Fonds de tiroir

 Comme d'hab', le procès-verbal d'une audience judiciaire de Maudet et de Simon Brandt (qui s'y était fait porter pâle) s'était retrouvé dans la presse («Le Temps»). On y apprenait que les deux pieds-nickelés se demandaient comment camoufler le financement par le groupe Manotel de la soirée d'anniversaire de Maudet, le 6 mars 2018 (ce volet des enquêtes contre Maudet a été classé par le Ministère Public : il n'y avait pas matière à poursuivre). Envisager de modifier un procès-verbal d'une séance du PLR de la Ville (même sans l'avoir finalement fait) ? trier les membres «sûrs» et pas «sûrs» du PLR de la Ville, faire envoyer un rappel bidon pour les frais du raout et les faire payer par Maudet, ou par Brandt avec remboursement par Maudet ? Le président cantonal du PLR, Bertrand Reich, qui trouve inacceptable «que deux élus essayent de réarranger les faits et classent des membres comme sûrs et d'autres pas», résume : «on essaie d'organiser a posteriori une situation en retouchant des pièces et en cachant les choses à certains membres». De toute façon, les responsables de la section Ville du PLR qui ont épluché les PV depuis qu'elle existe en tant que section du PLR, après la fusion libérale-radicale (les libéraux n'avaient même pas de section Ville) n'y ont rien trouvé de répréhensible. Lex extraits de conversation Whatsapp entre Maudet et Brandt n'exprimaient qu'une éventualité, et n'annonçaient pas des actes.  Rien d'illégal, résume Brandt, qui assure n'avoir voulu que «rassurer» un Conseiller d'Etat «en état de faiblesse». C'est touchant.  De toute façon, Maudet ne se souvient de rien et ne voit même pas de quoi on cause. Il perd un peu la mémoire, Superman. Ou plutôt, il a remplacé la mémoire par de la rancune. C'est encore plus solide, notez bien... Et on a appris qu'il se faisait informer des intentions des rédactions de la «Tribune de Genève», du «Matin Dimanche» et de «24 Heures» sur la couverture de son l'«affaire» par une journaliste de l'une ou l'autre (ou de toutes) ces rédactions... «On touche le fond», soupire le député et conseiller municipal Christo Ivanov. Ouais, peut-être, mais à droite, à Genève, on applique rigoureusement le principe de Fellag : «une fois qu'on a touché le fond, on creuse»... Et Brandt, qui affirme : «je n'ai jamais rien fait d'illégal», d'annoncer tout de même qu'il démissionne de la vice-présidence du PLR de la Ville (et du comité directeur du parti cantonal). Dont le trésorier démissionne aussi. Mais Maudet, lui, ne démissionne toujours pas du Conseil d'Etat, alors même qu'il y a perdu toute crédibilité.  «S'il attachait de l'importance à son parti, Pierre Maudet démissionnerait» soupire Bertrand Reich... Seulement voilà, Pierre Maudet attache surtout de l'importance à Pierre Maudet. Il n'a cessé de repousser l'échéance possible d'une éventuelle démission : après une longue enquête, puis après une inculpation, puis après un renvoi en jugement, il reste au Conseil d'Etat (en y laissant Nathalie Fontanet seule représentante du PLR)  comme «indépendant» à la tête d'un département rachitique, et sans plus aucun soutien ni de son (ancien) parti, ni de ses collègues du gouvernement, ni du parlement. Tant mieux, « ça clarifie la situation et ça dégage l'avenir», savoure Bertrand Reich. «Au moins maintenant les choses sont claires», ajoute la secrétaire générale du parti suisse, Fanny Noghero. Mais pour les autres partis politiques genevois, l'exclusion définitive de Maudet ne change pas grand'chose, voire rien du tout : «tant le Grand Conseil que le Conseil d'Etat travaillent déjà avec un poids mort», soupire le Vert Pierre Eckert. N'empêche : faut qu'il tienne jusqu'aux prochaines élections cantonales (même s'il est condamné : il pourra toujours faire recours et faire durer le plaisir -le nôtre) et qu'il s'y présente après avoir reconstitué le Parti radical (ou être passé dans la benne de recyclage des surplus politiques, le MCG), puisque son comité de soutien considère son exclusion comme «une attaque frontale contre la branche radicale du PLR», et envisage de créer un nouveau parti «si le PLR continue à se soviétiser, à ne plus représenter personne et à perdre toutes les élections». C'est bien les gars, continuez : un boulet comme «Pierrot le flou» (on aime bien ce surnom)  aux pieds du PLR, on voudrait pas, à gauche, y renoncer. En somme, Pierre Maudet, c'est notre François Fillon à nous...

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