Fonds de tiroir

La saison 2019-2020 du Grand Théâtre «était plutôt politique et historique», sa saison 2020-2021 sera «davantage métaphysique, symbolique, onirique», annonce le directeur du GTG, Aviel Kahn. Quant à la saison 2020-2025 du Conseil municipal, on attend aussi qu'elle soit, comme celle du Grand Théâtre, «davantage métaphysique, symbolique, onirique» que la précédente. Surtout plus onirique. Si, bien sûr, le Conseil d'Etat l'accepte. Parce que nous, on peut le faire.

La Baie des Cochons, ça vous dit quelque chose ? C'était, en 1961, une tentative foireuse de débarquement d'anticastristes, souenus par la CIA, sur les côtes cubaines, pour renverser Fidel Castro. Un ratage absolu, qui avait renforcé la légitimité de Fidel et son pouvoir, et avait radicalisé sa politique. Y'en a qui auraient dû s'en souvenir : ceux qui, le 3 mai, ont tenté le même coup, de manière encore plus lamentable, contre le régime de Maduro au Vénézuéla : quelques dizaines d'hommes con-duits par un ancien «béret vert» ricain, tentent sur deux bateau de débarquer pour provoquer un sou-lèvement général, chasser Maduro et mettre à sa place le président autoproclamé (et soutenu par Trump) Juan Gaido. Résultat de l'opération : huit mercenaires tués, une dizaine d'autres capturés, dont deux Américains, anciens des forces spéciales. Du coup, Juan Gaido assure qu'il n'est pour rien dans cette opération (la défaite est toujours orpheline...), et le Secrétaire d'Etat de Trump assure vouloir ramener «à la maison» les Amé-ricains capturés par les Véné-zuéliens.  Pour leur donner des cours d'histoire et leur rappeler la Baie des Cochons ? C'est pas à la maison qu'il faudrait les ramener, c'est à la raison. Si c'est possible.

On a reçu les statistiques de l'activité d'Exit en 2019, et on se pose des questions quasiment existentielles. Fin 2019, l'association pour le droit de mourir dans la dignité avait 29'875 membres (quasiment tous en Romandie, Jura encore bernois compris), dont plus de 22'000, soit près de 80 %, uniquement dans les cantons de Vaud et de Genève. On est précautionneux, dans l'arc lémanique... Les deux tiers des membres d'Exit sont des femmes. On n'en déduira rien, parce qu'on voit pas quoi en déduire qui pourrait ne vexer personne. Et on ne veut vexer personne. 
 

Vendredi prochain (le 15 mai, donc, ou le 15 Pangolin, ou  le 26 Floréal, ou le 26 Palotin, comme vous voulez) devait être un jour de grève pour le climat. Vendredi prochain ne sera pas un jour de grève -ou alors virtuelle. Il est vrai que le coronavirus a plus fait pour le climat, dans l'immédiat, que toute grève de ce genre (mais le  «décon-finement» va déconfire ce bénéfice transitoire). La trêve se terminant, le retour à l'anormale se dessinant, le combat pour la justice climatique va bien devoir reprendre, en même temps que le combat pour la justice sociale. En attendant quoi, les groupes genevois et vaudois de la Grève du Climat appellent à une  «grève militaire -autrement dit, à refuser la conscription et le paiement de la taxe militaire (celle que doivent payer tous les exemptés du service) :  « nous n'acceptons pas de donner de l'argent à (une) institution polluante, violente, discriminatoire, machiste, nationa-liste, autoritaire, coûteuse et inutile», qu'il faudrait réduire à sa plus folklorique expression, ou à supprimer totalement, le rôle qu'elle a pu jouer dans la crise sanitaire ne suffisant pas à la justifier puisqu'il aurait pu être assumé par d'autres institutions, sans armement, sans avions de combat, sans chars... Bon, nous, en s'en fout un peu de la taxe militaire, vu qu'on ne l'a jamais payée (ce pourquoi on nous offrait quelques jours de détention dans une sympathique maison  d'arrêt, voire à Champ-Dollon duz temps où elle n'était pas bourrée) mais on le soutient quand même, cet appel à ne pas la payer...

On a quand même le sens des priorités, à G'nêêêêve : le Conseil d'Etat propose d'octroyer au Salon de l'Auto un prêt de 16,8 millions de francs pour éponger son déficit (lié à l'annulation, bienvenue, de ce raout cette année) et se «réinventer» alors qu'on ferait mieux de s'en passer purement et simplement. 16,8 millions d'un prêt dont on ne sait pas s'il sera jamais remboursé. 16,8 millions, c'est 800'000 sacs de nourriture pour les pauvres -dont ceux qui font la queue aux Vernets le samedi.  Mais bon, hein, entre nourrir les pauvres et exposer des bagnoles, quand on doit choisir, y'a pas photo.

Bon, ben finalement, il va pou-voir se réunir, le Conseil muni-cipal de la Ville de Genève, avec un ordre du jour allégé, en séance plénière et en présences physiques. Intellectuelles on sait pas, on verra sur place. Mais où, « sur place » ? à Champ-Dollon pen-dant trois ans, comme l'en menaçait le Conseil d'Etat les Conseillères et Conseillers muni-cipaux qui se seraient réunis sans que le Bailli les y autorise ? Mais bon, l'est quand même déjà un peu bourrée, la zonzon...



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