Fonds de tiroir

Le Tribunal fédéral a rendu son verdict sur l'invalidation par le Conseil d'Etat, qui lui reprochait de marcher sur ses plate-bandes, de l'initiative populaire « Le Plaza ne doit pas mourir », invalidation contre laquelle nous avions fait recours. Le Tribunal fédéral a mis un an pour décider de ne rien décider : le recours n'est ni accepté, ni refusé, seulement considéré comme désor-mais sans objet, puisque le Plaza que l'initiative voulait sauvé a été sauvé par le rachat de l'immeuble par Wilsdorf, rachat qui rend (du point de vue du TF) l'initiative et donc le recours contre son invalidation obsolètes. Mais le Tribunal fédéral ne se prononce pas sur le fond (le droit d'initiative législative), tout en reconnaissant la validité formelle du recours... C'était évidemment trop demander au Tribunal fédéral de signaler que si Le Plaza a été sauvé, c'est grâce à une mobilisation populaire dont l'initiative était l'une des manifestations. Ce que la Fondation Wilsdorf a d'ailleurs reconnu : si on ne s'était pas mobilisés pour em-pêcher la démolition du Plaza, Wilsdorf n'aurait rien eu à racheter à part un parking inutile et un centre commercial superfétatoire, et rien pu sauver à part un tas de gravats... et le souvenir du plus beau cinéma genevois. 


Bonne nouvelle : sur les huit lacs dans lesquels ont été en Suisse immergé des armes et des munitions au cours du XXe siècle, sept sont en Suisse allemande. Mauvaise nouvel-le, le huitième, c'est le Léman. Plus précisément le Petit-Lac de Genève. Entre 1950 et 1970, alors qu'une in-terdiction de cette pratique avait été signifiée en 1962 à l'entreprise qui s'y livrait, Hispano-Suiza, elle a continué à s'y livrer jusqu'en 1970 au rythme d'une fois par mois à une fois tous les deux mois. Résultat : entre 150 et 1000 tonnes (large, la fourchette) de munitions de calibres moyens, de projectiles à charge creuse, de grenades et d'obus, ont été immergés entre Bellevue et Cologny et au large d'Anières. Et dans une zone inconnue où ont été balancées entre 1000 et 10'000 cartouches (toujours une fourchette large) par un sous-officier de la DCA. Plus encore, en 1928, 83 bombes au phosgène (un gaz de combat qui a tué 85 % des gazés de la Grande Guerre). La députée socialiste Salima Moyard a déposé au Grand Conseil une motion demandant au Conseil d'Etat de cartographier les munitions et armes noyées dans le Petit-lac, d'en fournir la liste, d'évaluer leur dangerosité, et de les surveiller avant que d'assainir les sites concernés. Et on aimerait bien que not'bon gouvernement fasse son boulot, au lieu de continuer à assurer sans l'avoir vérifier que la dangerosité des munitions im-mergées a été neutralisée par les sédiments qui se seraient déposés dessus (alors que des images prises par des plongeurs montrent des caisses de munitions éventrées posées sur le fond et pas du tout recouvertes par des sédiments mais colonisées par des moules...). En fait, la seule chose qui a été recouverte de sédiments, c'est la capacité des autorités à prendre conscience des risques que font courir les saloperies qu'on a foutu dans le lac pendant cinquante ans, qui y sont toujours et qui fini-ront bien par relâcher leur contenu toxique dans l'eau du lac. d'où l'on tire 80 % de l'eau potable distribuée à Genève et dans lequel des frapa-dingues veulent immerger un tun-nel. Bon,  pour le faire sauter, au cas peu vraisemblable où il se ferait, on n'aura pas besoin d'aller dans les vieux stocks soviétiques de Semtex, on trouvera tout sur place.

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