Transports publics à Genève : sous-traitance et "révolution"


L'entrée en fonctionnement du "Léman Express", prévue en décembre 2019 avec celle des 16 kilomètres du CEVA, va "révolutionner la mobilité dans le canton", annonce le ministre des Transports, Serge Dal Busco. En attendant quoi la droite veut sa petite réforme. Réactionnaire, la réforme : élargir les possibilités de sous-traitance des prestations des TPG à des privés. Le Grand Conseil est en effet saisi d'une proposition qui vise à rehausser le plafond de 10 % fixé par la loi aux services que les TPG peuvent sous-traiter à des entreprises privées. Quatre entreprises se partagent actuellement le marché ouvert par cette possibilité, et la sous-traitance atteint 9,7 % des activités de l'entreprise publique : une trentaine de lignes périphériques sont ainsi exploitées par des privés. En 2004 déjà, la droite avait tenté de rehausser le plafond de 10 %, et un référendum avait été lancé, avait abouti, et gagné (à deux contre un) en votation populaire. Le PLR est donc revenu à la charge en 2014, en proposant de faire passer le plafond de sous.traitance de 10 à 20 % des services. En commission du Grand Conseil, la droite avait un peu nuancé cette ambition, et fait adopter un plafond de 15 %. C'est toujours le rehausser de 50 %... et c'est donc toujours inacceptable : si une ligne sous-traitée revient 20 % moins cher qu'une ligne assumée directement, c'est par l'effet de la sous-enchère sociale : progression salariale réduite, conditions de travail plus pénibles. En rehaussant le plafond de sous-traitance, c'est l'extension de cette sous-enchère que projette la droite. Mais un plafond qu'on rehausse quand on en a envie, c'est quoi ? encore un plafond, ou seulement un parasol ?

"Révolutionner la mobilité dans le canton" ou la région ?

L'entrée en fonctionnement du "Léman Express", prévue en décembre 2019 avec celle des 16 kilomètres du CEVA, va "révolutionner la mobilité dans le canton", annonce le ministre des Transports, Serge Dal Busco. Pourquoi seulement "dans le canton" ? On parle d' une infrastructure ("le projet du siècle pour Genève et pour la région"...) qui va entraîner une "réorganisation globale du réseau des TPG" en rabattant les lignes de bus vers les gares du "Léman Express", véritable RER transfrontalier. En desservant 45 gares sur 230 kilomètres de lignes dans les cantons de Vaud et Genève et les départements français de l’Ain et de Haute-Savoie, dans un rayon de 60 kilomètres autour de Genève, il réduira, selon les prévisions, le trafic individuel motorisé entrant sur le territoire genevois de 12%, soit plus que la diminution du trafic observée en été (7 %). Avec 4400 passagers par heure de service et par sens, soit 50'000 voyageurs par jour dans une quarantaine de trains (un train toutes les dix minutes entre les gares de Cornavin et d'Annemasse et vice-versa) il transportera autant de personnes que les automobiles sur une autoroute à deux doubles voies. Et, affirme le Conseiller d'Etat Dal Busco, "80 % des habitants du canton et 86 % des emplois se retrouveront à moins d'un kilomètre et demi d'une gare". Ou du moins d'une ligne TPG menant directement à une gare.
Quant au réseau de tram, il va être étendu de la zone industrielle de Meyrin-Satigny-Vernier vers Bernex, Plan-les-Ouates et le Grand Saconnex. Une nouvelle ligne de RER, de Bernex à Meyrin, est envisagée, pour compléter le CEVA, d'ici 2040. La gare de Cornavin sera étendue en sous-sol d'ici une dizaine d'années. En revanche, l'extension du tram vers Annemasse et Saint-Genis-Pouilly est reportée, faute de cofinancement par la Confédération. Dommage, Car comme l'affirme le Maire d'Annemasse, Christian Dupessey, "Nous sommes, Français et Suisses, colocataires de ce territoire, le Grand Genève, et le Léman Express nous reliera un peu plus encore".
Encore faut-il se livrer à un exercice d'une incroyable audace intellectuelle : que les Genevois admettent que Genève est le centre d'une région qui excède de beaucoup le canton de Genève.

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