Fonds de tiroir

La  «Tribune de Genève » de mercredi balance (c'est pas beau, mais c'est utile...) neuf noms de complices de l'opération de la CIA et du BND de piratage des dispositifs de chiffrement vendus par l'entreprise suisse Crypto à des Etats que la CIA et le BND espionnaient. Neuf noms, donc, et rien que du beau monde : Oskar Stürtzinger, ingénieur EPFZ et officier des troupes de transmission savait tout-mais n'a rien dit et est décédé; Peter Frutiger, ingénieur EPFZ employé de Crypto, avait découvert le vérolage des dispositifs vendus par son entreprise et avait voulu aider certains clients à sécuriser les appareils qu'ils avaient acheté -il en a été puni par un licenciement; Kirk Kirchhofer, ingénieur aussi, officier d'état-major de l'armée, était responsable des ventes de Crypto, et est décédé; Kurt Bolliger, colonel commandant de corps, chef des forces aériennes, président de la Croix-Rouge, savait tout et n'a rien dit, même au chef d'état-major de l'armée (et lui aussi est décédé); autre défunt, le procureur général de la Confédération Hans Walder, qui avait été informé en détail par Frutiger; les Conseillers fédéraux PDC et PLR Arnold Koller et Kaspar Villiger, tous deux encore à peu près vivants et qui furent tous deux chefs du Département militaire, avaient été informés du programme de vérolage, mais n'en avaient pas informé leurs collègues du gouvernement; Walther A. Hegglin, Maire de Zoug, président du Conseil d'administration de Crypto, savait tout, n'a rien dit et rien fait, est resté en fonction et est mort; enfin, Georg Stucky, membre du Conseil d'administration de Crypto, Conseiller national PLR, savait tout, en a informé Kaspar Villiger, et en est resté là. Ouala. Une belle brochette de complices actifs ou passifs, tous grands partisans de l'armée et de l'économie, évidemment. On notera avec soulagement carrément ethnico-tribal qu'il n'y a que des Alémaniques (de droite) dans cette liste. L' «Affaire Crypto », au fond, c'est juste une staubirnerei...

Malgré une évolution réjouissante de ses positions sur le soutien à la mobilité douce (il y vient, doucement...), le Touring-Cub gene-vois, dans un autre dossier, ne démord pas de son opposition à l'allègement de la règle archaïque de compensation de toute place de parking supprimée par une nouvelle place, mais avec une argumentation si étrange qu'elle donne l'impression qu'il n'y croit pas lui-même : réduire les possibilités de parcage des bagnoles, que ce soit en surface ou en sous-sol, ce serait porter «atteinte aux libertés individuel-les» (d'où sort-il la «liberté indivi-duelle» de gaspiller un espace pour y poser un véhicule ?), et serait « tourner le dos aux évolutions technologiques de la mobilité » (comme si une voiture électrique était moins encombrante qu'une voiture à carburant fossile) «ainsi qu'aux évolutions sociales en cours», alors que dans les villes une part croissante de la population n'a pas, ou plus, de bagnole, et donc pas, ou plus, besoin d'une place de parking ? Allez, encore un chti effort pour comprendre le sens de la vieille sentence de Galilée : «Eppur si muove»... doucement...

Devant « Baby Plage » (la plage genevoises des gosses, donc), trône en ce moment une belle statue de trois tonnes et de cinq mètres de haut, reproduisant le fameux coup de boule de Zidane à Materazzi lors de la Coupe du monde 2006. Nous, on aime beaucoup -ça nous rappelle un beau moment, où pour une fois le foot nous avait bien fait marrer. Mais y'en a qui n'aiment pas, et pour qui c'est «une apologie de la loi du talion» et une « valorisation de la violence »... comme si c'était la seule statue qui pouvait en être coupable... Nous, on l'aime bien, cette statue et l'événement qu'elle rappelle : c'est pas si souvent qu'un footballeur utilise sa tête pour autre chose que pour jouer à la baballe...

Espèce marchante, l'espèce humaine est aussi une espèce parlante. Or il y a, chez l'automobiliste des villes, cette étrange involution qui se manifeste par la perte du langage -à tout le moins du langage humain structuré, syntaxé. L'humain naturel parle, l'automobiliste klaxonne. Darwin, réveille-toi, ils sont devenus cons...