Pour les 300 à 1000 sans-abris de Genève : Le logement, plus que l'hébergement

 

On estime le nombre de sans-abris à de 300 à 1000 personnes à Genève, et une étude sur le "sans-abrisme" (ce barbarisme est récent)  va être lancée par la Ville pour en faire un état des lieux... La Ville assure leur hébergement d'urgence. Elle répond ainsi à une urgence sociale, mais cette réponse ne permet pas la réinsertion sociale des personnes concernées.  Nous (des conseillères et conseillers municipaux socialistes et du Parti du Travail) avons  donc déposé une motion demandant  au Conseil administratif de Genève d'étudier la mise en place et le coût d'une politique de réinsertion sociale complémentaire et préventive de l'accueil d'urgence, de mise en place d'une structure d'hébergement et de prise en charge sociale personnalisée des sans-abris, ouverte toute l'année dans un bâtiment en surface, de création d'une équipe pluridisciplinaire pour l'accueil des sans-abris et d'établissement d'un programme pour prévenir la perte de leur logement par les personnes en situation de précarité.

"Toute personne dans le besoin a droit d'être logée de manière appropriée"

Sur les 300 à 1000 personnes sans abri à Genève, dont certaines viennent de France ou de Vaud voisins, 225 pouvaient être hébergés aux Vernets, 130 peuvent l'être à Frank Thomas et 100  en sous-sol dans les abris PC de Châtelaine et de Richemont. Cet hébergement est un hébergement d'urgence, totalement assumé par la Ville -et la Ville seule. Il s'y ajoute une centaine de places d'hébergements, toujours d'urgence, assumées par des partenaires subventionnés par la Ville -comme l'Armée du Salut. Le Département municipal de la cohésion sociale, celui de la socialiste Christina Kitsos a accordé 200'000 francs à l'association 6Logis pour la création de logements relais pour femmes et enfants, et la Ville a accordé 40'000 francs à l'Association pour la sauvegarde du logement des précaires, pour financer l'engagement de travailleurs sociaux et d'un médiateur, pour un équivalent plein-temps.

Les structures d'accueil existantes (abris de la protection civile, foyers de l'Armée du Salut) répondent à une urgence sociale mais ne sont pas des instruments de réinsertion sociale. Elle permettent la survie des personnes à qui elles offrent un abri, elles ne permettent pas plus. Elles sont une réponse humanitaire, pas une réponse politique. Ni une réponse sociale. Et si on se contente d'elles, on ne résout aucun problème -et on risque même d'aggraver ceux auxquels on essaie de répondre. Ces mesures d'urgence sont nécessaire, mais insuffisantes, Elles ne permettent pas de faire un véritable travail social de réinsertion (ou d'insertion de celles et ceux qui n'ont en réalité jamais été insérés). Elles doivent certes être maintenues, et renforcées, mais elles doivent être complétées par des mesures plus ambitieuses, plus durables : on ne réinsère pas dans la société des femmes et des hommes qu'on abrite sous terre. Et on sait qu'aucune réinsertion sociale n'est possible sans qu'un préalable soit acquis : le logement.

A côté des mesures d'urgences, il nous semble donc indispensable, pour pouvoir réellement développer une politique de réinsertion sociale, de doter la Ville d'une structure pérenne, en surface et pas en sous-sol, et de doter cette structure du personnel social et sanitaire nécessaire.

"Toute personne dans le besoin a droit d'être logée de manière appropriée", édicte la Constitution genevoise. La Ville, par la voix de Christina Kitsos, s'est donc donnée pour projet "zéro sans-abris", On pourrait ricaner en se disant qu'un tel objectif est aussi inatteignable que celui d'un navigateur voulant atteindre l'horizon, que l'horizon toujours recule quand on veut l'atteindre et qu'il y aura toujours des sdf. Mais en mettant le camp sur l'horizon, il arrive que l'on découvre des terres nouvelles. L'objectif "zéro sans-abris" est de cet ordre : il donne une direction. Et le projet de doter la Ville d'une structure pérenne de réinsertion sociale des sans-abris va dans le même sens que ce chemin. 

Là encore, il y a urgence à sortir de l'urgence... et à s'en donner les moyens


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