Fonds de tiroir


A l'heure où vous lirez ces lignes, Genève aurait peut-être pu compter un jeune retraité de plus : Pierre Maudet. Parce qu'élu le 17 juin 2012, il aurait peut-être pu revendiquer une rente à vie de 89'000 balles par an (accordée dès qu'on est entré dans la huitième année de la fonction) s'il avait démissionné le 18 juin. En tout cas, il pourra y prétendre dès dimanche 30 juin, la seule question étant de savoir si le délai court dès l'élection ou dès la prestation de serment.  Et s’il reste en place jusqu’à la fin de son mandat actuel. c'est 125'000 balles par an qu'il touchera.  Pour quelqu'un qui n'a quasiment plus rien à foutre qu'à mettre son nez dans les dossiers de ses collègues, vu qu'on lui a retiré quasiment toutes ses responsabilités, c'est pas mal. Et puis, Maudet, il pourrait démis-sionner cet été du Conseil d'Etat pour pouvoir se représenter à l'élection, au printemps prochain, du Conseil administratif (où il siégeait avant de passer au Conseil d'Etat), puis, le moment venu, se représenter au Conseil d'Etat et repartir pour un tour (sans cette fois passer par la case Abu Dhabi ni la case Escobar). Elle est pas bonne, notre idée ?  Bon, à tout hasard, on la transmet au PLR...

Annulant dix minutes avant qu'elle se produise une frappe aérienne sur l'Iran qu'il avait lui-même ordonnée après que l'Iran ait abattu un drone américain, Donald Trump a expliqué cette annulation par « le risque de pertes humaines ». Eh ouais, la guerre, ça fait des morts. Il progresse, Donald. Encore un mandat présidentiel, et il aura ap-pris à lire. En attendant, il affirme vouloir négocier avec l'Iran tout en le menaçant d'un « anéantissement jamais vu » (même à Hiroshima ?) et en décidant de sanctions contres les avoirs à l'étranger de dirigeants iraniens, dont, précise-t-il, l'Ayatollah Khomeiny, mort il y a trente ans.  Et pour justifier ses menaces et son retrait de l'accord bridant le nucléaire iranien, il explique que cet accord avait laissé à l'Iran « la voie libre » vers l'armement nucléaire alors même que l'accord avait fermé cette voie. Et que c'est le retrait américain de l'accord qui pousse aujourd'hui l'Iran à envisager de le remettre en cause. Finalement, c'est une bonne idée qu'il a eu de se représenter pour un nouveau mandat présidentiel, Trump. Evidemment, ce type est une calamité pour la paix mondiale, les droits des peuples et la lutte contre le déréglement climatique, mais en repoussant jour après jour les limites perceptibles de la connerie, il est d'un apport considérable à la médecine. Plus précisément, à la psychiatrie.

L'urgence climatique a été décrétée. Et tout le monde s'y met. Y compris le PLR, c'est dire si y'a urgence. Les villes sont à l'avant-garde de cette mobilisation. Et qu'est-ce qu'on a fait à Berne, le 22 juin ? On a organisé une course automobile en pleine ville. Bon, d'accord, c'est une course de formule E -de bagnoles élec triques, donc. Mais pour acheminer les bagnoles, les pilotes, les équipes, le matériel, le générateur qui produit le courant pour charger les batteries des bagnoles, et qui pèse 500 tonnes, il a fallu faire 175'000 kilomètres en avion, plus 230 voyages depuis Zurich pour transporter des blocs de béton. On attend le bilan carbone de cet exercice imbécile. A côté de quoi un voyage à Abu Dhabi pour assister à une course de formule 1 tient du pique-nique champêtre.

C'est notre dernier numéro avant deux semaines de vacances. Et en plus, c'est la canicule avec un mois d'avance. Alors, on retransmet ces deux petites joyeusetés estivales qui nous ont mis d'excellente humeur, et qui nous ont été offertes par la présidente du PLR suisse, Petra Gössi, dans « Le Matin Dimanche » de dimanche dernier, après l'adoption par l'assemblée des délégués du parti d'un  programme environnemental qui rompt avec tout ce que le PLR, et avant lui le PL et le PR, avaient défendus : donc, assure Petra Gösssi, « nos positions n'ont pas changé ». Et « l'environ-nement fait partie de l'ADN du PLR ». Et même, elle dit ça sérieusement, la cheffe du PLR. Ben dis donc, il a de ces effets sur la mémoire, le réchauffement climatique...

Y'a pas que sur le PLR que l'approche des vacances d'été a un effet bénéfique, y'a aussi sur «Ensemble à Gauche». Après des mois de déni de réalité, SolidaritéS a admis avoir « failli dans son devoir de protection de la personnalité » de son ancienne secrétaire, Maria Lou Pérez, par ailleurs conseillère muni-cipale (mais passée au Parti du Travail), avoir contribué à la « vio-lation de (sa) personnalité », avec pour conséquence son licenciement. SolidaritéS a également reconnu les « emportements répétés et inadé-quats » de son ancien co-secrétaire Pablo Cruchon, par ailleurs député, et cela « en présence de membres de l'organe décisionnel » du mouve-ment (sa coordination). Et enfin, que plusieurs « de ses membres et représentants emblématiques » ont commis des « communications publiques (...) perçues comme un déni de réalité des atteintes » à la personnalité de Maria Lou Pérez. Bon, cette belle autocritique a dû être arrachée à SolidaritéS par la saisie du tribunal des prud'hommes, mais c'est une bonne chose que de clore un litige qui affectait gran-dement la crédibilité de la gauche de la gauche. Et puis, l'autocritique et la confession publique sont assez rarement un acte spontané. Oualà. Maintenant, on peut, peut-être, recommencer à parler et agir poli-tique. Alliances, projets, combats électoraux. La routine, quoi.

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