Prolongation sans convention collective des heures d'ouverture des magasins ? Et puis quoi encore ?



Le 19 mai prochain on ne votera pas seulement sur les réformes fiscales mitonnées par nos gouvernants fédéraux et cantonaux : on votera aussi, à Genève, sur une modification de la loi sur les horaires d'ouverture des magasins, afin d'en permettre une ouverture dominicale plus facile en l'absence de convention collective. Prétexte : le commerce d'achat transfrontalier. Prétexte ? Foutaise. On l'avoue ici, on bat notre coulpe et on se couvre la tête de cendre : comme des milliers de Genevois, ce qu'on ne trouve pas à acheter à Genève, et même en Ville de Genève ou à proximité immédiate, on va l'acheter à Annemasse ou sur Amazon. Si on s'en va en France ou sur internet pour faire des achats, c'est parce que les prix y sont moins élevés ou qu'on y trouve ce qu'on cherche et qu'on ne trouve pas à Genève. Et ce n'est pas parce que les magasins genevois seront ouverts plus longtemps que cela changera. La seule chose qui changerait, en se dégradant, ce sont les conditions de travail des employées et des employés du secteur. Et cela, on le refuse.

Défendre les droits des travailleuses et des travailleurs du commerce de détail

Hier, les syndicats SIT et Unia annonçaient que des associations patronales du commerce de détail avaient déposé un recours au Tribunal fédéral contre le nouveau contrat-type de travail qui supplée depuis 2017, pour cette branche, à l'absence de convention collective. Les mêmes associations patronales, ou plutôt leurs porte-valises politiques (le PLR en tête) avaient fait accepter au Grand Conseil de modifier la loi pour rendre possible une extension des heures d'ouverture des magasins sans que soit remplie la condition, acceptée par le peuple, de l'existence d'une convention collective. En attaquant à la fois le contrat-type qui supplée à l'absence de convention collective, et la nécessité d'une convention collective pour prolonger les horaires d'ouverture, la droite patronale et ses relais politiques attaquent l'imposition d'un salaire minimum (très minimum, pourtant : 4007 francs pour 42 heures de travail hebdomadaires), la défense des conditions de travail des salariés (surtout des salariées) du secteur et la capacité de l'Etat d'en contrôler le respect.

A Genève, un contre-projet à l'initiative de la gauche et des syndicats "Touche pas à mes dimanches" avait été accepté par le peuple en novembre 2017, autorisant une ouverture trois dimanches par an et le 31 décembre, à la condition qu'une convention collective de travail ait été établie et étendue à tout le secteur, comportant notamment des compensations suffisantes pour les travailleuses et les travailleurs. Or depuis 2017, il n'y a plus de convention collective. Les heures d'ouverture ne devraient donc pas pouvoir être prolongées. Mais la droite parlementaire s'en fout (elle qui donne des leçons de crédibilité et de cohérence au PS pour tenter de le dissuader de refuser une réforme fiscale...) : elle veut une ouverture prolongée des magasins, en expliquant que c'est le seul moyen de résister au tourisme d'achat transfrontalier et à la consommation par internet. Comme si le motif principal de l'un et de l'autre n'était pas tout simplement les prix. En quoi une ouverture prolongée des magasins en Suisse ferait-elle baisser ce tourisme d'achat ? En rien : les écarts de prix resteraient les mêmes, et les achats par internet continueraient de croître.

Le 19 mai, pour défendre les droits des travailleuses et des travailleurs du commerce de détail, on votera NON à la prolongation sans convention collective des heures d'ouverture des magasins.

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