Ville de Genève : Une grève prend fin, un combat continue


Une question de dignité et de cohérence

La grève des nettoyeurs des toilettes publiques de la Ville de Genève, employés par l'entreprise privée Onet et non par la Ville puisqu'elle a "externalisé" (sous-traité) ce service, durait depuis la mi-février. Elle a pris fin, les exigences des grévistes ayant été satisfaites. Le Conseil administratif propose au Conseil municipal un crédit de 158'000 francs destiné à "étoffer la prestation liée à l'entretien des toilettes publiques", afin de permettre à ceux qui assument cette prestation de pouvoir être payés à plein temps. Reste une revendication, qui est aussi la nôtre : que ce qui a été "externalisé" soit "réinternalisé", que celles et ceux qui travaillent pour la Ville soient employés par la Ville. S'agissant du nettoyage des toilettes publiques, il lui en coûterait entre un million et un million et demi de francs. En gros, un millième de son budget. Une grève prend fin, un combat continue. Pour que la Ville de Genève ne soit pas seulement l'employeur exemplaire de son directeur général mais aussi celui de ceux qui nettoient ses toilettes publiques, et qui ne demandent qu'une chose : pouvoir vivre dignement de leur travail. Une question de dignité pour les travailleurs, de cohérence pour la Ville.
Ceux qui travaillent pour la Ville doivent être employés par la Ville

Les employés d'ONET SA chargés de l'entretien des WC publics de la Ville de Genève étaient en grève depuis le 11 février pour la défense de leurs droits, à commencer celui de pouvoir vivre décemment de leur travail. Les grévistes et leur syndicat avaient remis au Conseil municipal une pétition signée par plus de 2000 personnes, demandant une "solution transitoire et immédiate" au conflit : que la Ville alloue une somme de 158'560 francs au budget du nettoyage des toilettes publiques, ce qui permettrait d'améliorer la prestation et de valoriser le contrat de travail de ceux qui l'assument, en leur permettant de travailler à plein temps pour pouvoir vivre -très modestement- de leur travail : ceux d'entre eux qui n'ont qu'un temps partiel de travail ne touchent en effet qu'un salaire réel de 2800 francs. Comment vit-on, à Genève, en 2019, avec 2800 francs par mois ? Le Conseil administratif est entré en matière (on salue l'effort de Sami Kanaan ) et propose au Conseil municipal un crédit extraordinaire de 158'000 francs, permettant aux nettoyeurs qui ne travaillent que 32 heures d'en travailler 40, et à ceux qui en travaillent 40 d'en travailler 43. Mais il n'est pas question de s'en tenir là : le syndicat et la gauche du Conseil municipal sont bien conscients qu'il ne s'agira là que d'un palliatif, d'une réponse à une urgence. Car la seule réponse cohérente et efficace au dumping social et salarial dont le secteur du nettoyage est l'un des théâtres privilégié est bien l'"internalisation" dans le secteur public de la Ville du nettoyage des lieux et locaux de la Ville . On peut commencer par internaliser le nettoyage des toilettes publiques, sans forcément procéder tout de suite à celui de tout le nettoyage : c'est le sens d'une proposition que nous (PS, Verts, Ensemble à Gauche) avons déposée au Conseil municipal -mais la droite a refusé de la traiter en urgence. "Si on internalise cette tâche, pourquoi pas d'autres ?". Bonne question (de Sami Kanaan). Et bonne réponse (la nôtre) : Ceux qui travaillent pour la Ville doivent être employés par la Ville. Y'a-t-il revendication plus simple ?  En attendant, la proposition de l'internaliser est donc au fin fond de l'ordre du jour du Conseil municipal, d'où il conviendra de l'extirper. Pour qu'on ne soit pas incités à proposer l'externalisation du Conseil municipal lui-même.




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