Brèves de comptoir


Lundi soir, la participation au scrutin du 19 mai à Genève plafonnait à 20.4%. A sept jours du vote. ça présageait d'une participation finale inférieure à 40 %, mais pouvant, si ça se met à voter plus cette semaine, atteindre 45 à 50%... pour un vote dont on ne sait pas s'il sera validé ou contesté, même si le président du Conseil d'Etat a assuré, depuis le Montenegro où il est en voyage officiel (avec Pierre Maudet...) que le scrutin n'est pas menacé. En revanche, le vote de 2015 sur la loi sur la police l'est, rétrospectivement, menacé. La loi avait été acceptée par 54 voix d'avance sur les refus (et compte tenu des votes blancs et nuls, elle n'avait même pas obtenu de majorité). Or il se pourrait que les fraudes électorales dont est suspecté (sans preuve, précise le Procureur général) un employé du Service des votations et élections aient porté, notamment, sur ce scrutin. Et on sait déjà que la campagne de Maudet en faveur de la loi avait  bénéficié d'une participation financière du fameux Cercle Fazy-Favon (la cagnotte de l'ancien parti radical), que lors du dépouillement on avait compté 61 enveloppes de plus que de bulletins de vote et que lors d'un recomptage des votes, les « oui » étaient passés de 42 à 54 voix. Bref, ce vote remplit toutes les conditions matérielles nécessaires pour être annulé : son résultat était très serré, et une fraude éventuelle a pu l'inverser. On attend quand même le résultat du vote du 19 mai pour demander l'annulation des résultats qui nous déplaisent, ou pour entendre nos copains d'en face en demander l'annulation s'il leur déplaît à eux (et nous plaît à nous, donc). On est bien bons. Ou bien prudents.

Comme on le sait, la supposée « Sainte Couronne » de Notre-Dame de Paris, une relique achetée, pour être la couronne d'épine que portait Jésus sur la croix, à un prix extravagant par le Roi de France Louis le Neuvième à l'Empereur d'Orient, a été sauvée des flammes de l'incendie de la cathédrale parisienne. «Le Matin Dimanche» nous rappelait le 21 avril que l'abbaye valaisanne de Saint-Maurice avait sa propre relique de la Saint Couronne : juste une épine, offerte par Saint Louis en 1262. Il en avait offert beaucoup, d'épines de cette provenance, le roi : on en trouve à Compiègne, à Trèves, à Florence, à Rome. Si on devait faire le compte de toutes les reliques de la Sainte Couronne qu'on trouve dans le monde, on aurait peut-être de quoi refaire plusieurs couronnes. Encore un miracle, quoi. Comme écrivait Jean Calvin, « Touchant de la couronne d'épines, il faut dire que les pièces en ont été replantées pour reverdir; autrement, je ne sais comment elle pourrait être ainsi augmentée. Pour un item, il y en a la troisième portion en la Sainte-Chapelle de Paris; à Rome, en l'église Sainte-Croix, il y en a trois épines; en l'église Saint-Eustace, de Rome même, quelque quantité; à Séne, je ne sais qualites épines; à Vicencc, une; a Bourges, cinq; à Besançon, en l'église de Saint-Jean, trois; à Mont-Royal, trois; à Saint-Salvador en Espagne, je ne sais combien; à Saint-Jacques, en Galice, deux; à Alhi, trois; à Toulouse, à Màcon, à Charroux en Poitou, à Cléri,à Saint-Flour, à Saint-Maximin en Provence, en l'abbaye de la Salle, en l'église paroissiale de St-Martin à Noyon : en chacun de tous ces lieux, il y en a pour le moins une. Quand on aurait fait diligente inquisition, on en pourrait nommer plus de quatre fois autant »... Eh ouais, on cite Calvin, et alors ? on peut quand même pas citer seulement Castellion...

L'employé du Service des votations et élections vaguement suspecté de fraude électorale était une sorte d'auxiliaire (« adjoint administratif » payé à l'heure pour effectuer des tâches « ponctuelles » et répétitives pendant les votations. La fraude, s'il s'en s'est réellement rendu coupable, serait donc une tâche « ponctuelle » ? On est rassurés. Et une tâche « répétitive » ? là, on l'est moins... De toute façon, « il n'y a pas d'indice de fraude » a déclaré le Procureur Général. La Genferei, c'est qu'il n'y a pas de Genferei. On raffine, là...

Le ridicule n'ayant par définition pas de limite, le PLR genevois demande à la Chancellerie fédérale, après la décou-verte de possibles fraudes électorales, d'intervenir pour assurer un scrutin «conforme au droit» le 19 mai. C'est là qu'on voit que le parti de Maudet n'est plus tout-à-fait le parti de Maudet.

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