Fonds de tiroir

Mais quel beau déconfinement qu'on vit... Le 9 juin, la Chine a retiré les ingrédient issus du pangolin de la liste des produits pouvant être in corporés dans la médecine traditionnelle chinoise, et décidé que le pangolin allait bénéficier du plus haut niveau de protection dans le pays. Le pangolin est l'un des animaux les plus braconnés au monde : en dix ans, un million d'entre eux ont été tués -désormais, les braconniers risquent dix ans de prison. Et la prison, en Chine, ça doit pas ressembler à celles qu'on a connu à G'nêêêêve... Ben voilà, une bonne chose de faite... n'empêche qu'il a dû payer de sa personne, le pangolin, pour enfin être protégé : il est carrément soupçonné d'avoir servi d'hôte au virus à l'origine de la coronapandémie. Il aurait reçu le virus d'une chauve-souris. Devrait quand même surveiller ses fréquentations, le pangolin, avant de se plaindre qu'on lui fasse la gueule parce qu'il a chopé des morpions...

La gauche genevoise, à l'exemple de celle d'autres cantons (comme Neuchâtel), demande au Conseil d'Etat d'établir une liste des noms de lieux portant ceux de personnalités ayant soutenu le racisme, le colonialisme ou la traite négrière. Et ça fait beaucoup de monde. Surtout si aux personnalités du XVIe, XVII, XVIII et XIXe siècle on ajoute celles du XXe compromises avec des idéologies racistes et colonialistes, comme le fascisme, pour lequel un Conseiller fédéral comme Giuseppe Motta eut quelque sympathies, et dont un écrivain comme Piachaud fut carrément partisan. Quant au colonialisme, on se souvient qu'Henri Dunant tenta (vainement, il avait pas le sens des affaires) d'y prendre part en Algérie. La motion déposée au Grand Conseil par des députés du PS, des Verts et d'Ensemble à Gauche ne demande pas de rebaptiser les rues, mais d'apposer en dessous de la plaque portant leur nom des informations historiques : une option « qui n'efface pas l'histoire mais l'explique », résume la députée socialiste Helena de Freitas. Et c'est un bon choix. Parce que ce qui a été fait, dit, écrit ne pouvant être effacé, il ne sert à rien d'effacer la référence à son auteur, mais plutôt, si l'on veut condamner ses actes, ses dits, ses écrits, de les rappeler. Et pour les rappeler, pour assumer l'histoire, on peut s'appuyer sur les toponymes comme on peut s'appuyer sur des statues, en les « contextualisant» -en rappelant par une plaque qui était vraiment le personnage qu'on honore en donnant son nom à une rue ou une place, ou en le statufiant... L'effacement du nom d'un personnage ayant participé à des saloperies, ça serait une sort de prescription de ces saloperies -or le racisme et la traite étant des crimes contre l'humanité ne peuvent être prescrits, même avec les meilleures intentions antiracistes, antiesclavagistes et anticolonialistes du monde. Mieux vaut assumer l'histoire que la réécrire, quoi... Et de toute façon, l'histoire est une discipline où on porte sur le passé un regard présent : quand Michelet, Jaurès, Mathiez ou Furet traitent de la révolution française, ils traitent bien d'un temps qui n'est pas le leur... 


L'Hôtel-de-Ville de Genève, qui comme son nom ne l'indique pas est devenu un  «Hôtel-du-canton» quand Genève est devenu un canton suisse, est en rénovation, ce qui oblige le Grand Conseil et le Conseil municipal de la Ville a se réunir ailleurs et à traverser le Rhône pour se rendre sur la rive droite (le Grand Conseil à l'Union internationale des télécommunications, le Conseil municipal à l'Organisation météo-rologique mondiale). En principe, les travaux devaient être terminés à la fin 2020 et les deux parlements devaient retrouver leur salle de séance, réaménagée (on passera d'une disposition  «à l'anglaise», gauche et droite face à face, à une disposition où les groupes sont côte-à-côte, et les interventions ne se feront plus depuis leur siège mais à la tribune -bref, on va y perdre grandement en animation...) en janvier 2021. Ben non. La mise à disposition de la salle a été reportée à fin 2019, et la pandémie l'a encore reportée de trois mois. Finalement, zélus et zélues ne reviendront siéger dans la Vieille-Ville qu'en septembre 2021. Insoutenable attente... Mais bon, après tout, ça fait au moins 500 ans que les membres des conseils de la République et de la Commune siégeaient à l'Hôtel-de-Ville, ils peuvent bien attendre encore un an et trois mois. Surtout que le peuple, lui, il s'en fout de savoir où on siège -déjà qu'en majorité, il se fout de ce qu'on fait dans nos parlements...

Prédicateur à la mosquée Ar'Rahman de Bienne, où il donne aussi des cours de religion, Abu Ramadan, Lybien de 66 ans, depuis 20 ans en Suisse mais n'en parlant aucune langue nationale, à l'aide sociale et aux prestations complé-mentaires depuis 1998, est un humaniste poursuivi pour discri-mination raciale après avoir supplié Dieu d'« anéantir les juifs et les chrétiens » (mais pas les athées ni les païens ? coupable oubli...); il prône la lapidation des femmes adultères mais précise que lorsqu'une femme est lapidées, elle doit être habillée correctement pour être protégée des regards concupiscents sur sa nudité. Quant aux hommes adultères, on sait pas ce qu'il leur promet et à quelles conditions. Sans doute laisser leur barbe pousser avant de les caillasser. Mais gentiment. Avec de petits cailloux. Ou des marshmallows. Mais hallal, les marshmallows. 


Migros Zurich avait eu une bonne idée : commander à trois artistes zurichoises des dessins pour des sacs en papier. Les trois artistes avaient fait de jolis dessins, avec une femme et un chat, qui boivent du café, se partagent une pizza ou se chatouillent. Mignon tout plein. Sauf que, vade retro Satanas, la femme est nue. Et Migros Zurich s'étrangle. Et détruit les 60'000 ou 120'000 sacs, on sait pas vraiment, imprimés (sauf les quelques sauvés par les artistes), pour se prémunir de l'accusation de sexisme. Les artistes s'étranglent entre rire et colère : «nous trouvons incroyable que des dessins de femmes par des femmes soient perçus comme sexistes car elles sont nues». La Conseillère nationale PLR Susanne Vincenz Stauffacher est un peu du même avis, et ajoute que détruire 60'000 ou 120'000 sacs en papier tout neufs est «un non-sens écologique». Sa collègue verte Léonore Porchet, en revanche, considère que «vouloir vendre des produits grâce (à la représentation d'une femme nue)» est effectivement sexiste. Sauf que là, il s'agit de sacs en papier... Et nous, on s'interroge gravement : si au lieu d'une femme nue jouant avec un chat, on avait eu sur les sacs un homme nu jouant avec un chien, est-ce que Migros les aurait aussi détruits, les sacs ? Oui, on sait, des fois, on se pose des questions idiotes... 


Le directeur du Salon de l'auto de Piogre (pardon : du Geneva International Motor Show), Sandro Mesquita,  est inquiet -et a toutes les raisons de l'être : l'édition 2020 de la foir à beaufs a été annulée, l'édition 2021 risque fort de l'être, l'édition 2020 est incertaine, et «Si nous ne trouvons pas une solution d'ici à septembre, nous risquons la liquidation», résume le directeur. Faut qu'on pleure ? D'accord, on pleure. Comme des crocodiles. Des crocodiles cyclistes, même.




Commentaires

Articles les plus consultés