Budget 2021 du canton de Genève : Pertes et coupes


Le Conseil d’Etat genevois présentera jeudi son projet de budget 2021, et le plan financier quadriennal qui accompagne tout budget annuel. On s'attend à un déficit maousse, et des "économies" faites sur le dos des salariés de la fonction publique, et des services publics Le Conseil d’Etat prévoit de baisser de 1% les salaires du personnel du "Grand Etat", d'augmenter les cotisations du personnel à sa caisse de prévoyance.  Au total, les salaires nets des employés de la fonction publique pourraient être réduits de 2 %. A cela s’ajoutent le non-versement de l’annuité en 2021 et 2023 et le maintien du gel de l’indexation des salaires. Cette offensive ne concerne pas que le personnel de l’Etat, d'autant qu'il n'est pas exclu que des mesures comparables soient proposées à l'encontre du personnel de la Ville de Genève, pour les mêmes raisons ("faire des économies" après avoir réduit les recettes fiscales), c’est l’ensemble des salarié-e-s du canton qui sont menacé-e-s, de telles mesures imposées au secteur public ne pouvant manquer d'inspirer le patronat du secteur privé... Si de telles mesures étaient imposées au secteur public, cela représenterait un signal catastrophique au patronat qui réclame déjà des baisses de salaires. Au fond, tout cela ne peut que nous inciter à réitérer l'appel à voter "oui" le 27 septembre à l'initiative "zéro pertes", qui exige précisément le contraire de ce que le gouvernement cantonal propose de faire.


La fonction publique n'est pas une variable d'ajustement

Les budgets genevois, ceux du canton et des communes, dont celui aussi de la Ville, sont désormais plombés non seulement par la crise économique provoquée par la coronapandémie, mais aussi, et dès avant, par les conséquences des réformes fiscales fédérales et cantonale. Le grand perdant de la réforme fédérale de l'imposition des entreprises, combattue par référendum mais ratifiée par le peuple (malgré nous...), et de sa petite soeur cantonale, elle aussi ratifiée par le peuple (malgré nous...) a été le service public -qui n'avait franchement pas besoin de cela. La réduction des ressources fiscales entraînée par les réformes péjore durement les budgets des cantons et des communes, et donc le financement de leurs services publics. On en a déjà eu et on en aura vérification lors des débats budgétaires genevois : le lourd déficit provoqué par -entre autres- l'application cantonale de la RFFA a provoqué le renoncement par le parlement, contre l'avis du gouvernement, à la création de postes de travail indispensables pour assumer les tâches collectives, compte tenu de l'accroissement de la population (plus d'élèves dans les écoles, plus de personnes âgées à soutenir, plus de malades à soigner, plus de pauvres à aider -mais pas plus de personnel pour le faire). Or rien n'indique que les majorités politiques, gouvernementale et parlementaire, cantonales vont renoncer à distribuer sous une forme ou une autre des cadeaux à des catégories de contribuables qui n'en ont nul besoin : ainsi,  le Conseil d'Etat a annoncé récemment son intention de baisser massivement l’imposition de la fortune. Une baisse d’impôt qui coûterait 130 millions par année à l’Etat. Et comme il faut les payer, ces cadeaux, ou plutôt les faire payer par d'autres que ceux qui les reçoivent, on propose de baisser les salaires de tout le personnel des services publics, de la santé et du social, quand cela fait 12 ans que des travailleuses et des travailleurs du social et de la santé attendent une réévaluation de leurs salaires. Est-ce à la fonction publique de  payer la lutte contre le virus et les cadeaux fiscaux ?

La fonction publique n'est pas une variable d'ajustement, c'est la force de travail des collectivités publiques. Les employé de l'Erar, des communes, des régies publiques, ne sont pas des lignes dans les budgets : ils sont celles et ceux qui font ce que la population demande au secteur public de faire.

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