Le référendum contre le parking des clés de Rive est lancé


Un référendum pour l'espace

C'est fait : le référendum contre le parking des clés de Rive est lancé (les feuilles de signatures sont téléchargeables sur
https://www.fichier-pdf.fr/2019/11/27/referendum-cle-de-rive/), par les PS, les Verts, Ensemble à Gauche, les associations d'habitants des Eaux-Vives et des Pâquis, Pro-Vélo, Actif-Trafic, l'ATE et les Entrepreneurs progressistes. On a jusqu'au 13 janvier pour récolter 3300 signatures (c'est un référendum municipal). N'attendez pas le dernier moment pour signer et renvoyer la feuille de signatures... On a déjà eu l'occasion de donner les raisons de ce référendum : le refus du chantage consistant à proposer une petite zone piétonne (sur la rue Pierre-Fatio) en échange d'un parking souterrain de 500 places, l'"urgence climatique" proclamée par le même Conseil municipal qui a voté la création d'un silo à bagnoles (dans lequel elles devront bien entrer par la rue et sortir dans la rue, sauf à le concevoir en ruban de Moebius), l'effet incitatif de tout parking à user de la voiture en ville, le primat à accorder à la mobilité douce au centre ville. On y ajoutera un surcroît de circulation dans le quartier des Eaux-Vives, déjà engorgé, et l'abattage de 69 arbres que ne compensera pas le replantage  d'arbres plus petits, puisque le sous-sol transformé en parking sera inutilisable pour autre chose que la pose de bacs à arbustes... Au fond, le référendum contre le parking est un référendum pour de l'espace...

Réduire l'emprise du mode de transport le plus envahissant


On a beau proclamer la "liberté de choix du mode de transport" et prêcher que les mêmes règles étant valables pour tous, les piétons et les cyclistes doivent les respecter autant que les automobilistes, les usagers de l'espace public ne sont pas égaux selon qu'ils s'y déplacent à pied, à vélo, en moto ou en voiture :  tous sont en concurrence dans l'espace affecté aux déplacements, où les uns (les piétons et les cyclistes) sont bien plus vulnérables que les autres, et doivent donc développer des stratégies pour éviter les risques -le problème étant que ces stratégies mise en oeuvre par les plus vulnérables finissent par les mettre en concurrence dangereuse entre eux, comme lorsque des cyclistes circulent sur les trottoirs pour éviter les automobilistes. Or les règles de circulation, comme les aménagements urbains, ont été depuis les années cinquante déterminées en fonction des besoins des automobilistes et des caractéristiques de leur mode de se déplacer. La sécurité et le confort de déplacement des piétons et des cyclistes est passée au second plan, si bien qu'il leur est parfois matériellement impossible de respecter des prescriptions légales faites pour les automobilistes. Il est donc nécessaire d'accorder aux piétons et aux cyclistes des priorités de passage, des dérogations aux règles et des aménagements sécurisés. Il faut non seulement des pistes cyclables, mais aussi le droit des cyclistes de franchir les feux lorsqu'ils le peuvent sans couper une voie de circulation automobile. Le 23 septembre 2018, 73,8 % des votantes et des votants suisses acceptaient l'arrêté fédéral concernant les voies cyclable, alors que  fin 2018, Genève ne comptait que 56 km de pistes cyclables, 18 km de chemins mixtes à partager avec les piétons et 166 km de routes sans aménagements cyclables mais à la vitesse limitée à 30 km/h. Et 5000 places de parking pour vélos en Ville. C'est peu. Genève n'est que la 32ème ville sur 34 dans le classement des villes suisses selon la qualité de leurs aménagements cyclables.

L'espace urbain est limité, et il est donc forcément le lieu d'une contradiction entre ses différents usagers. Dans cette contradiction, la place que prend l'automobile est l'un des principaux enjeux -et, a contrario, la place qu'il est nécessaire de lui prendre pour la rendre aux autres usagers, à commencer, si l'on parle de déplacements dans la ville, le piétons, les cyclistes et les transports publics. L'automobile leur prend de la place dans les voies de circulation qu'elle emprunte, elle prend de la place pour être parquée, et l'espace qu'elle prend ne peut être affecté à autre chose qu'à elle-même. On estime dans la plupart des cas à 70m2 l'espace occupé par une voiture utilisée quotidiennement pour aller au travail, faire des achats, se rendre dans des lieux de loisirs, se parquer sur une place au domicile, une place au travail, une place pour la consommation. 70m2, c'est plus que ce qu'occupe un individu pour se loger et travailler. Un cycliste, lui, occupera quinze fois d'espace. Et un piéton vingt fois moins. Quoique que l'on fasse pour faciliter l'usage de l'automobile (et créer des parkings est l'une de ces facilitations), on le fait contre les autres modes de se déplacer; à contrario, ce que l'on fait pour faciliter les autres modes de se déplacer est susceptible de réduire l'attrait du déplacement en bagnole. C'est aussi à cette aune là que doit se jauger l'utilité d'un parking comme celui dé clés de Rive : pour pouvoir librement choisir son mode de transport, il faut forcément réduire l'emprise du plus envahissant d'entre eux.

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