Fonds de tiroir


Selon l'Office fédéral de la statistique, la pauvreté touchait 670'000 personnes en Suisse en 2017, soit 8,2 % de la population. C'est soit 10 % de plus en un an. La pauvreté gagne donc du terrain, et frappe surtout les familles monoparentales, les personnes seules et les personnes sans qualification professionnelle. Le nombre de personnes pauvres augmente constamment depuis 2014, ajoute l'OFS. Bon, c'esi vrai que le nombre de personnes riches augmente lui aussi. C'est ça, la théorie du ruissèlement, sauf qu'on savait pas que ça ruisselait dans ce sens là...

On est pas encore sortis des zélections fédérales qu'à Genève, on prépare les Municipales. A gauche, les socialistes et les Verts ont décidé de faire campagne commune pour l'exécutif de la Ville, chaque parti présentant une candidate et un candidat. Reste un siège à pourvoir (la Municipalité a cinq membres). Et comme les socialistes et les verts avaient réaffirmé leur volonté d'une alliance de toute la gauche, et laissé « la porte ouverte » à une candidature de la gauche de la gauche, on tournait naturellement notre regard vers la coalition «Ensemble à gauche». Et c'est pas triste, vu que coalition, y'a plus vraiment : d'une part, le Parti du Travail présente la candidature de la conseillère municipale Maria Pérez, d'autre part SolidaritéS présente la candidature du député suppléant Pierre Bayenet, préféré lors d'une assemblée générale massivement fréquentée (31 personnes) à l'ancien président du Conseil municipal, Olivier Baud. Ce qui fait deux candidatures du même camp (enfin... du même camp, c'est vite dit...) pour un seul siège (occupé actuellement par le PDC Barazzone, et revendiqué par deux candidates du PDC, plus un candidat du PLR, plus un candidat du MCG, plus deux candidats de l'UDC, tout ça en ordre dispersé). Donc le PS et les Verts sont prêts à soutenir une candidature de la gauche de la gauche, mais laquelle ? Faut bien choisir, parce qu'on ne peut quand même pas soutenir six candidats pour cinq sièges. Mais c'est pas le PS et les Verts qui vont choisir la candidate ou le candidat de (plus vraiment) Ensemble à gauche. On va donc laisser le Parti du Travail et SolidaritéS se démerder. Sont grands, après tout... Enfin, là encore, faut le dire vite : SolidaritéS a posé comme condition d'une liste unique avec le Parti du Travail que que celui-ci lui verse 150'000 balles de jetons de présence touchés par quatre conseillères municipales et conseillers municipaux qui ont quitté SolidaritéS pour le Parti du Travail. Et en plus, il faudrait que le Parti du Travail renonce à présenter les candidatures de ces quatre transfuges. Prise d'otage avec demande de rançon, on se pince... mais on explique : la gauche est foncièrement compassionnelle. Et quand elle a vu la droite s'engluer dans des querelles internes, la gauche s'est dit qu'elle ne pouvait pas laisser la droite toute seule à déconner. Et a mandaté Ensemble à Gauche pour participer au concours quinquennal des boeufferies pré-électorales. C'est convainquant, comme explication, non ? Parce qu'on n'en trouve pas d'autre...

En Valais, le deuxième tour de l'élection du Conseil des Etats, dimanche, voyait s'affronter les deux candidats PDC et le candidat socialiste, Mathias Reynard. Et ce sont les deux PDC qui ont été élu, Reynard ayant loupé de peu (1371 suffrages de différence) l'élection, du fait de l'abstention romande et du vote clanique alémanique. En Bas-Valais (romand). Mathias Reynard est sorti largement en tête dans les districts francophones, y compris dans des bastions PDC, et dans l'électorat féminin. Mais voilà : le taux de participation en Haut Valais a atteint 55,21 %, alors que celui en Bas Valais stagnait à moins de 48 %. Et Mathias Reynard a eu beau avoir 17'000 voix de plus que Marianne Maret dans le bas, comme elle en a eu 18'000 de plus que lui dans le haut, les deux PDC sont élus. Et le PDC garde l'exclusivité de la représentation sénatoriale du Valais. Et ça fait 160 que ça dure... C'est comme le tir aux bouquetins, c'est une tradition rupestre.
On notera que le  PLR n'avait donné aucun mot d'ordre, ni en faveur du PDC, ni, évidemment, en faveur du PS. Dont le candidat est sorti en tête dans les fiefs PLR. Ce silence aurait au moins eu  l'avantage de permettre au PDC de rendre le PLR responsable d'une éventuelle élection du socialiste, comme certains au PLR genevois s'apprêtent déjà à rendre le PDC, qui a maintenu sa candidate au deuxième tour,  responsable de la victoire du «ticket» socialiste-vert. Comme quoi, quand on gagne, c'est toujours grâce à ses propres mérites, et quand on perd, toujours à cause des autres. C'est simple, au fond, les élections.

Les jeunes libéraux et les jeunes UDC genevois appellent à voter pour le PLR Hiltpold et l'UDC Amaudruz lors du deuxième tour de l'élection du Conseil des Etats; des « entrepreneurs » plus ou moins PLR font de même; le PLR Lüscher et le Comité de soutien à Hiltpold appellent à ne voter que Hiltpold. Dans ce joli concert, la direction du PLR et la direction du PDC ont un peu de peine à faire entendre le message officiel de leurs partis : voter pour la liste Hiltpold-Hirsch (la candidate PDC Béatrice Hirsch). « Nous voulons marteler un mes-sage d'unité puisque certains veulent le brouiller », soupire le PDC Philippe Fleury. On compatit. Martelons donc un « message d'uni-té » -celui de la campagne de la gauche : votez Mazzone-Sommaruga. Quand on peut se donner en exemple, faut pas hésiter.

Dévouée, la « Julie » s'est fendue hier d'une explication détaillée des flux électoraux d'un-e candidat-e à l'autre lors du premier tour de l'élection du Conseil des Etats à Genève, histoire de leur indiquer, au cas (peut probable, tout de même) où ils ne sauraient pas où aller chercher les suffrages qui leur manquent peut-être pour être élu-e-s. Et y'a pas vraiment de surprises : d'abord, à moins d'une démobilisation massive de leur électorat, Lisa Mazzone et Carlo Sommagura n'ont pas vraiment besoin d'un apport supplémentaire -ils ont besoin que leurs électeurs n'oublient pas de voter. Et les candidates et le candidat de droite, nous direz-vous ? Ben, le PLR peut recevoir des suffrages UDC, l'UDC des suffrages PLR et la PDC des suffrages verts libéraux. Bref, l'électorat de réserve des candidats de droite... est à droite. Sans blague ? Sans blague.  On nous en dira tant.



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