Il y a mieux à faire le dimanche que courir les magasins : Demain, votez !



Le salaire minimum dans le secteur de la vente de détail à Genève augmente de 67 francs et passe la barre des 4000 francs par mois : c'est le résultat d'une décision de la Chambre des relations collectives du travail, confirmée par le Tribunal fédéral qui a rejeté le recours déposé par les patrons contre l'augmentation (indexation) de 1,7 % des salaires dès le 1er janvier 2019. Cette adaptation salariale est prévue dans le contrat-type de travail qui supplée à l'absence de convention collective, alors qu'une convention collective est précisément la condition posée dans une loi votée par le peuple pour que les commerces soient autorisés à ouvrir trois dimanches par an. Une condition contournée par une nouvelle loi, soumise à référendum. Après une victoire syndicale devant la justice, On en espère une autre dans les urnes dimanche. Demain, votez !


Un conte de fée patronal et un message des églises

La présidente de la Fédération du commerce genevois, qui appelle évidemment à soutenir l'ouverture dominicale de ces commerces, écrit dans la "Tribune de Genève" : "Le commerce genevois se bat à armes inégales depuis des années pour sauver ses 18'000 emplois face aux défis que sont le commerce en ligne, la concurrence transfrontalière et le changement de société". Que le commerce genevoise se batte, nul n'en doute. Qu'il se batte d'abord pour "sauver ses 18'000 emplois" est un peu plus incertain -il se bat, comme tout commerce, pour se sauver lui-même. Mais croire qu'une ouverture dominicale des magasins qui actuellement restent fermés le Jour du Seigneur puisse être une réponse au commerce en ligne, à la concurrence transfrontalière et au changement de société relève du conte de fée. Et que 18'000 emplois soient menacés par la fermeture dominicale actuelle, de la démonologie.Qu'un commerce soit ou non ouvert le dimanche ne change évidemment rien à la capacité de dépenser et de consommer de ses clients, réels ou potentiels, ni à la différence des prix d'un côté et de l'autre de la frontière, ni à la facilité du commerce sur internet.

On ne s'étonnera pas (on s'en félicitera même, tout athée qu'on soit) que l'église protestante de Genève et sa cousine catholique romaine se soient fendues d'un communiqué commun rappelant la nécessité d'une rupture (le dimanche, en l'occurrence) dans le rythme de vie et la "soumission aux impératifs économiques". Car en vérité, en vérité on vous le dit (avec les églises) : Il y a bien des choses plus intéressantes à faire le dimanche que courir les magasins. Se promener, lire, aller au théâtre, au cinéma, au bistrot... et se rendre matutinalement au local de vote pour voter "non" à une ouverture dominicale des magasins, inutile aux commerces autant qu'aux consommateurs mais pesant sur les travailleuses et les travailleurs du secteur.




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