Fonds de tiroir

La présidente de la Comnmission européenne, l'allemande (de droite) Ursula von der Leyen a présenté la semaine dernière un plan de "relance" de l'économie de l'Union, qui rompt, tant par son ampleur que par sa démarche même, avec la doxa rigoriste (et libérale) de l'Union -du moins de la majorité de ses gouvernements et de son parlement. Le plan consiste en un emprunt commun de 750 milliards d'euros pour contrer la récession provoquée par la coronapandémie. On a l'impression d'un changement radical de politique économique des dirigeants de l'Union -mais il convient de nuancer : on est un peu dans la logique du "New Deal" rooseveltien -une logique de sortie de crise, pas de dépassement du capitalisme...  ce plan est dicté par l'urgence et la nécessité, pas par une prise de conscience politique de méfaits des politiques de "rigueur"budgétaire" et d'"austérité" sociale.  Merkel et Macron, à l'origine du plan, n'ont pas basculé à gauche, et d'entre les gouvernants qui rechignent à accepter ce plan, tel qu'il a été proposé, on trouve des sociaux-démocrates. 
 
Emmanuel Macron et Angela Merkel proposaient à l'Union Européenne la création, pour faire face à la crise économique provoquée par la coronapandémie,  d'un fonds de relance  financé par un emprunt garanti par les Etats membres, c'est-à-dire une dette "mutualisée" entre tous les Etats de l'Union, une méthode que l'Allemagne avait jusqu'alors refusé (lors même que la Banque centrale européenne possède plus de 2600 milliards d'euros de dette publique et intervient massivement sur les marchés, se substituant à une politique budgétaire européenne inexistante). Mais "l'Allemagne ne s'en sortira bien que si l'Europe se porte bien", a reconnu Angela Merkel.  Sur les 750 milliards proposés par la présidente de la commission, et logés dans le budget européen -ce qui les ferait financer par l'ensemble des Etats membres, ce qui suscite l'opposition des Etats pingres du nord (les Pays-Bas, le Danemark, l'Autriche, la Suède), 250 milliards seraient prêtés ou 500 milliards seraient transférés dans les budgets nationaux des Etats les plus touchés par la crise économique (l'Italie et L'Espagne, avant tout), déjà les plus endettés et les moins à même de dégager des moyens pour une "relance" suffidsante , ou apportés en garantie à des établissements bancaires prêteurs (comme la Banque européenne d'investissement). La banque centrale européenne a en outre mis à disposition 750 milliards d'euros de liquidités pour faire baisser les taux d'intérêts des emprunts d'Etat de la Grèce, de l'Italie et de l'Espagne.
Alors quoi ? 'Union Européenne lance son New Deal ? Les plans d'investissements que devront présenter les Etats qui voudront bénéficier de la manne communautaire (si le projet de la commission est accepté) devront en effet être compatibles avec le "green deal" (il n'y plus que deux Etats de l'Union dont l'anglais est la langue officielle, l'Irlande et Malte, mais on continue à jaspiner globish...), le transition écologique... de mauvais esprits y verront beaucoup de poudre aux yeux. 



La solidarité entre Européens est indispensable, a déclaré l'association des constructeurs automobiles allemands... qui a ajouté : "sinon, à qui nous les vendrons, nos Mercedes" ? Admirable interrogation éthique...

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