Fonds de tiroir

Depuis qu'ils doivent donner leur identité sur les contrebûches qu'ils distribuent, les policiers cantonaux et municipaux genevois semblent en distribuer moins : ils en avaient distribués 3266 en janvier 2019, 1732 en janvier 2020. Le porte-parole de la police assure que c'est pas du tout l'obligation de s'identifier qui les retient, mais que c'est simplement «la conséquence inévitable d'une période d'adaptation nécessaire », et que les infractions les plus graves (genre se garer sur une place pour handicapés alors qu'on n'y a pas droit, ou téléphoner tout en conduisant) sont toujours sanctionnées. Ce qui ferait donc 1732 infractions des plus graves en un mois. Dont 1179 en Ville. C'est beaucoup. Mais ça surprend pas : il suffit de se déplacer à pied dans la ville pour se rendre compte que se garer n'importe ou est un sport très populaire chez les bagnolards genevois. 


Le Tribunal de police de Genève n'est pas celui de Renens : à Renens, les militants d'« Extinction rébel-lion », poursuivis pour avoiur organisé une parodie de match de tennis dans les locaux d'une banque dont ils dénonçaient les investis-sements dans les énergies fossiles, avaient été acquittés au nom de l'«état de nécessité», qui autorise à commettre un acte illicite pour se préserver d'un danger immédiat -en l'occurrence, la dégradation du climat. A Genève, un militant a été condamné pour avoir apposé, pour la même raison que les militants vaudois, des mains rouges sur les murs d'une banque. La juge genevoise a estimé que les «déprédations» (les mains rouges, donc) n'étaient pas nécessaires pour la défense de la cause climatique et a condamné le jeune militant à dix jours-amende (à 30 balles par jour), après avoir refusé l'audition de spécialistes du réchauffement climatique, et récusé l'argument de l'«état de nécessité», avec cet argu-ment... curieux : pour se prévaloir de l'état de nécessité, il faut « faire face à un danger concret, il ne doit pas s'agir d'un événement futur ». Parce qu'un danger « concret », c'est pas un événement futur ? c'est quoi, alors ? un « événement passé » ? mais s'il est passé, il n'est plus concret... faut lui expliquer comment, à la juge, qu'un danger «concret», c'est forcément un évé-nement futur... On lui offre un cours de philosophie basique ? ou on part du principe qu'elle vit dans un espace-temps où le temps se contracte et où un « danger concret » a des conséquences dans le passé ? 


Petite chronique de la démocratie municipale genevoise, suite (et pas encore fin) : à Aire-La-Ville, le Maire et les deux adjoints ont été élus tacitement, faute de concurrence. A Presinge aussi -mais là, même le Conseil municipal a été élu tacitement : y'avait onze candidats pour onze sièges... Et en plus, la commune ne dépensant qua-siment rien, elle a pu baisser ses impôts (comme Choulex, Vandouevres et Anières). Quatre communes qui se reposent probablement sur les plus grandes de leurs voisines pour les équipements nécessaires.



Le ministère public genevois a classé l'une des procédures lancées contre le Conseiller municipal PLR (et candidat au Conseil administratif) Simon Brandt : il n'est plus accusé de s'être introduit sans autorisation dans la main courante de la police pour renseigner son mentor, Pierre Maudet, sur une affaire de harcè-lement sexuel au sein du PLR. Comme l'écrit « Le Courrier », la police et le Parquet auraient pu vérifier si Brandt avait les codes nécessaires pour s'introduire dans le système informatique de la police avant de « lancer la cavalerie » contre lui. Bon, reste que Brandt avait échangé avec Maudet des courriels où l'un et l'autre tentaient de programmer des contre-feux aux procédures lancées contre Maudet par leur camarade de parti com-mun, le procureur Olivier Jornot. Mais là, on est dans une querelle de famille au sein du PLR, et dans les querelles de famille, il vaut mieux que la justice ne vienne pas tout de suite mettre ses grands pieds. En attendant, la campagne de Brandt pour tenter de piquer au PDC le siège de la droite ne semble pas mo-biliser son propre parti, mais c'est vrai qu'il est difficile de mobiliser tout le monde : la justice, la police, les libéraux, les radicaux et les vieux chevaux du refuge de Darwyn. 


Le suspense est insoutenable : Pierre Bayenet habite-il encore à Bardonnex ou déjà en Ville de Genève ? Et où, en Ville de Genève ? dans un appart de trois pièces en sous-location à Plainpalais ou un appartement de sept pièces en location sur la rive-droite, quasi-ment au bord du lac ? On sait pas. La régie de l'appart de Plainpalais n'est au courant d'aucune sous-location, celle de l'appart de la rive-droite n'avait pas enore signé le bail il y a trois jours... et un recours a été déposé par un Conseiller municipal du Parti du Travail contre la décision de la Chancellerie d'Etat de valider la candidature de Bayenet  (et donc le domicile genevois, la sous-location à Plainpalais, déclaré par le candidat à l'époque où il avait déposé sa candidature) au Conseil administratif de la Ville de Genève, pour SolidaritéS. Après tout, un sdf qui peut se payer un appart' de sept pièces au bord du lac avec un loyer de 2900 balles la première année et de 4750 balles au bout de cinq ans,  c'est plutôt rassurant sur la capacité de Genève à être inclusive des miséreux, non ? 


« Affaire Crypto » : chargé officiel-lement de faire la lumière sur cette sombre histoire de vente de dispositifs de cryptage trafiqués à 130 pays par une entreprise supposée être suisse mais en réalité possédée par les services secrets américains et allemand, l'an-cien juge fédéral Niklaus Oberholzer va avoir bien de la peine à faire son boulot : il doit adresser une demande particulière pour chaque document qu'il souhaite consulter, ces demandes doivent être validées par chaque admi-nistration concernée (par exemple le Service de renseignement de la Confédération) et il n'a pas le droit de mener des auditions formelles, juste des entretiens avec des témoins de l'époque. Enfin, les survivants (le champ de l'enquête va de 1945 à 2018...) : ça va être dur de s'entretenir avec Max Petitpierre et Paul Chaudet. Et puis, même s'il obtient l'auto-risation de consulter des documents, encore faut-il les retrouver : le dossier des enquêtes de la police fédérale sur les machines Cryptio dans les années '90 avait été égaré... Ah ben dans une affaire mystérieuse, y'a des mystères, hein, des trucs qui disparaissent... comme la neutralité suisse...

Commentaires

Articles les plus consultés