Fonds de tiroir

On salue (groink...) notre nouvelle présidente du parlement municipal genevois (le seul, à vrai dire, qui nous importe -et pas seulement parce qu'on y siège, surtout parce qu'il ne pond pas de lois), Marie-Pierre Theubet. On la salue et on  lui souhaite bien de la résistance et de la distance pour passer à travers les coui9nement des blaireaux (ça couine, les blaireaux ?) pendant une année. Ils ont commencé hier et avant-hier à beugler (ça beugle, les blaireaux ?), et ils vont pas s'arrêter. D'abord parce qu'ils ne savent pas s'exprimer autrement. Ensuite parce qu'on entre en année électorale et que comme leur parti est dans la merdre jusqu'au cou, des comportements ubuesques suivent, mécaniquement. Quant à nous, une femme, verte et de gauche, pour la dernière année de la "législature" (qui n'en est donc pas une) municipale, on apprécie. Une femme à la présidence du Conseil municipal, ça fait huit ans que ça n'était plus arrivé. Et Marie-Pierre n'est que la onzième à avoir été élue à ce poste (il avait déjà fallu attendre 1968 pour qu'une femme y accède). Une semaine avant la Grève des Femmes-grève féministe du 14 juin, elle tombe bien. Enfin, non, elle tombe pas, elle reste au perchoir... Au-dessus des blaireaux...

Dernière nouvelles de Maudet : un homme a été arrêté la semaine dernière dans le cadre de l'enquête sur un braquage de fourgon blindé à Chavornay, dans le canton de Vaud (butin : entre dix et quinze millions de francs). Il aurait été l'informateur des braqueurs (qui auraient aussi été arrêtés). Quel rapport avec Maudet (dont les avocats assurent qu'il « ignore tout de ce personnage") ? Ben, le personnage, c'est le patron du bar des Grottes, l'Escobar, où Maudet avait fêté son anniversaire, et il avait admis avoir donné 5000 balles à un homme d'affaire libanais pour payer un sondage sur Maudet. Et c'est lui qui est inculpé pour « acceptation d'un avantage » après avoir organisé le voyage de Maudet à Abu Dhabi en 2015 -voyage que Maudet avait commencé par affirmer qu'il était d'ordre privé et que c'était le cadeau d'un ami, avant qu'il s'avère que ledit voyage avait été payée par le Prince héritier des Emirats arabes unis. Vous suivez ? Vous êtes doués. Parce que nous, on commence à perdre des fils dans cette histoire. Heureusement que les procureurs vont pouvoir reprendre leur métier à tisser, vu que Maudet a renoncé à faire recours au Tribunal fédéral contre le rejet par la Chambre pénale de recours de sa demande de récusation desdits procureurs, à qui il reprochait d'avoir transmis des éléments de leur instruction au Conseil d'Etat. Une « trahison », selon ses avocats. Donc, il ne fera pas recours, parce qu'il veut, expliquent ses avocats, que l'instruction de la procédure lancée contre lui pour « acceptation d'un avantage » puisse reprendre (ça fait quatre mois qu'elle est gelée à cause de la demande de récusation). Et si Maudet veut qu'elle reprenne, l'instruction, c'est, dit-il, qu'elle doit lui permettre d'établir son innocence. Parce que quelqu'un en doutait, de son innocence ?

Chez les sympathisants des « gilets jaunes » français, on a fort peu voté aux Européennes pour les listes se réclamant du mouvement : l'« Allian-ce jaune » de Francis Lalanne n'a récolté que 0,54 % des suffrages, «Evo-lution citoyenne » de Christophe Chalençon a rampé à 0,001 %. Les listes qui comprenaient des « gilets jaunes » n'ont pas fait beaucoup mieux : 3,5 % pour celle de Dupont-Aignan (« Debout la France »), 0,5 % pour celle de Florian Philippot (« Les Patriotes »). Selon les sondage, les sympathisants des « gilets jaunes » se sont soit abstenus, soit on voté blanc ou nul, soit ont voté (à 34 %) pour le Rassemblement National, ou pour les Insoumis de Méluche. Et ont laissé Macron et Le Pen empocher la mise. Zauraient pu faire un effort, quand même : la rue et les urnes, c'est pas contradictoire, c'est complémentaire.

