Fonds de tiroir


Combien gagnent réellement par leur travail les salariés genevois, qui sont parmi les mieux payés de Suisse (et donc du monde) ? L'office cantonal de la statistique répond : dans l’ensemble de l’économie du canton et pour l'ensemble des salarié-e-s, le salaire mensuel brut médian atteignait en 2016 7'278 francs pour 40 heures de travail par semaine, en hausse de 1,7 % en deux ans. Mais ce chiffre global cèle de nombreuses inégalités : le salaire médian des cadres supérieurs (13'000 francs) et moyens (12'969 francs) était ainsi près de deux fois plus élevé que celui des salariés sans fonction d’encadrement (6'510 francs). Toutes positions profes-sionnelles confondues, le salaire médian dans les grandes entreprises (plus de 250 emplois) était de 15 % supérieur à celui enregistré dans les entreprises de taille moyenne (entre 51 et 250 emplois) et de 26 % supérieur à celui des petites entreprises (50 emplois ou moins). Quant à l'inégalité entre femmes et hommes, elle perdure : Le salaire médian des femmes (7'067 francs) est globalement de 5,3 % inférieur à celui des hommes (7'465 francs). L'écart salarial hommes-femmes oscille entre 1,6 % parmi les titulaires d'un brevet d'enseigne-ment et 20,1 % parmi les universitaires. L'effet du niveau de formation sur le salaire n'est pas équivalent pour les hommes et les femmes. Chez  les hommes, l'écart salarial médian entre les uni-versitaires et les titulaires d'une maturité s'élève à 27,7 %, alors que pour les femmes cet écart n'atteint que 11,2 % -on a là une manifestation d'égalisation vers le bas :  plus on descend dans la hié-rarchie professionnelle, plus les salaires sont également bas. Ouala. Dans la capitale mondiale du monde mondial des droits humains, on est mieux payé qu'ailleurs, d'accord. Mais on y a encore un  bout de chemin à faire pour arriver à l'égalité... que la constitution proclame haut et fort...

On pourrait bien devoir voter sur une tentative de la droite genevoise d'élargir les possibilités de sous-traitance des prestations des TPG à des privés : le Grand Conseil est en effet saisi d'une réforme méditée depuis cinq ans comme on médite un mauvais coup, et qui vise à rehausser le plafond de 10 % fixé par la loi aux services que les TPG peuvent sous-traiter à des entreprises privées. Quatre entreprises (dont la RATP...) employant 230 personnes se partagent actuellement le marché ouvert par cette possibilité, et la sous-traitance atteint 9,7 % des activités de l'entreprise publique : 27  lignes périphériques sont ainsi exploitées par des privés. En 2004 déjà, la droite avait tenté de rehausser le plafond de 10 %, et un référendum avait été lancé, avait abouti, et avait gagné à deux contre un en votation populaire. Le PLR est donc revenu à la charge en 2014, en proposant de faire passer le plafond de sous-traitance de 10 à 20% des services. En commission du Grand Conseil, la droite avait un peu nuancé cette ambition, et fait adopter un plafond de 15 % , le MCG en profitant évidemment pour glisser la «préférence cantonale» à l'emploi dans les entreprises sous-traitantes, qui n'arrivent déjà pas à trouver à embaucher des résidents vu les conditions de travail qu'elles imposent à leurs employés. Car si une ligne sous-traitée revient 20 % moins cher qu'une ligne assumée directement, c'est par l'effet de la sous-enchère sociale : salaires fixés par une convention de travail nationale ignorant le niveau des salaires genevois, avec un minimum salarial inférieur à celui garanti par les TPG à ses employés,  progression salariale réduite, conditions de travail plus pénibles. En rehaussant le plafond de sous-traitance, c'est l'extension de cette sous-enchère que projette la droite. Mais un plafond qu'on rehausse quand on en a envie ou dès qu'on l'a atteint, c'est quoi ? toujours un plafond, ou un parasol ?

La salle du Grand Conseil (et du Conseil municipal) de Genève a été complètement démantibulée, pour être complètement rénovée. Elle passera d'une configuration à l'anglaise, droite et gauche face à face, à une configuration en hémi-cycle, tout le monde en demi-cercle face au Conseil d'Etat, au Conseil administratif et aux bureaux des parlements cantonal et municipal. Maître d'oeuvre, le Conseiller d'Etat Serge Dal Busco se dit persuadé que cette nouvelle dispo-sition « aura une influence positive sur la teneur des débats ». Bref, ils vont être chiants, c'est ça ?

Les dimanches électoraux cantonaux se suivent et ne se ressemblent pas trait pour trait : au Tessin, avant hier, lors de l'élection du Conseil d'Etat et du Grand Conseil, les Verts ont reculé, à l'inverse du mouvement des dernières élections cantonales à Zurich, Bâle et Lucerne, le PS a progressé, comme à Bâle et Lucerne. Et comme à Bâle, Lucerne et Zurich, la droite de la droite a reculé : La Lega et l'UDC ont obtenu ensemble quasiment le même résultat que la Lega toute seule en 2015... Au Grand Conseil, avec 19,1 % des suffrages, elles passent ensemble derrière le PLR (25,7 %), qui pourtant recule aussi, mais moins qu'elles. Le PDC les talonne a 18, %, suivi du PS à 14,5%. Le Tessin reste solidement ancré à droite, avec un seul socialiste pour représenter toute la gauche au gouvernement de cinq membres (le PLR a échoué à prendre ce siège au PS), mais la droite libérale prend le pas sur la droite autoritaire. On ne s'en plaindra pas, si on regrette la faiblesse de la gauche. Toutes listes confondues (PS, MPS, Verts, PC et Liste Femmes), elle ne pèse guère qu'un quart de l'électorat. Mais bon, on se dira que partant de si bas, elle ne peut que progresser... et de toute façon, dans le canton de Genève, aux dernières élections, la gauche ne pesait pas plus qu'un tiers de l'électorat, alors, comme donneurs de leçons, on peut pas trop faire les malins...

«  Quand un Français est con, on dit: 'Quel sale con !'... Quand un Juif est con, on dit : 'Quel sale Juif !'... Je revendique pour les Juifs le droit d'être cons », disait Pierre Dac, qui pouvait le dire sans être suspect d'antisémitisme, en ayant lui-même été victime. Demain, on vote en Israël. Et selon les sondages, Benyamin Netanyahou pourrait rester au pouvoir. Une bonne partie de l'électorat israélien aura donc écouté Pierre Dac. En le prenant au mot.

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