Fonds de tiroir
Donc, à G'nêêêêve, les offices reli-gieux peuvent
reprendre. Dans le respect des gestes barrière, avec du gel
hydroalcoolique (béni ?), des masques, pas plus de 50 personnes
dans le même lieu (ça va faire vide, à St-Pierre...), pas de
transmission d'objets (calices, livres), et pas de chants :
c'est la Chambre consti-tutionnelle qui en a décidé ainsi, au
moins temporairement, en suspen-dant l'interdiction de ces
offices, que le Conseil d'Etat avait décrétée et maintenue : si
la Chambre reconnaît que cette interdiction poursuit un intérêt
légitime de santé publique, elle estime qu'elle est tout de même
disproportionnée, et que rien ne permettait de penser que les
lieux de culte constituaient à Genève des foyers d'infection
(virale, du moins, parce qu'idéo-logique, on pourrait débattre,
mais c'est pas le moment) Les églises «historiques» de Genève
(les cathos romaine et chrétienne, la calvi-niniste) et la
communauté juive (version libérale) avaient elles-mêmes demandé
la levée de cette interdiction, avant que six citoyens fassent
recours à la Cour de Justice. Les églises chrétiennes, en
parti-culier, espéraient pouvoir vivre plus qu'un «Noël des
achats». Sans qu'on fasse de Noël un jour particulier, on est
d'accord avec elles. Et avec le rabbin François Garaï, qui se
demande quelle cohérence il y aurait à autoriser cinq personnes
à se rassembler dans une synagogue à l'heure de l'office
d'entrée dans le Shabat, le vendredi soir, sans qu'elles
puissent célébrer cet office... Des fois, on a comme des doutes
sur la cohérence des décisions de nos zootorités. Ou alors, on
écrit co-errance ?
La Ville pourrait bien devoir payer 8,3 millions de plus que
les 43 millions qu'elle a déjà dépensés pour le création d'un
dépôt d'art dans le sou-sol de notre écoquartier, l'ancien
espace Artamis. Et pourquoi elle devrait payer ces 8,3 millions,
la Ville ? Parce que l'entreprise qu'elle avait mandatée pour
faire le boulot l'a salopé : fissures et décollements ont été
découverts dans les chapes de béton d'un dépôt qui doit être
absolument étanche, conditionné, à température constante (on y
stocke des oeuvres d'art, c'est pas un parking à bagnoles). Mais
cette entreprise foireuse que la Ville avait choisie, elle était
connue du syndicat SIT pour des violations conven-tionnelles
(salaires, cotisations socia-les) dont il avait averti la Ville,
qu'il avait aussi alertée sur le risque de «faillite
frauduleuse». Avertissements dont la Ville n'avait pas tenu
compte. Et aujourd'hui, la société en question est en
liquidation, et son administrateur fait l'objet d'une procédure
pénale pour gestion fautive et banqueroute frauduleuse. On dit
qu'un homme averti en vaut deux s'il tient compte de cet
avertissement. On doit dire quoi d'une Ville avertie et qui ne
tient pas compte de cet avertissement ?
Les 28 détenus des prisons genevoises de Favra et de Frambois
ont été confinés dans leurs cellules après qu'un détenu de
Favra, transféré à Frambois pour être expulsé en Italie, ait été
testé positif à la Covid-19. Ce qui exclut qu'il puisse être
expulsé, puisque l'Italie n'accepte pas l'entrée de personnes
séropositive à la Covid. Et toutes les arrivées dans les deux
prisons ont été bloquées. Mais c'est un peu petit bras, comme
réponse : quand les prisons deviennent des «clusters» comme de
vulgaire boîtes de nuit, on devrait carrément les désaffecter,
non ? Parce que le concept de confinement sanitaire dans une
cellule, ça a quand même quelque chose d'un peu redondant...
Vous les avez sans doute vues passer sur les rézos ce week-end,
ces photos se skieurs agglutinés, sans aucun respect ni du port
des masques ni des distances, devant les télécabines de
Verbier... ça a fait hurler à peu près tout le monde, jusqu'au
président du Conseil d'Etat valaisan, Christophe Darbellay, qui
avait ramé comme un malade pour que les stations valaisannes
puissent ouvrir et voit une cohue de blaireaux réduire à presque
néant ses efforts pour faire passer les usagers des stations et
les gestionnaires des télécabines et autres tire-fesses pour des
gens responsables... Et nous, on s'est dit que finalement, la
solution française était la meilleure : les stations peuvent
ouvrir, mais pas les installations de remontée au départ des
pistes: aux skieurs de remonter eux-mêmes, ça leur fera de
l'exercice. Déjà qu'à part jouer au foot, on voit rien faire de
plus con que remonter une pente dans un machin mécanique pour la
descendre à ski et la remonter et la redescendre ad libitum (ou
ad urgentias)... et à payer un abonnement pour ça...
La droite a gagné la votation sur l'initiative pour des
entreprises responsables de leurs actes, elle devrait être
contente, ben non, elle est pas contente, parce qu'elle ne l'a
gagnée, cette votation qu'en rem-portant la majorité dans les
cantons alors que l'initiative était majo-ritaire au suffrage
universel fédéral. Alors elle râle : les ONG qui ont fait
campagne pour l'initiative, et qui sont subventionnées par la
Confé-dération, elles auraient dû la fermer. Membre de quelques
unes, l'ancien Conseiller fédé-ral Pascal Couchepin en a
démissionné parce qu'il n'est pas d'accord qu'elles utilisent
l'argent de ses cotisations ou de ses dons pour défendre une
initiative qu'il trouve mauvaise. Il n'est sûrement pas d'accord
non plus que des orga-nisations de propriétaires ou de
régisseurs utilisent l'argent des loyers versés par les
locataires pour défendre des positions politiques contraires à
celles de leurs locataires... Au Conseil national, le PLR
zurichois Portmann propose de priver de tout soutien public les
ONG qui s'impliquent dans des campagnes politiques. Un autre
PLR, le Conseiller aux Etats zurichois Ruedi Noser, propose de
supprimer l'exonération fiscale dont bénéficient des ONG qui
poursuivent des buts «politiques». Et pour les Eglises, on fait
quoi, dans les cantons qui les subventionnent ? Parce qu'elles
aussi se sont impliquées dans la campagne en faveur de
l'initiative pour des entreprises responsables de leurs actes...
alors quoi, on leur coupe les vivres, on les soumet à l'impôt et
on leur accorde un privilège, une indulgence ?
A Genève, une pièce donnée à huis-clos vendredi soir au Théâtre
Saint-Gervais devant une vingtaine de programmateurs a été
interrompue par la police, alors que les règles sanitaires
étaient respectées, qu'il ne s'agissait que d'une réunion de
travail, qu'elle avait été autorisée (oralement) et qu'au même
moment des milliers de clients des magasins s'agglutinaient dans
les rues basses... on est toujours dans une cohérence réduite à
la co-errance. Mais faut dire qu'ils ont été maladroits, au
Théâtre St-Gervais, ils n'avaient qu'à dire que leur
représentation, en fait c'était un culte rendu précisément au
grand Saint Gervais : le Conseil d'Etat les a autorisés, les
cultes...
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