Fonds de tiroir

 

Encore un débat politique national fondamental tué dans l'oeuf : l'initiative populaire fédérale pour la suppression de l'autocollant C H à coller sur les bagnoles a échoué au stade de la récolte de signatures. Le complot mondial pédosataniste et sinocovidien contre le peuple a encore frappé. Mais heureusement, y'a de la résistance : le paysan bernois Armin Capaul, auteur de l'initiative contre l'écornage des vaches, refusée par le peuple (à 55 %) et les cantons, a annoncé qu'il allait remettre ça avec une nouvelle initiative, plus stricte que la première, qui ne proposait qu'une subvention aux éleveurs qui refusaient d'écorner leurs animaux de rente : la nouvelle initiative proposera carrément l'interdiction de l'écornage. Et pan dans les dents du complot !

Le procès de Pierre Maudet et de ses quatre co-accusés devant le Tribunal de police se tiendra bien du 15 au 19 février, ce qui déplaît fortement à Maudet et à son avocat, parce que ça tombe un mois avant l'élection par-tielle au Conseil d'Etat, à laquelle Maudet se présente à sa propre suc-cession. La défense de Pierre le Grand avait demandé le report du procès, elle a échoué à l'obtenir. Evidemment, un candidat jugé en pleine campagne électorale, et quand les électrices et teurs auront reçu leurs bulletins de vote, c'est pas forcément de nature à renforcer ses chances, mieux vaut, comme Jornot, lui aussi en campagne électorale (mais devant l'Assemblée fédérale) pour le poste de procureur, con-damner les autres... Mais bon, tout n'est pas perdu pour Maudet : il peut toujours se la jouer Trump, et exiger des recomptages... on pourra tou-jours se consoler en se disant qu'on aura produit une nouvelle Genferei, comme le relève le président du PLR : «c'est la première fois en Suisse que l'on verra un Conseiller d'Etat en charge consacrer une semaine à une audience pénale» en tant qu'accusé. Mais ce qui serait marrant, quand même, c'est que Maudet soit condamné en février et élu en mars. Il rejoindrait Léon Nicole dans la liste (qui sauf erreur ne comprendrait que leurs deux noms) de magistrats élus juste après avoir été condamnés. Avec une chtite différence quand même : Léon Nicole a carrément été élu juste après être sorti de prison, ce qui ne serait certainement pas le cas de Maudet (dont par ailleurs les chances d'être élu sont assez faibles). Dommage, ça aurait eu de la gueule comme Genferei, mais, la société, la justice et l'électorat se sont bien amollis depuis le début des années trente du siècle dernier...

La Ville de Genève va proposer  «à la population» des bons d'achat de 20, 50 et 100 francs, qu'elle proposera avec un rabais de 20 % (qu'elle prendra en charge). Mais il faudra quand même les acheter, ces bons d'achat. Qui ne seront pas valables partout : seulement dans un réseau de commerces et pour certains produits. Et les magasins d'alimen-tation sont exclus de l'opération. Alors, faut pas prendre les enfants (des rues) du Bon Dieu (des sdf) pour des canards sauvages : on n'a pas affaire à une aide sociale aux plus démunis, mais à une action de soutien aux commerces du réseau «GenèveAvenue». Oualà, c'est dit.

Crédit Suisse a recouru au Tribunal fédéral contre un arrêt de la Chambre pénale genevoise d'appel et de révision, acquittant un militant climatique qui avait été en première instance condamné pour avoir peint des mains rouges sur la façade de la banque, lors de la grande marche pour le climat du 13 octobre 2018. Il s'agissait pour lui de dénoncer les investissements de la banque dans les énergies fossiles. La chambre d'appel avait reconnu au militant l'«état de nécessité putatif», et expliqué que son acquittement traduisait «le constat d'un échec collectif et imminent qui ne devrait réjouir personne» : l'échec des demi-mesures contre le réchauf-fement climatique. La banque, évi-demment, n'est pas de cet avis : pour elle, avoir décoré sa façade avec des mains rouges «constitue un dommage à la propriété». Ce qui est évidem-ment infiniment plus grave qu'un dommage au climat. Faut pas toucher aux façades des banques. Faut pas. C'est plus sacré que le climat, les façades des banques...

Le groupe d'agences de recrutement et de placement Academic Work a interrogé, entre février et avril (en pleine première vague covidienne) 1330 jeunes étudiants pour savoir dans quelles grandes entreprises, publiques ou privées, ils rêvent de travailler, et pourquoi. Réponse : au classement des 25entreprises les plus citées, on trouve en tête Rolex, suivi de Google, du CERN, de Patek Phillippe... et de la Confédération suisse. Nestlé est huitième du classement, juste devant... le canton de Genève, l'ONU et l'UEFA. Swiss (la compagnie aérienne, donc) est 13ème, juste devant... la Ville de Genève, puis le WWF. Les CFF sont 19èmes, juste devant les HUG, Swissom et Genève Aéroport. Les entreprises et collectivités léma-niques cartonnent, donc. Surtout les genevoises. Quant aux motivations de ces futurs cadres dynamiques, on trouve en tête les possibilités d'évolution et de développement de l'entreprise (et de la carrière) et la qualité de l'environnement de travail (y compris des collègues sympathiques), avec 53 % de réponses, puis des horaires flexibles (51 %), le salaire et les avantages sociaux (50 %). Avec un voeu (pieux ?) : que l'entreprise s'implique dans le respect des droits fondamentaux, de l'égalité des genres, de la diversité ethnique et de l'environnement. Et des travail-leurs ? euh... déconnez pas, y'a pas les syndicats dans la liste des bons employeurs...

Noëlla Roger avait cent ans. Elle avait été déportée à Ravensbrück, et son fiancé, résistant, avait été fusillé. Elle avait survécu à quinze mois de camp de concentration. Quand elle en avait été libérée, elle était tuberculeuse et ne pesait plus que 32 kilos. Mais elle avait demandé, et obtenu, la grâce de l'agent français de la Gestapo qui l'avait arrêtée, et était coupable de centaines d'assassinats et de tortures. Noëlla Roger est morte du covid dans la nuit de samedi à dimanche, Elle avait survécu à Ravensbrück. Pas au Covid. Ce virus est un sale con.

Le Conseil d'Etat genevois a décidé d'autoriser la réouverture des salons de coiffure, d'esthétique, de barbiers et de tatouage. Et de fitness (mais pour pas plus de cinq personnes à la fois, coachs compris)  En revanche, les cinémas, les théâtres, les salles de concert restent portes closes. On lutte contre la transmission de quoi, à Genève ? de la covid ou de la culture ?





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