchant, cette solidarité. Donc, à Genève, deux formations membres de la coalition de la gauche de la gauche s'écharpent sur la composition de la liste  aux prochaines élections municipales : SolidaritéS refuse au Parti du Travail le droit de présenter quatre conseillers municipaux actuellement en fonction, qui ont commis le délit (impardonnable) de quitter SolidaritéS pour le Parti du Travail. Et en plus, SolidaritéS exige qu'aucun des quatre ne puisse se présenter à des élections pendant deux ans, et réclame la part de leurs jetons de présence municipaux qui revient au parti. Mais ils n'en sont plus membres, de ce parti, puisqu'ils le sont du Parti du Travail, maintenant. Sur quoi SolidaritéS et le Parti du Travail se proposent des rendez-vous que l'une ou l'autre formation décline quand c'est l'autre qui la propose. Bon, au Conseil municipal les quatre élus d'Ensemble à Gauche qui avaient été sur la liste de SolidaritéS et qui sont passés au Parti du Travail travaillent ensemble sans trop de problèmes visibles. Alors pourquoi tout ce tintouin ? Ben, par solidaritéS avec le PLR, on vous dit.

Dans « Le Matin Dimanche » du 20 janvier, cinq jours après avoir remporté l'assemblée générale du PLR genevois qui devait choisir entre le soutenir ou le lâcher, Pierre Maudet a réglé ses comptes avec le reste du monde : la moitié de son parti, le PLR suisse, le Conseil d'Etat et son président Antonio Hodgers, la justice et le procureur général Jornot, les media... « Quel serait le dégât d'image si j'étais acquitté dans six mois et que le parti m'avait forcé à démissionner ? ». Ben, le même que dans l'hypothèse inverse, celle où dans six mois il est condamné après que le parti l'ait soutenu non ? c'est le problème du tirage à pile ou face d'une position de parti : y'a forcément une chance sur deux de tomber sur le mauvais côté... D'autant que la direction du PLR genevois ayant démissionné après sa défaite face aux partisans de Pierre le Grand, il va falloir la remplacer, elle. Et que comme le soupire le vice-président (sortant) du parti, Rolin Wavre, « un fan-club de Pierre Maudet à la tête du PLR, ce serait malsain ». Peut-être, mais tellement rigolo...

Décidément, ce n'est pas une dent que les syndicats de police ont contre Maudet, c'est tout un râtelier : le 18 décembre, ils ont fait adresser par leurs avocats au Conseil d'Etat une lettre lui demandant d'annuler et de réorganiser le scrutin lors duquel, le 8 mars 2015, la loi sur la police défendue par Maudet avait été acceptée de justesse (à 54 voix près) par le peuple. Or la campagne en faveur de la loi avait été en partie financée par le fameux Cercle Fazy-Favon, le fan club de Maudet, qui  avait été financé (entre autres) par le groupe hôtelier Manotel, ce qui a valu à Maudet un nouveau chef d'inculpation et une nouvelle levée d'immunité. Le vote dont les syndicats de police demandent l'annulation a eu lieu il y a bientôt quatre ans mais la rancune est tenace, dans la police genevoise. D'aucuns qualifient ses syndicats d'«Etat dans l'Etat» ? Appa-remment, Maudet aussi était un «Etat dans l'Eta ». Faut pas croire : Genève, c'est peut-être petit en surface et pas énorme en population, mais avec tous ces Etats dans l'Etat, la République pas une et très di-visible, c'est quasiment une organisation internationale gouver-nementale à elle toute seule. ça doit être le prix à payer pour être la capi-tale mondiale du monde mondial.

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