Fonds de tiroir


Samedi 19 octobre, à Moudon, la Confrérie du Gruyère (les Chevaliers du Tastefromage, quoi), tiendra son Chapitre dans les caves d'une entreprise d'affinage. Après quoi elle se rendra en cortège dans un ancien grenier bernois, puis dans une auberge pour un repas de gala. Ou on servira évidemment du gruyère. Dont un AOP de 8 mois produit par Muhamet Lekiqi. Comme nous le susurre un vieux camarade, « au moment où la xénophobie gagne du terrain », c'est « très encourageant ». On n'attend plus qu'une chose : que la Guilde du Schabziger en fasse autant.

La « Tribune de Genève » s'est procurée la liste des audits effectués par la Ville de Genève sur ses propres services ou des bénéficiaires de ses subventions : sur dix ans, on en compte plus d'une centaine (sans compter ceux menés par le Cour des Comptes). La majorité sont menés dans le Département des Finances et du logement, les autres pour la plupart dans le Département de la cohésion sociale et celui de la culture et du sport, dont le plus coûteux de ces audits (168'000 francs), sur l'état de conservation des documents dans le bâtiment de la Bibliothèque de Genève. Au total, ces audits ont coûté plus de deux millions de francs. Et le Conseil municipal en exige régulièrement de nouveaux, en plus de ceux décidés par le Conseil administratif lui-même. On aime les audits à Genève. Et quand on aime les audits, on ne les compte pas. Quant à savoir s'ils servent à quelque chose, c'est une autre histoire. Pour laquelle il se justifierait d'ailleurs que l'on ordonnât un audit sur les audits.

La Ville de Genève aime les chiens. Son Conseil administratif propose au Conseil municipal un crédit d'un peu moins d'un million pour aménager quatre nouveaux espaces clôturés pour que les Medor des 10'000 genevois qui en possèdent puissent s'ébattre, et pour rénover les espaces existants.  Les quatre nouveaux espaces seraient tous situés sur la rive droite, qui en manquerait, alors qu'il y a plus de proprios de clebs sur la rive droite que sur la rive gauche. ça doit être pour ça qu'on préfère la rive gauche. Bon, les chiens auront des espaces supplémentaires. Manque plus que d'en offrir aussi aux humains. Les chats, eux, se débrouillent tout seuls.

En 1989, on apprenait que près de 900'000 Suisses et Suissesses avaient été fichés par les polices de la  Confé-dération et des cantons depuis la fin de la Guerre Mondiale. Le scandale avait été énorme, les autorités avaient ouverts les fichiers à qui le demandait, et promis que désormais elles respecteraient la vie privée, promesses réitérées lors de la votation de 2016 sur le renforcement des prérogatives de surveillance de la Confédération. Or fin mai dernier, la Wochenzeitung révélait que le Service de Renseignement de la Confédération recommençait à ficher des élus politiques (à moins qu'elle n'ait jamais cessé de le faire). Ainsi, la Conseillère aux Etats socialiste bâloise Anita Fetz a été fichée pour avoir participé à un débat sur la migration dans un centre culturel kurde soupçonné d'accointances avec le PKK... Mais « on ne sait pas précisément qui a été fiché, ni pourquoi », note la pré-sidente de la Jeunesse socialiste, Tamara Funiciello. Le Service de renseignement nie et promet qu'il n'agit que dans « le respect des bases légales ». On le croit sur parole. Faut toujours le croire sur parole. Sinon on est fichés pour mauvais esprit.

Au printemps, « Le Temps » avait publié la sélection faite par un jury romand de 50 journalistes, libraires, bibliothécaires, professeurs et respon-sables d'institutions et de festivals littéraires, des « 50 plus grands livres de littérature française » (disons plutôt de littérature en français) de 1900 à nos jours). On l'a lu avec attention, on n'a pas été trop surpris de la liste (qui contient finalement 66 titres, vu les ex-aequo), ni du classement (« A la recherche du temps perdu » de Proust en tête, suivi du « voyage au bout de la nuit de Céline ») : tous ceux qu'on voudrait y voir y sont, et aucun de ceux qu'on n'aurait pas voulu y voir. On salue au passage l'excellente 8ème place de l'« Usage du Monde » de Nicolas Bouvier. Et on se promet de lire les livres qui sont dans la liste et qu'on n'a pas encore lus. Ouais, y'en a. Faut pas croire, on n'a pas lu tous les livres. Et la chair n'est pas triste.

Rémy Pagani a 65 ans (et des poussières). Après 13 ans de mandat à l'Exécutif municipal de Genève, il a renoncé à se représenter, mais continue de siéger au Grand Conseil, dans le groupe d'Ensemble à Gauche. L'UDC argovien Maximilian Reimann a 77 ans, siège au Conseil national depuis 30 ans et veut rempiler pour quatre ans (mais en tant qu'indépendant) Le socialiste saint-gallois Paul Rechtsteiner est entré au Conseil national en 1986, puis est passé au Conseil des Etats, où il veut rempiler. Daniel Brélaz aussi, veut rempiler : il est Conseiller national depuis 1979 : ses 41 ans de mandat ne lui suffisent pas, il en veut au moins deux ans de plus, et rempile aussi aux élections de cet automne. Faut pas se moquer : on connaît un Conseiller municipal socialiste genevois de 67 ans qui siège depuis dix ans et veut siéger cinq ans de plus. Mais bon, c'est qu'un Conseiller municipal... Allez les vieux, allez les vieux !

Interrogé par «Le Matin Dimanche» en juin, le candidat PLR au Conseil des Etats, Hugues Hiltpold, se disait convaincu que ni l'«affaire Maudet», ni « le fait d'avoir une amitié avec Pierre Maudet » (à qui il a remis une carte d'accréditation pour entrer au Palais fédéral), n'entravaient ses chances de piquer à la gauche l'un des deux sièges qu'elle détient au Sénat depuis des plombes. C'est beau, la confiance, non ?

Chaque année, le Service de renseignement de la Confédération (SRC) nous gratifie d'un rapport sur la sécurité en Suisse. Celui rendu en mai dernier annonce la montée de l'extrémisme violent « endogène » (suisse, quoi), de gauche et de droite vu que le SRC est neutre comme la Suisse (il a dénombré 53 actes violents de l'extrémisme de droite et 226 de l'extrémisme de gauche). Si, si. En outre, les menaces déjà tradi-tionnelles (djihadisme, nationa-lismes) sont toujours là. « Nous vivons la période la plus instable depuis la chute du mur », avertit le patron  du SRC, Jean-Philippe Gaudin. Ouais, c'était mieux, quand y'avait le mur, on savait de quel côté on était et était l'Ennemi. Parce que là, maintenant, la stabilité euro-péenne recule, les Etats-Unis font cavalier seul, la Chine renforce sa puissance militaire, l'Arabie Saoudite et l'Iran veulent se doter de l'arme nucléaire et la Russie s'active partout (selon le SRC, « près d'un tiers des diplomates russes accrédités en Suisse sont des membres des services de renseignement »). Tous aux abris, citoyens ! Mais vérifiez quand même avec qui vous y entrez, des fois qu'un espion russe tenterait de vous y accompagner.

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