Fonds de tiroir

 

L'initiative pour des multi-nationales responsables de leurs actes a été largement approuvée par les femmes (à 55 %, contre 43 % pour les hommes), les villes (à 58 %, contre 44 % dans les campagnes), les jeunes (à 55 % des 18-34 ans, contre 45 % chez les plus de 65 ans) et la gauche (97 % des Verts et 87 % des socialistes l'ont soutenue, contre 17% des udécistes, 20 % des radelibes et 41 % des démo-cherétiens... pardon, des «centristes»). Jeunes femmes urbaines de gauche, on vous aime... vieux mâles rupestres de droite, on vous ignore...

Il y a un an, les Suissesses et les Suisses élisaient le parlement fédéral le plus jeune, le plus féminin, le plus écolo et l'un des plus à gauche depuis 1848... et un an après, ce parlement sera présidé par deux hommes sexagénaires et UDC (Alex Kuprecht pour le Conseil des Etats, Andreas Aebl pour le Conseil national), et la Confédération par un homme sexa-génaire et UDC, Guy Parmelin... le «tournus» des présidences, c'est pas de la politique, c'est de la tradition, un héritage, une antiquité, comme la double majorité du peuple et du canton exigée pour qu'une initiative populaire fédérale soit acceptée. En Suisse, les vieux machins réacs font partie du patrimoine, faut pas y toucher. Juste attendre. Et pour les trois vieux présidents udécistes, juste patienter un an pour qu'ils passent la main.

La cheffe du groupe PDC (pardon : du Centre) aux Chambres fédérales, Andrea Gmür, se lamente : elle com-battait l'initiative pour des multi-nationales responsables de leurs actes, soutenue par les Eglises : «on m'a même traité de fausse catholique» ayant «vendu (son) âme aux multi-nationales». A l'inverse, la socialiste Ada Marra, catholique pratiquante, qui s'est fait excommunier par des adversaires politiques, ne s'en émeut guère : «Il y a le Dieu Mammon et Dieu tout court. Chacun se positionne et chacun assume». Et puis, au cas où, on achète une Indulgence à Mammon et Dieu pardonne, non ?

L'ex-député MCG et promoteur immobilier, Roland Zacharias fait, avec son associé, l'objet d'une instruction pour faux dans les titres et escroquerie, pour avoir conclu des baux fictifs de courte durée pour pouvoir procéder à d'importantes hausses de loyer par la suite, lorsque de vrais locataires concluront de vrais baux dont le loyer sera fixé en référence à celui du dernier bail conclu -le bail fictif, donc. L'exercice se serait répété des dizai-nes de fois, pour des appartements gérés par des régies différentes, et aurait permis à Zacharias et son associé, qui ont reconnu une partie des faits, de se mettre des centaines de milliers de francs dans les fouilles. Pourquoi on n'a pas été surpris par la nouvelle, hein, pourquoi ?

On votait aussi dimanche dernier dans de nombreuses communes suisses, dont une (une ville, même) genevoise : Meyrin. Et si on y a bien voté pour des multinationales responsables de leurs actes et contre le financement des armes de guerre, on y a fort mal voté contre un crédit d'étude de la rénovation du centre culturel, le Forum Meyrin et de la relocalisation de ses activités pendant les travaux prévus sur la place voisine. «Ce résultat n'est pas une atteinte à la culture», se défend le petit chef de l'UDC locale qui avait, avec le PLR, lancé le référendum contre le crédit d'étude. Tu parles, Charles : comme si dès qu'on parle culture, l'UDC hésitait à sortir son référendum...

On est bien content de voter dans l'arrondissement Mail-Jonction de la Ville : c'est celui qui a voté le plus massivement à (78,21 %) pour des multinationales responsables de leurs actes et (à 69,54 %) pour l'interdiction du financement de la production d'armes de guerre. Et on a une oensée émue pour nos camarades (s'il y en a) de Vandoeuvres, qui a donné les suffrages les plus rares (42,19 et 34,73 %) à ces deux initiatives. Honneur aux résistants solitaires : être de gauche à Vandoeuvres, ça tient de l'abnégation missionnaire...




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