Fonds de tiroir

 

Le Grand Conseil a (bravo à lui) en-terré le projet de nouvelle prison des Dardelles. Bon, ben reste plus qu'à refaire de Saint-Antoine une prison... au centre ville, avec vue sur le collège...

Les activistes du climat ont annoncé le lancement d'un référendum contre la nouvelle loi fédérale CO2 (l'UDC aussi, pour des raisons évidemment totalement contraires, mais les signa-tures de l'une et des autres s'addition-neront). Et ce référendum a eu un premier effet heureux : SolidaritéS et le Parti du Travail le soutiennent, tous deux, sans se foutre sur la gueule pour savoir qui le soutient le premier. Comme quoi, le réchauffement climatique ne fait pas que des dégats...

Le Grand Conseil a refusé une proposition du député PLR Jean Romain de fixer un cadre vestimentaire aux députées et députés et de déterminer ce qui relevait de la bienséance, de la dignité, de la neutralité de la tenue des élus. Le Conseil municipal de la Ville va également refuser une proposition semblable de la droite, qui ne prétend même pas imposer une tenue décente, digne, bienséante, mais carrément une tenue n'exprimant aucune conviction religieuse, philosophique ou politique. C'est assez inventif, que vouloir interdire l'expression d'une conviction politique dans un espace politique où siègent des personnes en principe élues pour leurs convictions, non ?
Ces intéressants débats se tiennent alors que devant le Cycle d'Orientation de Pinchat 200 personnes venaient de manifester contre l'imposition du port d'un «T-Shirt de la honte» aux élèves portant des tenues jugées «inadéquates» par la direction de l'établissement ou des enseignants. Des  tenues «inadéquates» qui, comme on s'en doute, sont presque toujours celles de filles : épaules nues, nombrils à l'air, shorts moulants, décolletés... les associations qui soutiennent la protestation des élèves dénoncent, dans une lettre à la Conseillère d'Etat Anne Emery Torracinta, cheffe du département de l'Instruction publique, l'«hypersexualisation du corps des femmes», des méthodes «punitives, sexistes et humiliantes», un règlement qui «ne s'applique quasiment qu'aux jeunes filles». Comme naguère celui qui leur interdisait de porter des pantalons... Il n'y a d'ailleurs pas qu'à Pinchat qu'un règlement aussi idiot sévit : à Vuillonnex, aux Voirets, à Drize, à la Golette aussi. Et partout, il semble bien que ce qui soit considéré comme une tenue incorrecte pour une fille soit admis comme une tenue correcte pour un garçon. La Conférence suisse des directeurs cantonaux de l'instruction publique envisage de se saisir de la question au niveau romand. Condamnée par la vice-présidente de la conférence suisse des directeurs de l'instruction publique, la socialiste Monika Maire-Hefti, qui s'est déclarée «vraiment choquée» par une sanction «questionnable sur le plan pédagogique» et «clairement stigmatisante, notamment pour les jeunes filles», cette pratique avait même été désavouée par la Conseillère d'Etat (socialiste aussi) Anne Emery-Torracinta : «nous ne sommes pas l'arbitre de la mode, qui n'est ni bonne, ni mauvaise, mais adéquate ou pas selon les lieux». Ce qui toutefois ne fait pas vraiment avancer le schmilblick, parce qu'alors on se pose la question de la définition de l'adéquation -et de l'adéquation à quoi ? A recevoir un enseignement ? mais en quoi montrer son nombril empêche d'apprendre ? Et ça déconcentre qui ? les garçons de la classe ou le prof ?

C'est «Le Matin Dimanche » qui nous le narre : le Conseiller fédéral UDC Ueli Maurer, ministre des Finances et à ce titre du personnel de la Confédération voulait en finir avec les mesures permettant une représentation équitable des femmes et des minorités linguistiques au sein de la fonction publique. Et a donc proposé à ses collègues du gouvernement d'abandonner les «valeurs-cibles» de cette représen-tation des femmes, des fran-cophones, des italophones et des romanchophones, et de se contenter de «recommandations générales». Trois conseillers fédéraux se sont vigoureusement opposés à cette proposition : le socialiste romand Alain Berset, le PLR tessinois Igniazio Cassis et la démo-chrétienne valaisanne (et alémanique) Viola Amherd. Et le Conseil fédéral a finalement poubellisé la proposition de Maurer. Les «valeurs-cibles» sont main-tenues, le gouvernement tient à assurer une représentation équitable des femmes et des minorités, et a même haussé l'objectif de celle des femmes. Quant à celle des udécistes, elle reste ce qu'elle est au Conseil fédéral (deux sièges sur sept). Faut dire que cette représentation-là, Maurer ne la contestait évidem-ment pas. Son collègue de l'UDC, Guy Parmelin, non plus, d'ailleurs. On se demande pourquoi. Ou plutôt, on ne se le demande pas : il a beau être Romand, Parmelin, il est surtout UDC. Et l'UDC est surtout un parti alémanique (ton père)...

Gauche de la gauche genevoise, ton univers impitoyable : «Le Courrier» du 24 septembre nous narre l'«Escalade du conflit à Solidarités». Ce conflit oppose, pour résumer, la coordination du mouvement (sa direction de fait) aux partisans de sa transformation en un «Parti populaire de la gauche radicale», nouvel avatar de ce qui a été successivement la Ligue marxiste révolutionnaire, le Parti socialiste ouvrier et SolidaritéS. Une dizaine de militantes ont annoncé qu'elles ne participeraient plus aux instances décisionnaires du mouvement, du fait notamment des «attaques sexistes» qu'elles y subissent, par exemple aux assemblées générales, des «menaces physiques pour la sécurité et l'intégrité d'une camarade», des crachats, des règlements de compte avec la coordination, etc... A quoi huit militantes et militants partisans d'une refondation répliquent en dénonçant des «mensonges» et une «vision partiale et erronée des faits», précisent que de leur côté aussi, on a été menacé de crachat et été «victime d'un croche-pied», et accusent la coordination de vouloir empêcher le débat sur la «refondation» du mouvement. «Escalade du conflit», donc. Escalade pour Escalade, on attend donc les jets de marmite et les chutes de herses...

Le Conseiller national UDC genevois Yves Nidegger s'en est... euh... verte-ment ? pris à deux de ses collèges de parti, également parlementaires fédé-raux, Céline Amaudruz et Pierre-André Page, pour leur soutien à la facilitation des changments de sexe à l'état civil :  «avec de tels patriotes, il n'y a plus besoin d'immigration pour dissoudre le pays». Pas moins. A quoi tient le destin de la Suisse, quand même : au non-sexe des anges...

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