Journée internationale des droits des femmes : Avant la grève...


Vendr5edi était une Journée internationale des droits des femmes. Et dans trois mois, le 14 juin, ce sera en Suisse la deuxième grève nationale des femmes. Outre des revendications sociales qu'on se désole de devoir réitérer (l'égalité salariale, notamment), et des oppositions à des propositions péjorant la situation des femmes (le report de l'âge de leur droit à la retraite, par exemple), la réponse à donner aux violences spécifiquement faites aux femmes sera au centre du mouvement. "nous avons d'abord un problème de violence masculine dans une société patriarcale", résume la présidente de la Jeunesse Socialiste, Tamara Funiciello, et ce qui explique la forte implication d'immigrés dans des actes de violence conjugale, ce n'est pas leur qualité d'immigrés, mais le force du patriarcat dans leur société d'origine. Ce qui ne signifie nullement que dans la société suisse toute trace de comportements patriarcaux se soit miraculeusement effacée, comme si des hommes suisses ne se rendaient plus coupables d'actes violents sur des femmes, à commencer par leurs compagnes ou leurs filles...

Le féminisme est révolutionnaire. Parole de cisgenre.

La philosophe Geneviève Fraisse distingue judicieusement le patriarcat, en tant que système fondant une société, de la domination masculine, en tant qu'organisation sociale hiérarchisée. Engels postule une prise de pouvoir des hommes sur les femmes, de Beauvoir nie cette prise de pouvoir, et qu'il y ait eu un début à la dépendance des femmes. Autrement dit, il n'y a pas d'émancipation des femmes possible au sens où il y eut des émancipations de colonies ou de nations, puisque la domination des femmes par les hommes n'ayant pas de début, elle ne saurait avoir de fin. En revanche, cette domination suscite une histoire de l'émancipation comme une "histoire sans fin". Certes, le capitalisme est un "catalyseur de la domination masculine", mais il n'est pas le seul, et s'il la catalyse, c'est qu'elle lui préexiste. Choderlos de Laclos n'était pas de cet avis : pour lui, il y eut un moment où la femme "céda au lieu de consentir", et ainsi "forgea les chaînes de tout son sexe". De ces chaînes, les femmes ne peuvent se libérer que par une "grande révolution", de celles par lesquelles on "sort de l'esclavage".
En fait, historiquement, une telle révolution ne s'est pas produite. En revanche, de profondes réformes jalonnèrent "l'histoire sans fin" de l'émancipation des femmes : conquête des droits civils, économiques, familiaux et politiques, maîtrise de la conception, décriminalisation des choix de vie minoritaires. Des droits toujours menacés quand ils ont été conquis, et encore à conquérir dans une bonne partie du monde.

La lutte continue : une lutte pour la libération des femmes -et donc aussi pour celle des hommes, prisonniers (volontaires ou non) des rôles, des comportements, des positions sociales héritées. Une libération qui sera une remise en cause fondamentale de l'ordre social. C'est en quoi le féminisme est révolutionnaire.
Parole de cisgenre.

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