Fonds de tiroir


Le MCG lance huit candidats au Conseil national pour sauver le seul siège qu'il y détient, celui du luminescent Roger Golay, et lance son secrétaire général François Baertschy au Conseil d'Etat pour... pour rien, histoire d'être là.  Pour le Conseil national, le parti annonce que sa liste (où on trouve notam-ment Thierry Cerutti et Daniel Sormanni) pourrait être complétée si une candidature supplémentaire la rendait «encore plus performan-te». Eric Stauffer en frétille déjà.

La participation au vote de dimanche a atteint 45,29 % à Genève, alors qu'un moment, on put craindre qu'elle allait stagner à moins de 35 % vu le tintamarre autour de possibles fraudes au service des votations et élections. Le vote par correspondance a en effet connu un tassement une semaine avant la clôture du scrutin, mais dès que le Procureur général eut dégonflé la baudruche qu'il avait lui-même gonflée, il a repris un rythme normal (entre 2 et 4 % de points de participation par jour) les jours suivants. C'est le mode genevois de la théorie des catastrophes : un battement d'aile de Jornot provoque une vague dans les urnes.

Donc, le POP vaudois (le Parti du Travail, donc) a décidé de recourir contre le vote de la réforme fiscale couplée au financement de l'AVS, acceptée dimanche dernier. C'est précisément contre ce couplage que s'élève le POP, qui le considère comme contraire au principe de  l'unité de la matière. Un avis de droit de l'Office fédéral de la Justice avait quant à lui estimé que ce paquet ficelé était un «cas limite» du point de vue du respect de ce principe -toute la question étant de savoir de quel côté de la limite se situe le cas : côté respect ou côté irrespect ? Le POP vaudois étant de l'avis qu'on est dans l'irrespect du principe, il fait recours contre le résultat du vote, d'abord auprès du Conseil d'Etat vaudois (qui ne manquera pas de rejeter ce recours), puis, le cas échéant, au Tribunal fédéral. A Neuchâtel, en 2011, un vote cantonal qui liait déjà la fiscalité des entreprises à un objet différent (l'accueil de jour des enfants) avait d'ailleurs été annulé par le Tribunal fédéral. Et à Genève, le vote sur la fiscalité des entreprises a été dissocié du vote sur un renforcement des sub-sides pour les primes d'assurance-ma-ladie.  On ne préjugera pas le résultat du recours popiste, même si on ne lui donnera guère de chance, mais on dira que sur le fond, on partage l'appré-ciation des recourants sur la légitimité de la méthode utilisée par le Conseil fédéral et le parlement pour faire pas-ser leur réforme fiscale. On constatera en tout cas qu'elle a été efficace.  Ce qui ne la rend pas plus élégante pour autant : c'est du bon maquignonnage, mais ça reste du maquignonnage.

Autre bonne nouvelle du dimanche de votations : à Vevey, les citoyens ont, comme le leur recommandait la gauche, refusé à 53 % la cons-truction d'un parking sous la belle place du Marché, et autorisé la Municipalité à débarrasser la place de la majorité des bagnoles qui s'y entassent et la défigurent. Finale-ment, il était pas si déprimant, ce dimanche de votation : on y trouvait de petites consolations.

Pierre Maudet, encore (ou à nouveau, faudrait pas croire que les tentatives foireuses de le concurrencer sur le terrain miné de la production de  Genferei aient la moindre chance de réussite) : il avait demandé la récu-sation des trois procureurs qui lui cherchent des noises: Olivier Jornot, Stéphane Gorecki et Yves Bertossa -la chambre pénale de recours refuse sa demande, les trois procureurs qui avaient suspendu leurs investigations sur la collection de casseroles que traîne Maudet pourront les reprendre. On se réjouit d'avance. Mais comme une mauvaise nouvelle arrive rare-ment seule, la même chambre a également refusé un autre recours maudétien, celui contre la communi-cation au Conseil d'Etat, par le Ministère public, du procès verbal d'une audition lors de laquelle Maudet admettait avoir eu une attitude «indigne» de sa fonction. Ouf, la rubrique «Affaire Maudet» de la presse genevoise et circonvoisine va pouvoir être à nouveau alimentée.

Bonne nouvelle à Genève : un mauvais payeur paie ses dettes, sans même que l'Office des Poursuites ait eu à intervenir (dans l'état où il est, ça valait mieux). Non, là, on parle pas de nous. Même si on parle d'un mauvais payeur de gauche. Bon, bref, début mai, solidaritéS a finalement décidé de reverser à deux conseillères muni-cipales du Parti du Travail, et donc d'Ensemble à Gauche, la part des jetons de présence qui leur reviennent (et qui est d'ailleurs constitutive de leur revenu imposable). Faut dire que c'est solidaritéS qui gère les jetons de présence des élues et élus des trois composantes d'Ensemble à Gauche. Mais elle retenait celle des élues du Parti du Travail pour le punir d'avoir accepté l'adhésion de quatre élues et élus démissionnaires de solidaritéS après un conflit de travail au secrétariat du mouvement. Et les jetons de ces quatre-là, solidaritéS exige toujours qu'ils lui reviennent. Et veut leur interdire de se (re)présenter aux Municipales de l'année prochaine en Ville sur une liste d'Ensemble à Gauche. Bon, faut pas qu'on ricane trop fort vu qu'on a besoin que Ensemble à Gauche obtienne au moins 7 % des suffrages pour être représentée au Conseil municipal de la Ville, que s'il y a deux listes séparées de la gauche de la gauche, il y a de fortes malchances qu'aucune des deux ne passe ce quorum -et qu'en ce cas, l'objectif de la gauche de reconquérir la majorité des sièges au parlement de la Ville serait quasiment inatteignable -à moins que ni l'UDC, ni le MCG n'atteigne ce fameux quorum -assez antidémocratique, faut bien le dire. A quoi ça tient, les grands séismes politiques, quand même...

Encore une petite victoire à noter, à propos des votations de dimanche dernier : à Schwytz, les citoyens ont accepté la mise en oeuvre de l'initiative de la Jeunesse socialiste pour le transparence du financement des partis politiques. On progresse, on progresse, on vous dit. Bon, à un rythme suisse, mais c'est mieux que rester sur place sans aucun rythme du tout.

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