Fonds de tiroir

Il y avait 16 candidates et candidats au premier de l'élection du au Conseil administratif de la Ville, dimanche. Il en reste douze pour cinq sièges. On aimerait y voir un signe de bonne santé démocratique. Mais comme six n'ont à peu près aucune chance d'être élu.e, on se dit que des questions d'amour-propre ont pris plus d'importance qu'un raison-nement politique dans le choix de maintenir ces candidatures «de témoigna-ge» -mais de témoignage de quoi ? 


« Il faut une grande alliance à droite » si on veut espérer reprendre un siège à la gauche lors de l'élection du Conseil administratif de la Ville de Genève, plaidait le candidat du PLR à cette élection, Simon Brandt, affirmant qu'« une chose est sûre : le PLR de la Ville de Genève doit être représenté au Conseil administratif dans la mesure où il est de loin le premier parti de droite » en Ville. Ce n'est donc pas seulement que le PLR peut être représenté au CA, si les citoyennes et les citoyens le veulent bien, non, c'est qu'il doit l'être. C'est pas une possibilité démocratique, c'est une obligation, une sorte de loi naturelle : une pierre lancée vers le ciel doit retomber sur terre, le PLR de la Ville doit être représenté au Conseil administratif, c'est comme ça. Sauf qu'il ne peut pas y arriver tout seul. Et que pour y arriver, il doit faire alliance avec tout ce qui n'est pas à gauche : le PDC, comme depuis bientôt 90 ans, mais aussi l'UDC, le MCG, « voire les Vert'libéraux, s'ils le souhaitent ». Or le PDC, lui, s'il veut bien, même sans enthousiasme, maintenir sa vieille alliance avec le PLR (« avec le PLR, nous partageons un socle de valeurs communes, qui ne sont pas celles du MCG et de l'UDC », explique la candidate démo-chrétienne, Marie Barbey-Chappuis), n'entend pas en conclure une avec l'UDC et le MCG. Les Verts libéraux non plus, d'ailleurs : ils ont retiré leur candidate, et ne donnent pas de consigne de vote claire. Dans ce contexte, l'argument de Brandt selon lequel PDC, PLR, UDC et MCG ont bien fait alliance au début de la législature qui se termine, fait flop, vu l'absence de résultats de cette alliance à la noix, dont une trentaine de décisions ont été annulées pour vice de forme par la surveillance des communes, les deux budgets qu'elle avait réussi à imposer ayant carrément été annulés par le peuple. Bref, l'appel désespéré de Brandt est tombé mollement dans des oreilles de sourds et  la droite municipale se présente en désordre dispersé, avec une candidate PDC et un candidat PLR (plus un candidat UDC et deux candidats MCG jouant les utilités), qui vont joyeusement faire campagne l'un contre l'autre pour le siège que la gauche (sauf Solidarités et le Parti du Travail), réserve à l'autre ou l'une, la gauche elle-même ayant à départager la candidate du PDC de celui du PLR. Du coup, on se sent très catholique, hésitant entre « Je vous salue Marie » et « Ave Maria ». Mais admettons-le, notre chronique sur la vie de la droite et de la gauche de la gauche municipales genevoise en temps de pandémie coronavirale printanière, ça vaut pas « La Peste » de Camus... 


Plusieurs communes (certaines étant des villes) de droite depuis qu'elles existent, qu'elles sont genevoises et qu'on y élit des exécutifs au suffrage universel, risquent de basculer à gauche au deuxième tour de l'élection de leur Conseil administratif : à Chêne-Bougeries, les Verts pourraient même détenir deux sièges sur trois (la candidate de l'Alternative s'est retirée en faveur de leur deuxième candidat maintenu au second tour, après l'élection au premier tour du premier candidate, le sortant Jean-Michel Karr). A Chêne-Bourg, où le Vert Philippe Moser a été élu au premier tour, les Vert, les socialistes, le PDC et le PLR présentent ensemble la PLR Beatriz de Candolle et le socialiste Jean-Luc Bösiger, sans autre concurrence que la candidate du minuscule Parti populaire genevois... Autant dire que la majorité du Conseil administratif sera rose-verte... Versoix aussi pourrait avoir une majorité rose-verte et féminine si la candidate socialiste, Ornella Enhas (sortante) rejoignait la Verte Jolanka Tchamkerten, élue au premier tour -le problème étant que les Verts et les socialistes de Versoix sont à couteaux tirés. Enfin, à Thônex, la majorité du Conseil administratif restera à droite, mais un candidat de gauche, Bastien Leutenegger, menace le siège PLR et serait le premier élu de gauche dans cette commune bourgeoise. Comme quoi, ça vaut la peine de maintenir le second tour : il pourrait accoucher de jolies surprises. Ou pas. C'est la glorieuse incertitudes des coronurnes. 


«Le Matin Dimanche» du 1er mars d'avant la mobilisation générale a fait une drôle de statistique : celle des visites, du 1er janvier 2016 au 10 février 2020 sur les pages de wikipedia consacrées aux «personnalités romandes d'origine ou d'adoption», regroupées en douze caté-gories.  Une sorte de test de popularité. Résultat : dans la catégorie scientifique, Michel Mayor, avec 49'486 vues, devance de peu Jacques Dubochet (41'681) et Claude Nicollier (40'684). Dans la catégorie «entrepreneurs», Henri Nestlé (74'989 vues) distance Ernesto Bertarelli (65'577) et Nicolas Hayek (64'402). Dans la catégorie BD-dessinateurs, Zep écrase la concurrence, avec 180'601 vues. Sui-vent de loin Derib (46'853, Cosey (46'351) et Chapatte (41'938). Chez les politiciens, on est très contents d'annon-cer que Jean Ziegler (196'878 vues) laisse loin derrière lui Pierre Maudet (96'664) et Oskar Freysinger (70'704). On vous passe les chanteurs (c'est Patrick Juvet qui gagne), les sportifs (c'est Wavrinka qui cartonne) et les explorateurs. Chez les artistes, Le Corbusier (1'274'757 vues) a semé Jean Tinguely (208'528) et Félix Vallotton (161'484). Y'a aussi une caté-gorie «religion», qui voit Tariq Ramadan écraser, avec 1'348'519 vues, Jean Calvin et ses 488'161 vues, mais on se dit que Frère Tariq cartonne moins pour des raisons religieuses que pour d'autres, plus judiciaires... Chez les écrivains, Jean-Jacques Rousseau domine (2'625'871 vues) Joël Dicker (779'407). Suivent Blaise Cendrars et Germaine de Staël. Enfin, chez les acteurs et cinéastes, Alain Delon (3'417'893 vues) pourrait regarder de haut, si sa modestie proverbiale ne l'en empêchait, Jean-Luc Godard (1'206'111), Jean-Luc Bideau (265'339) et Alain Tanner (41'442). Ouala. C'est quand même plus marrant que la liste des élus aux Municipales, non ?



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