Fonds de tiroir


« Tout L'immobilier » s'est brave-ment lancé, le 7 décembre, dans une opération de réhabilitation de Pierre Maudet, face à la « chasse aux sorcières » dont il serait la cible. Et pour cette réhabilitation de la sorcière-qui-n'en-est-pas-une, et pour « contribuer à un débat plus équi-libré », l'hebdo des milieux immo-biliers reproduit le bilan que Maudet fait de sa propre action. Un bilan évidemment positif. Même pas « globalement », mais totalement positif. En s'attribuant au passage la baisse de 31 % des infractions au Code pénal depuis 2011, celle de 49% des cambriolages, de 52 % des vols avec violence et à main armée et de 54 % des vols avec effraction dans la même période. Et tout ça grâce à Maudet selon Maudet. On n'est jamais si bien servi que par soi-même, et c'est bon d'avoir des amis pour faire connaître les mérites déniés par des jaloux. Comme « 20 Minutes » qui titre : « un grain de sable nommé... Maudet ». « Grain de sable », « grain de sable », est-ce qu'il a une gueule de grain de sable, Maudet ? un roc, un cap, un péninsule, ouais...

L'évêque (catholique romain, sauf erreur) Richard Williamson, qui avait été condamné en Allemagne pour incitation à la haine après avoir nié l'existence du génocide des juifs, et qui avait fait recours contre cette condamnation, a été débouté par la Cour constitutionnelle fédé-rale allemande, puis par la Cour européenne des droits de l'Homme (il estimait que sa liberté d'expression avait été violée). La CEDH a de plus estimé que la sanction infligée à l'évêque négationniste avait été « très clémente » : en effet, 1800 euros d'amende, c'est pas cher payé pour proférer des saloperies (et ça n'empêche d'ailleurs pas de les proférer). On espère que ses recours lui auront coûté plus cher.

Selon l'Office fédéral de la statistique, de moins en moins de Suissesses et de Suisses se déclarent fidèles d'une religion : le groupe des personnes sans appartenance religieuse a presque triplé depuis les années '80 du siècle dernier, passant d'une dizaine de pourcent à 26 % de la population âgée de plus de 15 ans (ce pourcentage dépasse désormais les 40 % à Genève), et la proportion d'athées et d'agnostiques revendi-qués (en sus de celles et ceux qui ne se revendiquent d'aucune religion ni irréligion) a crû de 23 %. Les personnes issues de l'immigration sont encore plus fréquemment « sans religion » que celles d'origine suisse. Quant à celles et ceux qui se réclament d'une religion, les mu-sulmans sont ceux qui la pratiquent le moins. Voila. A part ça, dimanche, à Genève, on va voter sur la laïcité de l'Etat. Sur la laïcité de la population, on n'a pas besoin de voter, suffit d'attendre : elle se laïcise toute seule. On comprend mieux pourquoi les églises chré-tiennes genevoises reconnues par l'Etat (bonjour la laïcité...) tiennent tant à pouvoir continuer à utiliser l'administration fiscale cantonale pour percevoir la dîme religieuse : si elles devaient la percevoir elles-mêmes, vu la diminution du nombre de fidèles elles se retrouveraient à poil...

La « Julie » du 18 janvier tire à boulets rouge contre Pierre le Grand, toute désolée qu'elle est que, comme l'écrit son ancien rédac'chef, Pierre Ruestchi, « notre super Pinocchio ait obtenu le soutien d'une majorité du PLR genevois ». On croirait entendre Gepetto se lamenter de ce que sa créature lui ait échappé : il ne nous avait pas échappé à nous que la « Julie » n'avait pas mégoté sur les yeux doux à faire à Maudet au temps de sa splendeur... Mais maintenant, elle fait les comptes : son ancien rédac'chef accuse Maudet d'« induire des coûts injustifiés singulièrement plus élevés pour le contribuable que la note de frais annuelle aussi choquante qu'extravagante du plus dépensier des conseillers administratifs en Ville de Genève ». Et comment il ferait pour coûter aussi cher, Maudet ? Simple : en étant payé comme Conseiller d'Etat à plein temps pour ne plus assurer «même plus la moitié de sa tâche» et n'avoir plus que vingt ou trente fonctionnaires sous ses ordres. Et alors ? Il est contre la réduction du temps de travail, Ruetschi ?

A Genève, il n'y a donc pas que l'Affaire Maudet qui fasse débat. Il y a aussi la Fête des Ecoles. Ou la Fête des enfants. Ou les Promotions. On sait plus comment faut l'appeler depuis que la droite municipale a fait sien le combat essentiel, fonda-mental, quasiment religieux, en tout cas identitaire façon Wauquier, de lui redonner son nom de l'époque calvinienne, les Promotions, après qu'un social-traître ait décidé de la rebaptiser Fête des Ecoles, sous le futile prétexte que c'était la fête des écoles et plus celle des promotions, puisque même les élèves non promus y étaient conviés. On pourrait d'ailleurs tout aussi bien la baptiser Fête des Enfants, puisque ce sont eux que l'on fête. Mais c'est sans doute trop rousseauiste pour la droite genevoise. Certes, que cette fête soit baptisée fête des promotions, fête des écoles ou fête des enfants, ou des trois noms à la fois, peu nous chaut, et ce qui nous importe, c'est la fête, pas le nom qu'elle porte. Mais un peu de cohérence ne nuit pas aux propo-sitions patrimoniales. Et la droite municipale genevoise ne va pas jusqu'au bout de la sienne : elle veut redonner à la Fête des Ecoles son nom de Promotions en arguant de son origine (glorieuse) calvinienne ? Soit. Mais allons au bout de la démarche : à l'époque où cette Fête était instituée, n'y étaient invités que les élèves promus (d'où, évidem-ment, le nom de « promotions ») dans un degré supérieur. Et quels élè-ves promus ? Les garçons, seuls tenus à la scolarisation. et seuls les garçons protestants puisque les catholiques et les juifs n'étaient pas acceptés dans les écoles publiques genevoises, jusqu'à l'annexion de la Parvu-lissime République à la Grande République française, en 1798). Et le cortège des garçons protestants n'aboutissait pas dans un parc, mais au Temple. Forcément. Nous avons donc proposé à la droite un amendement de Restauration : que la Fête des Ecoles se rebaptise Fête des Promotions ? Soit. Mais, comme à l'époque de sa création, que n'y soient alors conviés que les garçons protestants. Et qu'elle finisse au Temple. Las ! Notre proposition a été refusée par une droite pusillanime. Qui n'a donc pas seulement restauré les Promotions, mais aussi le coïtus interuptus.

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