Fonds de tiroir
Un nouveau parti politique, aussi dispensable
que bon nombre d'autres (mais pas le nôtre, forcément) a fait
son apparition à Genève : l’Elan radical. Il veut réincarner
l’esprit radical genevois, dont il estime qu'il n’est plus
représenté, notamment par le PLR. Le secrétaire général de la
nouvelle formation Nicolas Aubert, conseiller municipal de
Vernier, ancien membre du PLR, aassuré que quelques jours
après sa création l’Elan radical comptait entre 50 et 100
membres et que les demandes d’adhésion affluaient, pas
seulement de personnes déçues du virage libéral que le PLR
aurait pris à leurs yeux. Nicolas Aubert déclare, sans rire,
que son parti se retrouve dans la politique menée par Pierre
Maudet : «Nous partageons la même idéologie». On peut donc
s'attendre à ce que l'Elan radical soutienne Pierre Maudet à
l’élection complé-mentaire au Conseil d’État gene-vois, le 7
mars, même si Maudet assure ne pas être membre du nouveau
parti. Quant au Caribou socialiste, malgré la grande
affection (et l'affection d'un caribou, on aime autant vous
dire que c'est du lourd...) qu'il nourrit pour l'élan radical,
il soutiendra la candidate des Verts et du PS, Fabienne
Fischer. Ouala. Le bestiaire n'est pas encore complet, on
attend encore le renne ver'lib, le gnou udéciste et l'orignal
citoyen genevois.
Un homme est mort le 17 octobre dernier à Conakry, en Guinée. Il s'appelait Abdul Mariga, il avait trente ans. Médicalement, il est mort de l'hépatite B. Il aurait pu en être soigné, en guérir, s'il n'avait pas été expulsé de Suisse, où il était réfugié depuis dix ans, et où il travaillait comme cuisinier, au CHUV, à Lausanne. Mais il n'avait pas obtenu le droit d'asile, et il a été renvoyé de force en Guinée, déjà malade mais encore parfaitement soignable. En le renvoyant dans un pays où il n'avait plus aucune attache, les autorités suisses (le Secrétariat d'Etat aux migrations, SEM) l'ont renvoyé là où il allait être laissé sans médicaments, sans soins, sans logement, sans famille, sans statut. Le SEM a été constamment informé de sa situation par les amis qu'il avait en Suisse, et par son conseil juridique, qui ont fait toutes les démarches pour le faire revenir, sans jamais que le SEM ne daigne faire le moindre geste qui eût pu le sauver. Pendant onze mois, il a survécu à Conakry, sans papiers, harcelé par la police. Puis il est mort, seul, à l'hôpital de Conakry. Une saloperie ordinaire commise par les fonctionnaires ordinaires d'une administration ordinaire d'une démocratie ordinaire : la nôtre.
On a retrouvé dans la chronologie de l'année
2018 publiée par l'«Almanach du Messager boiteux» pour 2020
(mais édité en 2019) cette annonce déprimante : «Il n'y aura
plus jamais de film à l'affiche du cinéma Plaza», cinéma
«emblématique» sur la fermeture duquel «une larme amère est
versée». Ce qui confirme qu'en plus d'être boiteux, le
Messager est pessimiste.
A Genève et à Lausanne, la gauche rose,rouge,verte, propose d'instaurer le 30 km/h généralisé, de jour comme de nuit, dans toute la ville. Mais à Genève, la décision revient au canton, et doit être prise rue par rue, la Ville devant se contenter de lui demander de «prendre les mesures nécessaires à la mise en oeuvre de ces limitations». Le Conseil administratif justifie sa proposition par la nécessité de réduire les nuisances sonores : il attend de la réduction de la vitesse une dimi-nution de 3 décibels du niveau sonore généré par la circulation, ce qui devrait correspondre à la moitié de la perception du bruit qu'elle génère. La proposition de la Ville ne concernerait d'ailleurs que le cinquième du réseau routier de la ville, la plus grande partie de ce réseau étant déjà limité à 20 ou 30 km/h. Les voies de circu-lation où la vitesse n'est pas (encore) limitée sont cependant celles qui pro-duisent le plus de nuisances. Comme on pouvait s'y attendre, le TCS genevois ne soutient pas la démarche de la Ville : réduire la vitesse des bagnoles tient encore pour lui d'un attentat à la liberté du bagnolard, et son directeur balance un écran de fumée : «il faut surtout agir sur les revêtements et les pneus ». Ou les essuie-glaces, les rétroviseurs, les pare-chocs ? Tout sauf les moteurs, quoi...
«Qu'est-ce que le Royaume de Dieu ?»... avouez
que vous ne vous posiez pas la question, hein, avouez... ben
nous non plus on se la posait pas, en entrant le mois dernier
dans la salle des séances du Conseil Municipal de Genève, pour
voter le budget de la Ville... mais heureusement (pour notre
salut et pour le budget), les Témoins de Jehovah, ils se la
sont posée, la question. Et même, ils y ont répondu. Et ils
nous ont transmis leur réponse, dans lure petit journal, «La
Tour de Garde», le journal qui «annonce le Royaume de
Jehovah». Alors on l'a lu, le chti journal, pendant la séance
du budget (faut dire que c'est long, et souvent chiant, la
séance du budget). Et on a tout compris. D'abord que si on est
dans la merde, c'est à cause que «les premiers humains ont
rejeté l'autorité de Dieu». Salauds d'an-cêtres. Et ça s'est
pas amélioré ensuite, parce que «même les meilleurs
gouvernements humains n'ont pas réussi à résoudre les graves
problèmes de l'humanité». Forcément, ils ont pas pu parce
qu'ils pouvaient pas, les nuls, vu qu'il n'y a qu'un seul bon
dirigeant, le «Dirigeant idéal» : Jésus Christ. Mais manque de
pot, l'humanité, elle n'en a pas voulu. Et l'a cloué sur une
croix. Pourtant, il avait tout prévu, lui : les guerres, les
tremblements de terre, les famines, les maladies, les
épidémies. Mais faut pas désespérer, les gens, parce que
Jesus, même mort, il est pas mort, il est ressuscité, et que
«bientôt, grâce au Royaume, la volonté de Dieu se fera sur la
terre». Bon, nous, même si on n'est pas en charge du Royaume
mais de la Commune, le programme du Royaume, tel que nos
gentils Témoins nous le transmettent, il nous botte. Et en
plus, le Royaume de Dieu, il va l'accomplir, son programme,
c'est-à-dire le nôtre : une santé parfaite, la disparition de
toutes les fausses reli-gions, la fin de toute domination
humaine (c'est un programme anar, quoi), la destruction des
humains mauvais, de Satan et des démons, de la maladie et de
la mort, une paix et une sécurité véritables, un travail
gratifiant pour tous, la solution des problèmes écologiques et
l'enseigne-ment de ce qu'il faut faire pour vivre
éternellement... Putain, mais c'est notre programme, ça...
d'ailleurs, on l'a voté le budget du Royaume... euh, de la
Commune. Faut commencer là où on peut. Dis Tonton, c'est par
où, le Royaume ? Tais-toi et vote...
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