Fonds de tiroir


Si vous cherchez du boulot dans l'administration publique genevoise, évitez le service des votations et élections : paraît que les « relations interpersonnelles» y sont «complexes» et l'ambiance de travail « lourde». C'est le Procureur général qui le dit. Et il se demande s'il est « sain que la mère et le fils travaillent dans le même service »... ouais, ben le fils, il a qu'à attendre que la mère prenne sa retraite pour prendre sa place... Bon, bref, si vous postulez à l'Etat, postulez ailleurs. Par exemple à l'Aéroport (c'est pas tout à fait l'Etat) : il semble qu'il soit assez facile d'y arrondir ses fins de mois. Mais bon, faut être chef de service, quand même. A la sécurité, si possible. Apparemment, y'a une place qui va se libérer : le chef se repose. A Champ-Dollon.

Le Conseil d'Etat a suspendu « mo-mentanément » les travaux du Conseil consultatif de la traversée du lac qu'il avait institué en 2016 pour trois ans. Pourquoi « momen-tanément » ? la traversée routière du lac est absente à la fois des priorités du Conseil d'Etat et, au moins jusqu'en 2040, du financement fédéral pour le réseau des routes nationales. Autant dire qu'elle ne pourra pas être financée. Et que si suspendre « momen-tanément » les travaux des 22 personnes qui devaient plancher sur ce fantôme de projet se justifie, c'est pour un « moment » qui se compte en quelques décennies. Le temps de débarrasser du projet de traversée routière du lac. Et pas momen-tanément : définitivement...

L'ancien conseiller d'Etat socialiste vaudois Pierre Chifelle, passé au POP, menace de faire recours contre le vote de la RFFA fédérale, pour violation d'unité de la matière (le ficelage d'une réforme fiscale et d'un financement de l'AVS). Un « cas limite », selon l'Office fédéral de la justice. Ouais, mais bon, le plaisir, face à une limite comme à une frontière,  c'est de la franchir, pas de la respecter, non ?

On salue nos camarades magistra-tes, qui, à l'instar d'Anne, Sandrine et Carole-Anne feront grève le 14 juin. Ne serait-ce, comme l'exprime Anne Emery-Torracinta, que pour manifester leur soutien au combat pour l'égalité, à la faveur de ce que Sandrine Salerno proclame comme un mouvement social et un moment de revendication important, auquel les socialistes ne peuvent pas ne pas prendre part.

Le vice-chancelier autrichien, et chef du parti d'extrême-droite FPOe, Heinz-Christian Strache, a été démissionné par le Chancelier (de droite) Sebastian Kurz, après la publication d'une vidéo où il négocie, il y a deux ans, avec une Russe qu'il croit liée au pouvoir russe, un soutien financier à son parti en échange de l'accès à des marchgés publics autrichiens. Du coup, non seulement il a été poussé à la démission par le Chancelier, mais celui-ci  a proposé et obtenu du président de la République l'organisation d'élections législatives anticipiées, qui devraient mettre fin à la coalition de la droite et de l'êxtrême-droite. Et tout ça tombe assez mal pour la droite de la droite européenne  qui célébrait une grand-messe électorale à Milan autour de Matteo Salvini et de Marine Le Pen. Enfin, quand on dit que ça tombe mal, faut bien avouer qu'on fait preuve d'un chouïa d'hypocrisie. De Schadenfreude, même.

La commune genevoise qui a accepté la loi fédérale sur les armes avec la plus faible majorité (56,36%), c'est Chancy. Sans doute le besoin de s'armer contre les envahisseurs français de l'autre côté de la route. Et le Tessin est le seul canton qui ait refusé cette loi. Là, c'est sans doute les frontaliers italiens que les indigènes veulent s'armer. Les périphéries, c'est toujours assez brut de décoffrage.

Là où la loi sur l'ouverture dominicale des commerces genevois a le plus massivement été acceptée, c'est dans les communes friquées de la rive gauche (genre Anières, Collonge-Bellerive, Cologny, Vandoeuvres) -où aucun magasin ne sera ouvert le dimanche. Même pour les travailleuses domestiques sans-papiers employées au noir qui font les courses.

Hors de la Ville de Genève, seule une commune et deux arron-dissements de Vernier ont voté contre la réforme fiscale cantonale : la commune d'Avully et les arrondissements de Châtelaine et des Avanchets. Et deux arron-dissements de la Ville, Prieuré-Sécheron et Cropettes-Vidollet, on voté pour la réforme fiscale fédérale et contre la réforme fiscale cantonale. On n'a d'explication plausible pour aucune de ces curio-sités locales. On n'a pas d'expli-cation pour tout. Un peu d'incerti-tude ne nuit jamais.

On a quand même gagné quelques votes, dimanche : à Genève, celui sur la politique culturelle et celui sur la caisse de retraite des fonctionnaires. Mais y'a pas que Genève (oui, je sais, ça surprend). Y'a aussi, par exemple, Berne, où la réduction des aides sociales a été refusée à 52,6 %. Et puis Bâle, où une initiative de la Jeunesse socialiste pour une hausse de l'imposition des hauts revenus a été acceptée à 52,7 %. Ouala. Haut les coeurs, et tout ça.

Donc, le scandale planétaire de la fraude électorale à Genève se dégonfle comme une baudruche. On est déçus, déçus, déçus... Et le Procureur général dit vouloir comprendre comment « de petits riens sont devenus de grandes fraudes »... euh... qui déjà a lancé l'affaire ? Quant au Conseil d'Etat, il est furax : les media ont monté un truc maousse à partir de rien et les politiciens en ont remis une couche. D'ailleurs, même nous on s'y est mis (un peu) . Bon, alors on en fait quoi, de toutes les propositions urgentes déposées par à peu près tous les partis dans les deux ou trois jours suivant la révélation du scandale-qui-n'en-est-plus un, de la demande du PLR de faire surveiller les votations genevoi-ses par des observateurs de la Chancellerie fédérale à l'annulation exigée par le MCG de la votation de 2015 sur la loi sur le police, en passant par la proposition d'Ensemble à Gauche de réviser les quatre arrêtés validant les quatre scrutins qui aurait pu être concernés par des fraudes ? On s’assoit dessus ?  On les encadre pour décorer les murs du Service des vota-tions et élections ? Il semble bien qu'il le mérite : donnant conférence de presse, le Procureur général Olivier Jornot a donné quelques détails croustillants sur le fonctionnement du service et les pratiques qui y étaient admises : Ainsi par exemple celle d'ouvrir des enveloppes de vote, de faire refaire à la main les bulletins de vote dont les croix posées dans les carrés à cocher pour exprimer son vote étaient illisibles par le système de lecture optique, avant de détruire les dits bulletins, remplacés par ceux remplis par les employés du service... Paraît que ça fait « bondir » les services de votations et élections des cantons voisins. Comprennent rien au folklore genevois, les voisins...

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