Fonds de tiroir

Comme on sait, l'Eglise protestante de Genève avait accepté de laisser l'Eglise catholique de Lausanne, Genève Fribourg et Rome célébrer une messe dans le Temple de Saint-Pierre, protestant depuis 1536. « Un premier pas sur le chemin de la réconciliation entre catholiques et protestants » selon le théologien protestant Michel Kocher, directeur des media protestants. Mais un premier pas qui a en quelque sorte glissé sur un virus, puisque l'épidémie de COVID-19 a entraîné l'annulation de ladite messe (lors de laquelle de toute façon les protestants qui s'y seraient aventurés n'auraient pas été admis à l'eucharistie). Bon, en même temps, les représentations des «Huguenots» de Meyerbeer au Grand Théâtre n'ont pu se tenir qu'avec un public plafonné pour qu'il n'y ait pas plus de 1000 personnes. C'est dommage qu'il n'y ait pas eu d'épidémie de ce genre le jour de la Saint-Barthélémy, ça aurait calmé les fureurs exterminatrices ultracatholi-ques. A quoi ça tient, quand même, la réconciliation entre protestants et catholiques : à une chauve-souris, un pangolin et un marché chinois. 


Il était une fois, dans un beau petit pays neutre et pacifique, une belle armée, neutre et pacifique, qui s'était bâtie, pendant une guerre où des pays nettement moins neutres et pacifiques s'étripaient, un beau dépôt de muni-tions de six pièces reliées par un tunnel ferroviaire, sous une montagne de l'Oberland bernois, au cas où il faudrait défendre la neutralité du beau petit pays neutre. Dans le dépôt, la belle armée du beau pays neutre et pacifique stocke des bombes, des obus, des grenades, de la poudre et 7000 tonnes de munitions. Et puis, la guerre a pris fin. Et deux ans après, boum ! Le dépôt explose. Et détruit le village qui était (et est toujours) dessous. Ce qui fait neuf morts et 200 sans-abri. On est en 1947. Et il reste encore sous la montagne 3500 tonnes de muni-tions, soit une centaine de tonnes de substances explosives diverses et variées qui n'ont pas explosé. 73 ans plus tard, les zautorités fédérales s'avisent que ce qui n'a pas explosé en 1947 risque encore d'exploser. Et décident carrément d'évacuer le village (Mitholz, il s'appelle, le village). Et tous ses habitants. Pour au moins dix ans, le temps de sécuriser le site. Parce que si on peut stocker des mil-liers de tonnes de saloperies explosives sous une montagne en quelques mois, il faut au moins dix ans pour les virer. En commençant par virer les 170 habitants du village. Et ça va coûter au moins un milliard, cette douteuse plaisanterie. Et qui va payer pour les travaux d'assainissement et de sécu-risation ? Qui va indemniser les habitants virés de chez eux, les paysans obliger de partir avec leurs bêtes ? Un esprit simple comme le nôtre répond : ben, l'armée, puisque c'est elle qui a stocké les saloperies explosives dans un dépôt qu'elle a construit et qui a déjà explosé une fois... Ouais, ben vous avez vraiment l'esprit simple, les gars, parce que l'armée elle veut pas payer sur son budget à elle, elle veut que la Confédération paie sur le budget de tout le monde : l'éducation, la poli-tique sociale, la politique agricole, la solidarité internationale, les transports, l'environnement, tout quoi. Sauf l'armée. Qui est prête à claquer huit milliards pour de nouveaux avions de combat, mais pas un pour réparer ses conneries. Il était donc une fois, dans un beau petit pays neutre et pacifique, une belle armée, neutre et pacifique. Et surtout coûteuse, avare et irresponsable.  


L'épidémiologiste Marcel Salathe nous met en garde dans «20 Minutes » de vendredi : le coronavirus pourrait à la fin mai atteindre toute la population suisse. Bon, ben alors on pourra recommencer à se serrer les pognes et à s'embrasser ?

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