Elections européennes en Allemagne : les Verts cartonnent, en siphonnant (notamment) l'électorat du SPD (social-démocrate), dont 1,3 million d'électeurs aux législatives de 2017 (où le SPD s'était déjà gaufré) a voté écolo aux Européennes. Du coup, la présidente du parti a annoncé sa démission. La CDU (Chrétienne-démocrate) a aussi offert (et pas par charité chrétienne) 1,1 million d'électeurs aux Verts. Bon, y'a une justice : c'est le prix d'une coalition dont personne n'arrive plus à distinguer l'identité des partenaires. Mais c'est aussi l'effet d'un changement de perception des priorités : le dérèglement climatique a pris la première place à la crise migratoire -d'ailleurs, l'extrême-droite de l'AFD n'a fait que 10,8 % des suffrages et a reculé de deux points en deux ans. Mais elle cartonne dans l'est (l'ancienne RDA) et arrive en tête en Saxe et au Brandebourg. Ou on continue à avoir peur du noir. Et du musulman. Sales têtes de Prussiens, comme on disait à Sedan en 1870.

Grève des Femmes, le 14 juin en Suisse, donc. Grève de toutes les femmes : les femmes catholiques et protestantes aussi. Y'avait pas de raison. Les cathos romandes, à l'appel du « Réseau de femmes en église » du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, qui s'associe à la grève des femmes, se rendront à Lausanne, au vicariat vaudois à l'occasion d'une rencontre des « ordi-naires romands » (évêques, vicaires, délégués épiscopaux). Elles réclament une « Eglise avec les femmes », revendiquent la lutte contre le cléricalisme et pour la diversité. Y'a du boulot : les femmes sont majoritaires chez les fidèles et dans la catéchèse, mais elles ne peuvent être prêtresses. Les protestantes peuvent être pasteures, mais il ne faudrait pas en déduire que leurs églises sont devenues féministes -d'ailleurs, cathos et parpaillotes se retrouveront à Genève, au Temple de Plainpalais. Au niveau national, les Femmes Protestantes et la Ligue des femmes catholiques (non, c'est pas la Sainte Ligue, faut pas tout mélanger) soutiennent la Grève du 14 juin et appellent les femmes engagées dans leurs églises à s'en désengager le temps de la grève, en rappelant que l'Eglise est « portée par les femmes mais dirigée par les hommes ». Comme la société, quoi. Ce qui remet l'église au milieu du village. Au milieu, pas au-dessus.

Lors de leurs premières séances de juin, le Grand Conseil et le Conseil Municipal de Genève ont vu leurs groupes socialistes et verts réserver le droit d'intervenir en séance plénière  à leurs députées et conseillères muni-cipales, comme prémisse de la grève du 14 juin. Les autres groupes parle-mentaires n'en ont pas fait autant. Bon, le groupe UDC du Conseil municipal n'aurait pas pu, vu qu'il ne compte aucune femme dans ses rangs. Au Grand Conseil, Ensemble à Gauche a expliqué qu'il ne pouvait réserver la parole aux députées parce qu'il n'en a pas assez. Le MCG était évidemment tout à fait opposé à l'idée de faire taire les hommes (au Conseil municipal, les aboiements masculins issus de leur chenil n'ont pas cessé, y compris à l'adresse de la présidente du Conseil). Bref, chacun a joué son rôle. La grève des femmes, c'est pas seule-ment un moment de revendication, c'est aussi, avant même qu'elle ait lieu, une échéance révélatrice.

Le Conseil d’État a décidé de faire un cadeau de plus de huit millions de francs à Genève Tourisme en ramenant de 18,5 à 10 millions une dette de la fondation à l'égard de l'Etat. Le magistrat de tutelle de Genève Tourisme s'appelle Pierre Maudet (il s'y connaît, d'ailleurs, en tourisme). Il est Conseiller d'Etat PLR. La présidente de Genève Tourisme s'appelle Sophie Dubuis. Elle est candidate PLR à l'élection du Conseil National. Ce qui reste de la dette de Genève Tourisme, c'est le Cercle Fazy-Favon qui la paiera ?

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