Fonds de tiroir


Depuis 20 ans, la Ville de Genève proclame, par la voix de son Conseil administratif, vouloir atteindre l'objectif « zéro sans abris » dans les rues. Et n'y arrive pas. Parce qu'elle est pratiquement seule dans le canton à ouvrir des lieux d'accueil des personnes sans toit, dont le nombre augmente sans cesse. Aux deux abris d'hiver en sous-sol s'ajoutent les «sleep-in» ouverts dès l'été dans des temples mis à disposition par l'Eglise pro-testante et dans la Maison de quartier des Acacias. Et un sleep-in pour femmes s'ouvrira à la Roseraie. Près de 300 personnes pourront ainsi être accueillies en Ville de Genève. On ne sait pas si l'objectif « zéro sans abris » pourra être atteint. Ni si celui de partager la charge de l'accueil des plus précarisés entre toutes les communes (plutôt que de reposer sur une seule) ne tient pas du rêve éveillé.

La Cour des Comptes a encore frappé : elle pointe le système un tantinet bordélique (« une régle-mentation complexe et incohéren-te») des indemnités accordées par la Ville de Genève à ses employés. Genre indemnités pour l'adapta-tion à l'heure d'été, ou des indemnités pour travail de nuit commençant selon les services à 18, 19, 20 ou 22 heures... Comme la Cour des Comptes, on a un faible pour l'indemnité pour perte d'in-demnité pour cause de maladie, de congés ou de vacances.  Du coup, on attend que tombe au Conseil municipal une proposition d'instau-rer des jetons de présence pour absence de présence. La Cour a émis huit recommandations, dont sept ont été acceptées par le Conseil administratif (la huitième étant en contradiction avec les règles de la caisse de prévoyance) , qui a élaboré un nouveau règlement (à négocier avec les représentants du personnel et des syndicats)  pour remplacer ceux qui datent des années septante -ils ont donc été produits par des conseils administratifs à majorité de droite, avec toujours un élu de droite responsable du personnel de la Ville... on dit ça, hein, on dit rien...

On apprend dans « Le Matin Dimanche » que la Conseillère nationale zurichoise Min Lin Marti envisage de se présenter à la présidence du Parti socialiste suisse et que son compagnon, le Conseiller national Balthasar Glättli, zurichois aussi, à celle des Verts. Et que ça en fait tiquer quelques uns et unes. Ben quoi ? la gauche, c'est bien une grande famille, non ?

La verte libérale Isabelle Chevalley a annoncé qu'elle ne voterait pas pour la verte Regula Rytz lors de l'élection du Conseil fédéral, parce que Regula Rytz est « trop à gauche». Elle a en effet été classée tout à gauche du Conseil national par l'institut zurichois Soromo, à égalité avec ses camarades de parti Irène Kälin et Michael Töngi et la socialiste Silvia Schenker  Ben alors, quand la droite genevoise hurlait, pour faire peur aux électeurs et électrices genevois, que le duo Lisa Mazzone et Carlo Sommarug, c'était ce qu'il y avait de plus à gauche au parlement fédéral, et qu'il fallait surtout pas les élire (elle et il ont quand même été élus...) elle disait des conneries ? Ben non, pas la droite genevoise, quand même... Pas plus qu'Isabelle Chevalley, en tout cas.

Il y a trente ans, Genève (et le Jura) votaient pour l'abolition de l'armée suisse. Aujourd'hui, la Suisse a toujours une armée. On aurait pas mieux fait de voter pour l'abolition de la Suisse ?

Des nostalgiques de la défunte commission des naturalisations du Conseil municipal de Genève, qu'on avait réussi à supprimer parce qu'elle était inutile et même parasitaire, ont demandé au Conseil administratif par quoi elle avait été remplacée, dans l'espoir à même feint qu'on leur réponde qu'elle était irremplaçable ou qu'on avait du bricoler un système compliqué pour la remplacer. Manque de pot, le Conseil administratif a répondu que sa suppression n'avait posé aucun problème, qu'il avait juste fallu établir une directive pour attribuer au département de l'environnement urbain et de la sécurité la compétence de traiter les dossiers de naturalisation pour les transmettre au Conseil admi-nistratif, qui délivre le préavis municipal (ce qu'il faisait de toute façon déjà quand la commission du Conseil municipal existait). Car la commune ne délivre qu'un préavis au canton. Le Conseil administratif ajoute que la collaboration avec le canton est « fructueuse », que seuls quelques dossiers (une vingtaine sur 1680) suscitaient des questions qui ont toutes été résolues, qu'aucun préavis négatif n'a été émis et que tout cela n'a nécessité l'engagement d'aucun personnel, celui qui faisait déjà le travail quand une commission du Conseil municipal s'y immisçait suffisant à continuer à le faire... Tout baigne, donc. Et on a gagné plusieurs moins dans une procédure que la commission superfétatoire ne faisait que ralentir... Des fois, on a comme ça l'impression d'avoir été utile à quelque chose...

J'ai été victime de la « vague verte, jeune et féminine », geignait le PDC fribourgeois Beat Vonlanthen, battu dans l'élection au Conseil des Etats par une PLR (pas très verte, pourtant) de 31 ans, Johanna Gapany. Lui aussi battu, mais par une socialiste, donc verte comme le PS mais pas franchement débutante (elle est conseillère nationale depuis seize ans), Marina Carobbio Guscetti, un autre PDC, le Tessinois Filippo Lombardi n'est pas d'accord: «je ne dis pas que cela n'a pas compté à la marge, mais je ne crois pas que l'on puisse parler de "dégagisme" contre les vieux politiciens ». Et le politologue genevois Pascal Sciarini confirme : « ces évictions de parlementaires âgés sont d'abord un effet collatéral » d'une faible participation et de la progression des Verts et des Verts libéraux. D'ailleurs, des « vieux » ont été épargnés, comme les socialistes Hans Stöckli et Paul Rechsteiner... Nous v'la rassusés pour les Municipales ä à 67 ans, on a tout l'avenir devant nous. Bon, d'accord, l'avenir peut pas être ailleurs que devant, vu que s'il était derrière, ça serait le passé...

Une rumeur rigolote fait frémir le marigot politique de la Ville de Genève : Lulu Barthassat pourrait être candidat au Conseil administratif sur une liste MCG. Il habite en Ville ? On sait pas, mais le candidat de SolidaritéS au même Conseil administratif n'habite pas non plus la commune, alors pourquoi pas Barthassat, hein ? Il a quitté le PDC parce que selon lui, le PDC a viré à gauche, fait dans le «jeunisme», le féminisme et l'europhilie. C'est vrai qu'au MCG, il ne risque d'être exposé à aucune de ces perversités politiques...


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