Brèves de comptoir

 

Au printemps dernier, la télé alémanique et le «Washington Post» révélaient que les services secrets américain et allemand, la CIA et le BND, avaient fait vendre à une centaine d'Etats par une société suisse, Crypto AGH,  des appareils de cryptographie vérolés pour pou-voir décrypter facilement les messages transmis par lesdits appa-reils. On se demandait si dans cette histoire la Suisse était victime ou complice. On ne le se demande plus : elle était complice. Et elle (le service de renseignement straté-gique, le SRS) a pu, en s'en procu-rant le moyen auprès de la société Crypto, décrypter les messages transmis par la machine. Mais seul le SRS était dans la combine : la Police fédérale, la délégation parlementaire, le Conseil fédéral, ont été tenus dans l'ignorance, ou désinformés. Et tout ça a duré du début des années '90 à la fin des années '10... C'est pas si souvent que nos services secrets s'illustrent, alors on est bien contents qu'une affairede ce genre gonfle un peu leur prestige. Patriotes on est, quoi.

Dimanche 29 novembre, on vote. Depuis le temps qu'on vous le rappelle, vous le savez. Sauf qu'on ne vous le rappelle qu'à propos des deux objets soumis au vote fédéral, l'initiative pour des multinatio-nales responsables et celle contre le financement de la fabrication d'armes de guerre. On dit évidem-ment «oui» aux deux. Mais on vote aussi au plan cantonal. Sur une modification de limites de zones à Avully, dont on avoue qu'on n'a rien à secouer, et sur un objet tout de même un peu plus important, puisqu'il s'agit de droits politiques, mais dont on ne vous a pas dit un mot -alors on en cause : il s'agit de modifier la constitution cantonale afin d'exclure désormais la pos-sibilité de priver de leurs droits politiques les personnes «durable-ment incapables de discer-nement». Tous les partis acceptent cette proposition de modification, sauf l'UDC (elle n'a donc pas jugé que redonner le droit de vote aux personnes incapables de discerne-ment pouvait lui être profitable ?), d'autant que ça ne concerne que 1200 personnes à Genève, soit moins d'un demi-pourcent du corps électoral cantonal. Et on l'accepte aussi. Même si ça introduit une divergence entre l'exercice des droits politiques cantonaux et celui des droits politiques fédéraux (les personnes concernées en resteraient privées). Mais de telles divergences ont déjà existé (lorsque les femmes genevoises disposaient des droits politiques municipaux et canto-naux, mais pas fédéraux) et existent encore (les étrangers établis depuis huit ans à Genève votent au plan municipal, mais pas aux plans cantonal et fédéral). Et puis, en rétablissant les droits politiques pour les personnes handicapées (ce que sont celles «incapables de discernement»), on applique la Convention de l'ONU relative aux droits des personnes handicapées, qui engage à «éliminer les obstacles auxquels sont confrontées les personnes handicapées, à protéger celles-ci contre les discriminations et à promouvoir leur inclusion et leur égalité au sein de la société civile». Donc, on résume, on dit «oui» au rétablissement de leurs droits politiques. Parce qu'on est favorables au suffrage le plus universel possible.

Les primes d'assurance-maladie n'augmenteront «que» de 0,5 % en moyenne suisse en 2021. Mais de 0,6% à Genève et de 0,9 % dans le canton de Vaud. Mais les primes ne sont pas seules à augmenter : les réserves des assureurs se montent désormais à onze milliards de francs. Soit quatre mois de primes de tous les assurés. Deux fois plus que nécessaire. L'arnaque continue, quoi.

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